Il y a eu l'énergique spectacle d'avant-match; il y a eu Ginette Reno; il y a eu le but refusé au Lightning; et il y a eu P.K. Subban. Au Centre Bell, la soirée de dimanche a été magique.

Contre toute attente, voici donc le Canadien à un gain de balayer ses rivaux de Tampa Bay. La dernière victoire est souvent la plus difficile à obtenir, mais l'équipe a le vent dans les voiles.

Au printemps dernier, rien n'a fonctionné pour le Canadien en séries: blessure à des joueurs-clés (Lars Eller, Brian Gionta, Max Pacioretty), but controversé de Mika Zibanejad à Ottawa, performances moyennes de Carey Price...

Un an plus tard, ce sont les rivaux du Canadien qui jouent de malchance. Le Lightning compose une solide formation, mais on voit mal comment ses joueurs se remettront de la déception de dimanche. Comme si les dieux du hockey les avaient abandonnés.

Cette organisation mérite néanmoins du respect. L'entraîneur Jon Cooper aurait pu déchirer sa chemise après le dernier revers des siens. Il a plutôt exprimé son désaccord avec les décisions des officiels de manière élégante, avant de conclure: «Mais je ne suis qu'une personne et j'ai un parti pris...»

Au fil des années, j'ai vu des entraîneurs faire des colères épiques durant les séries. Cooper, lui, choisit une approche zen. C'est remarquable dans l'univers tout en adrénaline du hockey professionnel.

***

Comment expliquer les succès du Canadien? D'abord, l'arrivée de Thomas Vanek a donné du coffre à l'équipe. Du coup, Michel Therrien a pu compter sur un véritable premier trio. Le nouvel ailier a aussi ajouté une dimension physique à l'attaque, jusque-là une lacune évidente.

Vanek rend ses coéquipiers meilleurs. Les adversaires du Canadien sont sur les dents lorsqu'il est sur la patinoire avec Pacioretty et David Desharnais. Cela a un impact sur le tempo de la rencontre, et les autres trios en profitent.

Ensuite, Price montre beaucoup d'assurance. Son expérience olympique lui permet de mieux gérer la pression. On l'a vu dès l'ouverture de la série. Après 60 minutes sans éclat, il a retrouvé sa concentration en prolongation. À RDS, Jacques Demers a déclaré avec raison: «L'an dernier, Price n'aurait pas gagné ce match.»

Enfin, il y a P.K. Subban, un joueur «qui peut changer un match comme ça», pour reprendre l'expression de Marc Bergevin.

C'est en plein ce que Subban a réussi dimanche. Après une folle chevauchée en territoire adverse, il a repéré Brendan Gallagher d'une passe précise et le Canadien a inscrit son deuxième but. Combien de défenseurs peuvent réussir un jeu semblable dans la LNH? Très peu! Subban, de loin le meilleur des siens dimanche, est un joueur d'exception. Il est créatif, habile et doué.

Après la rencontre, je lui ai demandé comment il avait réussi un coup pareil. «Je laisse le jeu dicter ce que je dois faire. Certains joueurs se fient à leur instinct. Je pense être un de ceux-là. La confiance joue un grand rôle.»

Subban a rappelé avoir atteint la LNH et obtenu du succès en misant sur ses atouts, en jouant librement, pas en écoutant ce que chacun avait à dire sur sa conception du hockey.

«Tu peux toujours apprendre, tu peux toujours t'améliorer, mais tu dois toujours utiliser les habiletés qui t'ont conduit ici. Pour moi, ça signifie être confiant en possession de la rondelle, réussir des jeux, être alerte et me retrouver dans une position où l'on me donnera un défi. Je suis le genre de gars qui aime être défié.»

Plus tard, à mon étonnement, Michel Therrien m'a assuré ne pas avoir trouvé le jeu de Subban risqué sur cette séquence. «Il n'a pas essayé de passer la rondelle entre trois paires de patins! Et il a pris la bonne décision en effectuant sa passe.»

