Une question, comme ça: si Alain Vigneault a obtenu un contrat de 10 millions pour cinq ans des Rangers de New York en juin dernier, combien vaut Michel Therrien?

À Montréal, l'entraîneur du Canadien travaille dans un des deux marchés les plus exigeants de la LNH avec celui de Toronto. Dans les deux villes, le hockey est le sport numéro un. Son travail est scruté à la loupe par les fans et les médias.

Contrairement à ses homologues de plusieurs autres équipes, notamment celles établies dans le sud des États-Unis, Therrien rend des comptes tous les jours ou presque. Il doit constamment préparer sa communication publique, un défi supplémentaire.

Je ne suis pas toujours d'accord avec l'approche de Therrien auprès de certains joueurs. Mais les résultats font foi de tout et il faut reconnaître que ceux-ci sont au rendez-vous. Le Canadien a connu une excellente saison, malgré un passage difficile en janvier qui a suscité de l'inquiétude sur son sort. Mais au bout du compte, cette victoire convaincante au premier tour des séries éliminatoires a confirmé la progression de l'équipe.

Il reste une saison au contrat de trois ans signé par Therrien en juin 2012. Marc Bergevin devra renouveler l'entente cet été. Sinon, il lui enverra un très mauvais message. Une organisation tenant à son entraîneur ne le place pas dans une situation susceptible de l'insécuriser et de fragiliser son autorité auprès des joueurs.

Au micro de Ron Fournier le mois dernier, Bergevin a rappelé l'importance de compter sur «de la stabilité» derrière le banc. Et il a ajouté: «Depuis le lock-out, la fiche de l'équipe avec Michel Therrien parle d'elle-même.»

En acceptant l'offre du Canadien en 2012, Therrien n'était pas en position de force pour négocier son contrat. Analyste à la télé, il rêvait de reprendre du service derrière un banc. Et les offres ne pleuvaient pas. On peut croire qu'il a accepté sans discuter le salaire proposé par Bergevin.

Cette fois, la situation est différente. Therrien a des atouts pour obtenir une entente de plus longue durée, susceptible de lui permettre de rejoindre le groupe des entraîneurs les mieux payés de la LNH.

Comme c'est le cas pour les joueurs, les entraîneurs profitent des augmentations accordées à leurs collègues pour améliorer leur sort. L'été dernier, Alain Vigneault a obtenu une entente de cinq ans avec les Rangers de New York et Lindy Ruff, une entente de quatre ans avec les Stars de Dallas. Cela a changé le marché pour les entraîneurs.

Dans les circonstances, le Canadien serait mal venu de proposer une simple prolongation de contrat d'un an à Therrien, comme c'est souvent la norme dans la LNH. Il peut exiger davantage, et le Canadien serait mal placé de lui dire non.

En sport professionnel, les sièges des entraîneurs sont éjectables. C'est un gros inconvénient, auquel Therrien a déjà goûté deux fois dans sa carrière. En revanche, le succès est généreusement récompensé.

Pour discuter salaire et durée de contrat avec son patron, Therrien aura des atouts dans son jeu. Ce sera encore plus vrai si le Canadien surprend de nouveau au cours des prochaines semaines.

Les matchs des séries sont en effet très payants pour une organisation. En 2010, lorsque l'équipe a atteint la demi-finale de la Coupe Stanley, le Canadien et le Centre Bell ont enregistré des profits de 56 millions, selon des documents dévoilés l'an dernier. Les gens qui contribuent à des succès semblables sont rarement oubliés.

Therrien n'obtiendra pas autant qu'Alain Vigneault à New York, c'est certain. Avant d'atteindre ce plateau, il devra prouver sa valeur durant un plus grand nombre d'années, comme Vigneault l'a fait à Vancouver. Mais son contrat devrait être prolongé d'au moins deux autres années avec une augmentation intéressante.

Therrien mérite un surplus de sécurité. C'est d'autant plus vrai que Bergevin et lui savent que le vent tourne vite à Montréal.

