Des sottises de quelques fanatiques frustrés après une défaite de leurs favoris? Un simple incident isolé? Ce serait l'interprétation la plus commode.

Hélas, les commentaires racistes à l'endroit de P.K. Subban publiés sur les réseaux sociaux après le match de jeudi succèdent à deux autres affaires qui ont ébranlé le sport professionnel au cours des sept derniers jours.

Samedi dernier, le monde du basketball a été secoué par les propos méprisants de Donald Sterling, le propriétaire des Clippers de Los Angeles, à l'endroit des Afro-Américains.

Le lendemain, en Espagne, une banane a été lancée en direction du joueur de soccer brésilien Dani Alves, qui s'apprêtait à tirer un corner dans un match opposant son équipe, le FC Barcelone, à celle de Villareal.

Et jeudi soir, le but vainqueur de Subban dans le premier match de la série entre les Bruins et le Canadien a soulevé un flot de haine sur Twitter.

Trois incidents isolés? Peut-être. Mais surtout une même réalité: l'intolérance.

Réaliser que notre société doit encore composer avec des affaires semblables en 2014 et que le sport professionnel fournit malgré lui un terreau à l'expression de ces sentiments répugnants est profondément choquant. Car les surfaces de jeu doivent d'abord être des lieux où la diversité est célébrée.

Heureusement, ces écarts ont été condamnés de manière rapide et ferme. Sterling a été banni à vie de l'Association nationale de basketball et condamné à verser une amende de 2,5 millions. Les autres propriétaires le forceront aussi à vendre son équipe.

De son côté, le partisan du Villareal qui a lancé la banane a été arrêté et banni du stade. Et le geste d'Alves, qui a mangé le fruit lancé à ses pieds, a été applaudi aux quatre coins du monde.

Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, a félicité Alves, soulignant, selon l'Agence France-Presse, qu'il avait donné «une réponse audacieuse et forte au racisme dans le sport».

Et hier, le Tout-Boston a condamné les attaques contre Subban. Le président des Bruins, Cam Neely, a publié un communiqué dénonçant ces remarques racistes. Le maire de la ville, Martin Walsh, a ajouté qu'elles constituaient une «disgrâce» et ne représentaient en rien Boston ou les partisans des Bruins. Ces réactions ont sans doute fait plaisir à Subban.

Le défenseur du Canadien a peut-être aussi trouvé du réconfort en relisant les propos de Barack Obama, qui a commenté en ces termes l'affaire Donald Sterling: «Lorsque des ignares veulent mettre en valeur leur ignorance, il n'y a pas grand-chose à faire», a-t-il dit, avant de rappeler l'importance d'être «constant et ferme dans la dénonciation du racisme».

Le président des États-Unis s'est ensuite dit encouragé par le fait que des déclarations semblables fassent «autant de bruit», signe que les perceptions avaient changé.

C'est vrai. Mais la lutte contre l'intolérance, comme le rappellent cruellement les messages haineux destinés à Subban, n'est pas encore gagnée.

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Dans un monde idéal, le rendement de Subban dans le match de jeudi aurait été célébré, hier. Mais la controverse l'a privé de ce moment de gloire dont profitent habituellement les athlètes après une performance hors du commun.

«P.K. est un gars fort, capable de composer avec cette situation, a estimé son coéquipier Brendan Gallagher. Il sait que ces opinions sont celles d'un petit groupe de gens ignorants. Il est déçu, évidemment. Mais il réalise que la meilleure réaction est de les ignorer, car leurs croyances n'ont aucune importance. Il ne faut pas les laisser gagner en étant touché par ces propos.»

Michel Therrien, qui n'avait pas encore parlé à Subban lorsqu'il a rencontré les journalistes, a aussi manifesté sa colère devant cette affaire. «Ces commentaires me choquent», a-t-il dit.

L'entraîneur du Canadien a ensuite rappelé l'une des principales qualités de Subban. «Il a beaucoup de caractère. Il est à son meilleur quand l'enjeu est gros. Et il est actuellement un vrai leader pour nous.»

Subban joue en effet du hockey inspiré depuis plusieurs matchs. Ses tirs puissants sont une menace constante pour les gardiens adverses. Ses passes vives et précises, tout comme sa robustesse, donnent une dimension supplémentaire au Canadien.

Subban le dit lui-même: il est à son mieux lorsqu'il joue avec confiance et qu'il laisse libre cours à ses instincts sur la patinoire. Après avoir réussi un jeu sensationnel dans la série contre Tampa Bay, il avait expliqué: «Plus le match est important, mieux je veux jouer.»

Le défenseur du Canadien fait partie de ces athlètes d'exception qui brillent lorsque la pression est forte. Dans la LNH, des joueurs aussi impressionnants que lui sont rares.

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Il y a eu les miracles de Carey Price et les buts de P.K. Subban. Mais le plus impressionnant dans la victoire de jeudi a été l'aplomb du Canadien lorsque les Bruins ont égalé le pointage à deux reprises. À chaque occasion, le vent semblait avoir tourné en faveur des locaux. Les joueurs de Michel Therrien ne se sont cependant pas laissé abattre.

Cette attitude est l'élément le plus encourageant pour la suite des choses. Le Canadien n'est peut-être pas la plus forte équipe sur papier. Mais elle ne manque pas de cran.

Et à cet égard, sur la glace comme à l'extérieur, dans la victoire comme dans l'adversité, le numéro 76 donne le ton. P.K. Subban est manifestement un homme fort.

Un lunch pendant le match

Lorsque la direction du Canadien a compris que le match de jeudi nécessiterait une prolongation, un lunch a été commandé afin de permettre aux joueurs les plus affamés de manger un peu après la troisième période: des wraps et des fruits.

L'organisation soigne l'alimentation du groupe. Les jours d'entraînement, en saison comme en séries éliminatoires, le déjeuner et le dîner sont offerts aux joueurs au Complexe Bell de Brossard. Les plus pressés de rentrer peuvent même apporter leur repas à la maison.

Les menus sont validés par une nutritionniste. L'organisation s'assure ainsi que tous les joueurs, notamment les plus jeunes, se nourrissent convenablement.

À l'étranger, les informations sur les heures et les lieux des repas sont communiquées à chacun d'eux par message texte, le meilleur moyen pour s'assurer que l'information soit facilement accessible à tous.

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Le Canadien ne croyait pas que la série contre les Bruins commencerait jeudi. Compte tenu du court préavis et de la difficulté de trouver des chambres d'hôtel à Boston, la délégation a passé la nuit dans trois établissements différents mercredi: un hôtel pour les joueurs et deux autres pour les membres de la direction et le reste du personnel. La situation est revenue à la normale jeudi, tout le groupe se retrouvant au même endroit.