Il faut remonter jusqu'où dans l'histoire du Canadien pour retrouver un joueur avec cette combinaison unique de talent et de flamboyance?

Devant les buts, il y a eu Patrick Roy, bien sûr. Mais en attaque et en défense, personne n'a atteint cette dimension depuis les beaux flashs d'Alexei Kovalev. Et avant le brillant ailier russe, on doit retourner à l'époque dorée de Guy Lafleur qui, d'une seule accélération brutale, soulevait les gens de leur siège.

Bien sûr, la carrière de P.K. Subban est encore jeune. Et il faudra attendre plusieurs saisons avant de savoir s'il laissera une trace profonde de son passage dans la LNH. Mais hier, il a montré toute l'étendue de son savoir-faire. Et, à la manière des plus grands, il a fait vivre aux partisans des moments magiques.

Pourquoi Subban monopolise-t-il autant l'attention? Un moment clé de la première période fournit toutes les réponses à ces questions.

Voyant Reilly Smith filer vers le territoire du Canadien, Subban a flairé l'occasion de lui servir une retentissante mise en échec. Mais son synchronisme n'était pas à point. Résultat, Thomas Vanek, en plein repli défensif, a vu les deux joueurs aboutir sur lui.

Pour le Canadien, la séquence ne pouvait plus mal tourner. Subban a été puni et Vanek, blessé. Michel Therrien devait rager, d'autant plus que ce contact, potentiellement spectaculaire, était néanmoins inutile.

Le Canadien a tenu les Bruins en échec pendant les deux minutes suivantes. Et en quittant le banc des punitions, Subban a accepté la passe de Lars Eller et filé seul vers Tuukka Rask, qu'il a déjoué d'une feinte sensationnelle. Sa célébration l'a été tout autant. Sur un genou, il s'est laissé glisser plusieurs mètres sur la patinoire en agitant le poing. Du grand spectacle!

Pour transformer une initiative potentiellement coûteuse en moment de gloire, il faut être un joueur très spécial. Avec ce jeu, Subban a apposé sa signature à la première période. Plus tôt, il avait réussi une passe habile vers Vanek, qui mena au but de Tomas Plekanec.

En entendant la foule applaudir P.K. Superstar, auteur de trois buts et huit aides en séries, j'ai pensé à son agent, Don Meehan. C'est lui qui négociera avec le Canadien le contrat du numéro 76 cet été. Son siège à la table des négociations sera confortable.

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Après avoir salué les spectateurs comme première étoile de la rencontre, Subban est rentré au vestiaire. Les journalistes l'ont vite entouré.

- Raconte-nous ton but, P.K...

- Vous savez quoi? J'étais pas mal choqué de recevoir une punition sur ce jeu. Mais en voyant la reprise, j'ai compris que l'arbitre avait raison. Je ne suis pas un joueur salaud, je ne donne pas de coups de coude. Mais j'ai levé mon bras... Plus tard, j'ai appris que Thomas avait été blessé sur le jeu. J'étais content de le voir revenir au jeu. Je ne veux pas faire mal à mon coéquipier en donnant une mise en échec. Mais parfois, ça arrive.

En verve, Subban a ensuite raconté son échappée: «J'ai reçu la belle passe de Lars. J'étais un peu nerveux en me dirigeant vers le but. Tuukka Rask est un très bon gardien. J'ai essayé une feinte et la rondelle est rentrée dans le filet...»

Encore une fois hier, comme ce fut le cas durant le premier match, Carey Price et P.K. Subban ont composé un duo de choc.

«Tout à coup, en première période, Carey m'a crié de me tasser parce que je lui obstruais la vue, a raconté Subban. Il ne peut tout de même pas voir à travers les gars... Il n'est pas Superman... même s'il s'en approche! Je pense qu'on a fait du beau travail pour lui permettre de voir les rondelles.»

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Serge Savard a toujours été un admirateur de P.K. Subban. Avant le début des séries, les deux hommes se sont parlé. Aujourd'hui, le jeune défenseur du Canadien qualifie le célèbre numéro 18 d' «homme sage».

«Il m'a expliqué d'adapter mon jeu au moment du match, de jouer selon le chrono et le pointage, a-t-il expliqué. Quand tu mènes 3-1, tu veux éviter les chicanes après les arrêts de jeu, tu ne veux pas donner à tes adversaires une occasion de revenir dans la rencontre.»

Bien sûr, Subban n'a jamais vu Savard jouer. «Mais il est une légende et il m'appuie. Mon père l'a vu en action. Et il a toujours été impressionné par ses exploits.»

Après une saison «régulière» où ses relations avec Michel Therrien ont souvent fait la manchette, Subban s'impose comme une grande vedette de cette série.

«Je n'ai pas changé la manière dont je joue depuis l'âge de 16 ans lorsque j'ai quitté la maison pour aller jouer à Belleville, en Ontario, a-t-il dit.

«J'ai acquis de la maturité, j'ai appris, je suis devenu plus vieux et j'ai même un peu de barbe. Mais je joue de la même façon. Je soigne ma défensive, je bouge la rondelle et je suis un gars d'équipe. Mais personne ne s'attendait à ce que je réussisse à ce niveau. Je suis le même joueur qu'il y a six ans, mais un peu plus fort. Et je veux encore m'améliorer. Tiens, ce soir, le deuxième but des Bruins m'a choqué. J'étais sur la glace. Mais l'important, c'est d'avoir gagné.»

Oui, le CH a remporté une victoire convaincante. Rien à voir avec le gain arraché en prolongation à Boston en ouverture de série. Les joueurs de Claude Julien avaient dominé ce duel. Sans les miracles de Carey Price, le résultat aurait été différent.

Cette fois, le CH a été en pleine confiance du début à la fin. Aucune panique, même lorsque les Bruins ont resserré le pointage en fin de troisième période.

C'est prometteur pour la suite de cette série.