Un cadeau du ciel pour le CH

Quel sera l'effet du long repos dont profite le Canadien avant la deuxième ronde des séries? À mon avis, il s'agit d'un cadeau du ciel.

Bien sûr, le synchronisme sera déficient au début du premier match. Mais cet inconvénient est peu de chose par rapport aux avantages de la situation.

Des vétérans essentiels au succès de l'équipe, comme Andrei Markov et Tomás Plekanec, profiteront des jours de repos additionnels. En plus de la saison, déjà très longue, ils ont participé aux Jeux de Sotchi. Leurs coéquipiers soigneront leurs multiples bobos et seront bien disposés pour le début de la série.

En 1993, les Glorieux ont remporté la demi-finale et la finale de la Coupe Stanley en cinq matchs. Dans les deux cas, ils ont affronté des équipes (Islanders et Kings) ayant disputé sept rencontres dans leur série précédente. Le repos additionnel leur a été très profitable. Voilà pourquoi les partisans de l'équipe doivent espérer que l'affrontement Red Wings-Bruins se rende à la limite.

En hausse et en baisse

En hausse: Patrick Kane, qui a joué un grand match contre les Blues de St.Louis, mercredi. Les Blackhawks ont égalisé la série et le redoutable marqueur, d'un tir sec et précis, a fait la différence en prolongation.

En baisse: Marc-André Fleury, auteur de deux énormes bévues mercredi. Les Blue Jackets de Columbus en ont profité pour égaliser leur série contre les Penguins de Pittsburgh. Sidney Crosby et compagnie peuvent-ils remporter la Coupe Stanley avec Fleury devant le filet? Pas convaincu...

Un ministre du Sport trop occupé

Yves Bolduc est le nouveau ministre du Sport du Québec. C'est une nouvelle décevante. Pas en raison de ses capacités, mais plutôt de ses autres responsabilités. Car d'abord et avant tout, il été nommé ministre de l'Éducation.

Cette charge est évidemment prenante. D'autant plus que, contrairement à Marie Malavoy, qui l'a précédé, Yves Bolduc sera aussi responsable de l'enseignement supérieur. Ses journées seront occupées et il faut craindre que les dossiers de sport ne se retrouvent très bas dans sa liste de priorités. Pourra-t-on l'en blâmer? Pas vraiment.

Alors comment sortir de cet imbroglio et donner au milieu sportif un interlocuteur intéressé et efficace? Dans son rapport sur l'avenir du Parc olympique déposé en décembre 2012, le comité de Lise Bissonnette a fourni une piste: élargir le mandat de la Régie des installations olympiques (RIO) et lui déléguer cette responsabilité.

Les sports et loisirs, comme le rappelait Mme Bissonnette, pèsent à peine 20 millions dans le budget de 16 milliards du ministère de l'Éducation. Pour reprendre son image, il ne faut pas se surprendre qu'ils soient «une simple roue arrière au sein de machines aussi colossales».

Mme Bissonnette ajoutait: «Nous remarquons avec grande perplexité que le sport scolaire est le réseau le moins présent dans les priorités du ministère, que ses activités pourtant multiples reposent sur les hasards d'un bénévolat en butte aux aléas d'un accès très difficile aux équipements régionaux et nationaux.»

Ces problèmes sont réels. Hélas, il sera difficile d'articuler une vision cohérente du développement du sport au Québec sans un leadership fort. M. Bolduc sera peut-être plein de bonnes intentions, mais ses tâches ne lui laisseront guère le temps de les concrétiser.

SportsQuébec, l'organisme qui regroupe les fédérations sportives, a déjà demandé une rencontre avec le ministre pour discuter de différents enjeux. Les attentes envers lui sont grandes.

Mais vous savez quoi? Le plus grand service qu'Yves Bolduc pourrait rendre aux sports et loisirs, c'est d'abord évaluer si le ministère de l'Éducation doit continuer de chapeauter ce secteur.