Tant mieux si Therrien a apprécié. Car pour le succès du Canadien à long terme, les deux hommes doivent développer une complicité, souvent absente cette saison.

Il faut trouver le compromis entre, d'une part, la créativité de Subban et, d'autre part, le désir de l'entraîneur de miser sur une solide défense d'équipe, par définition plus systémique.

Jusqu'à maintenant, c'est ce qu'on voit dans cette série contre le Lightning. On verra si ça durera.

***

La saison dernière, le Canadien a été éliminé par les Sénateurs d'Ottawa en cinq petits matchs. L'année précédente, il a été exclu des séries. En 2011, les Bruins l'ont emporté dès la première ronde.

Il faut donc remonter au printemps 2010 pour retrouver la dernière belle performance de l'équipe en séries éliminatoires. Le Canadien avait alors atteint la demi-finale de la Coupe Stanley.

Il est encore trop tôt pour présumer de la suite des choses ce printemps. Mais peut-être qu'on assiste peu à peu au retour des Glorieux. Pas besoin de gagner la Coupe Stanley pour mériter de nouveau ce surnom. Mais simplement se battre avec énergie et faire tripper le Québec tout entier comme c'est actuellement le cas.

Rendez-vous ce soir, 19h...

Klopas n'est pas Therrien

Diriger le Canadien est sûrement un travail stimulant. Mais comme tous les emplois très publics, il comporte des aspects difficiles. Parmi eux, répondre aux questions des journalistes lorsque les choses vont mal.

À ce chapitre, Michel Therrien est un champion. Quand son équipe a traversé une période noire en janvier dernier, il ne s'est pas défilé. Même chose lorsque je l'ai critiqué après qu'il a mis P.K. Subban sur le banc durant une rencontre à Philadelphie. À son point de presse suivant, il a répondu à toutes mes questions. Cela mérite le respect.

Ce qui m'amène à vous parler d'un autre type d'oiseau. Il s'appelle Frank Klopas et est entraîneur de l'Impact. Ses débuts à la barre sont désastreux. L'équipe est désorganisée et n'a pas remporté une seule victoire en sept matchs.

Samedi dernier, l'Impact a été lessivé 4-0 par le Sporting Kansas City. Après le match, Klopas, prétextant une réunion avec ses adjoints, a fait poireauter les journalistes. Ceux-ci l'ont attendu en vain durant 40 minutes. Compte tenu de l'heure de tombée, ils ont écrit leurs articles sans lui parler.

En agissant ainsi, Klopas s'est moqué des fans, qui ont le droit de savoir comment il a vu le match. Ses responsabilités l'obligent à répondre aux questions difficiles des journalistes. Comment Klopas peut-il demander à ses joueurs de montrer du cran sur le terrain quand il n'en affiche pas lui-même lorsque la soupe est chaude?

Klopas a aussi fait mal à sa propre organisation. L'Impact veut consolider sa place dans le marché sportif montréalais. Le défi est de taille, comme Joey Saputo me l'a expliqué en mars dernier. Pour le relever, la communication est un outil essentiel.

Si Klopas, déjà le roi des entraînements à huis clos, refuse sa collaboration, comment l'Impact augmentera-t-il son rayonnement?

Joey Saputo doit rappeler son entraîneur à l'ordre. Sinon, cette saison mal engagée sur le plan sportif deviendra aussi un désastre de relations publiques.

Hier, l'Impact m'a fait savoir que l'organisation n'est «pas d'accord» avec le comportement de Klopas et que «cela ne devrait plus se produire dans l'avenir».

Espérons-le. Mais vous savez quoi? Klopas devrait inviter Michel Therrien à boire un café. L'entraîneur du CH pourrait lui refiler un conseil ou deux.

Photo Graham Hughes, PC

Les débuts de Frank Klopas à la barre de l'Impact sont désastreux.