Ce n'est pas le plus important tournoi de la saison. À preuve, sa bourse totale de 710 000$ est trois fois moins élevée que celle de la Coupe Rogers, en août prochain. Mais il s'agit d'un rendez-vous prestigieux sur le circuit de la WTA. La liste des anciennes gagnantes le confirme: Serena Williams, Caroline Wozniacki, Samantha Stosur, Sabine Lisicki...

Voilà pourquoi le parcours d'Eugenie Bouchard à Charleston, en Caroline-du-Sud, est si significatif. Après avoir éliminé Venus Williams jeudi, la jeune Montréalaise a vaincu Jelena Jankovic, hier, en quart de finale. Elle a livré un match formidable, avec plusieurs coups droits dévastateurs et des revers puissants.

«Jankovic est dans le top 10, rappelle Sylvain Bruneau, entraîneur de l'équipe canadienne de la Fed Cup. Et ce n'est pas facile de jouer sur terre battue. On a senti un peu de nervosité chez Eugenie à la fin du deuxième set, mais c'est normal pour une jeune joueuse.»

En fait, c'est sans doute à ce moment que Bouchard a été la plus impressionnante. Elle était sur une belle lancée lorsque Jankovic est revenue en force pour remporter la deuxième manche. Cela aurait pu briser son moral. Pas du tout. Elle a été redoutable dans le jeu décisif pour enlever la victoire et atteindre la demi-finale.

La veille, Bouchard avait vaincu Venus Williams, aussi en trois sets. Ces deux affrontements ont été physiquement très exigeants.

Peu importe la suite de son parcours dans ce tournoi, Eugenie Bouchard confirme sa place au sein de l'élite mondiale. Depuis sa participation à la demi-finale des Internationaux d'Australie en janvier dernier, impossible de prendre ses adversaires par surprise. Celles-ci savent très bien qu'elles affrontent une vedette montante et se préparent en conséquence. Cela rend ses succès encore plus méritoires.

Eugenie Bouchard doit aussi composer avec sa nouvelle notoriété. Après sa réussite en Australie, la WTA lui a demandé de faire la promotion de son nouveau tournoi de fin de saison à Singapour. Elle s'est ensuite entraînée en Floride, avant de rentrer à Montréal pour des matchs de la Fed Cup contre la Serbie.

Cette compétition à peine terminée, elle s'est envolée pour le Qatar, a disputé un autre tournoi à Dubaï, puis à Acapulco, avant de revenir aux États-Unis pour les rendez-vous d'Indian Wells et de Miami. C'est beaucoup de kilomètres en avion et beaucoup de tennis.

Après le tournoi de Charleston, Bouchard disputera ses prochains matchs à Québec, dans un affrontement de la Fed Cup contre la Slovaquie. D'ici là, il y a cette demi-finale à disputer, aujourd'hui, à Charleston. Et, avec un peu de chance, la finale de demain.

La qualité de son jeu et la confiance dont elle fait preuve cette semaine laissent croire que l'exploit est à sa portée.

Nicholson: du bon et du mauvais

Bob Nicholson m'a impressionné, en août 2011, lorsque je me suis entretenu avec lui au Sommet du hockey québécois, à Montréal.

Les idées claires, le président de Hockey Canada m'avait expliqué que son organisme ne pouvait compter sur le leadership de la LNH dans la lutte aux coups à la tête. Et qu'il était temps de renverser les rôles.

«Notre boulot, c'est d'influencer la LNH, m'avait-il dit. Les joueurs qui grandissent dans le système canadien comprendront qu'il existe une meilleure manière de jouer au hockey, sans donner de coups à la tête ou sans frapper un adversaire en position de vulnérabilité. C'est une question de respect.»

Nicholson, qui a annoncé hier sa démission après seize années en poste, a tenu parole. Hockey Canada a adopté une politique de tolérance zéro en matière de coups à la tête. Un an plus tard, l'interdiction de la mise en échec au niveau pee-wee a été étendue à l'ensemble du pays. Au Québec, cette règle existait depuis 26 ans.

Convaincre les autres provinces d'aller dans cette direction n'a pas été simple, mais l'important est le résultat final. Nicholson a mené le dossier à terme, et il faut l'en féliciter.

En revanche, Nicholson m'a déçu sur un autre plan. Sous sa direction, la place des Québécois dans des postes clés au sein de Hockey Canada a été réduite à sa plus simple expression. Et comme les responsables du hockey au Québec n'élèvent jamais la voix pour dénoncer cette situation, celle-ci perdure.

Ainsi, Gilles Courteau, le commissaire de la LHJMQ qui participe au choix des entraîneurs-chefs des équipes nationales junior, défend bec et ongles la position de Hockey Canada dans ce dossier.

Depuis 12 ans, à peine trois Québécois ont dirigé l'une des 41 équipes ayant représenté le Canada dans cinq grands championnats internationaux. C'est inadmissible.

Lorsque j'ai évoqué cette question avec lui l'automne dernier, Nicholson avait avoué son malaise: «Ce n'est pas assez et je n'ai aucun mal à le reconnaître. Il y a d'excellents entraîneurs au Québec, et nous espérons que certains d'entre eux dirigeront une équipe nationale dans un proche avenir.»

À voir les entraîneurs sélectionnés en vue du Championnat des moins de 18 ans chez les hommes, en avril prochain, rien ne semble en voie de changer, malgré les demi-promesses de Nicholson. Aucun des trois entraîneurs n'est du Québec.

Le prochain président de Hockey Canada sera-t-il plus sensible à la diversité canadienne? Malheureusement, si aucun initié québécois ne fait de pression en ce sens, les choses ne changeront pas.

Les chefs et le sport

Pauline Marois et Philippe Couillard sont de féroces rivaux durant cette campagne électorale. Mais ils ont au moins une chose en commun: de l'admiration pour Jean Béliveau, leur héros d'enfance.

François Legault, grand amateur de tennis, n'a pas oublié les prouesses de Björn Borg. Et au hockey, Guy Lafleur nourrit ses souvenirs. Quant à Françoise David, elle se souvient avec affection de Jacques Plante, parce qu'il a rompu avec les conventions au mépris des quolibets. «J'aime les pionniers», dit-elle.

Les quatre chefs ont livré ces confidences lors de leur passage au 5 à 7, une émission de RDS à laquelle je collabore. Reçus tour à tour cette semaine par les animateurs Yanick Bouchard et Frédéric Plante, ils ont répondu à un questionnaire sur les enjeux sportifs de l'heure.

L'exercice était intéressant, puisque des dossiers difficiles attendent le prochain gouvernement.

Parmi eux, la toiture du Stade olympique.

Mme Marois a révélé que malgré la recommandation du comité de Lise Bissonnette, qui suggère d'étudier la possibilité d'installer un toit amovible, les fonctionnaires envisagent plutôt un toit fixe. «Mais il faut d'abord se questionner sur la vocation du Stade. [...] Regardons les solutions possibles et voyons si le privé peut s'investir davantage», dit-elle.

De son côté, Philippe Couillard a promis de s'attaquer au problème s'il est porté au pouvoir: «Dès notre arrivée au gouvernement, on trouvera la meilleure solution au meilleur coût pour le payeur de taxes.»

La toiture du Stade pose problème depuis 1999. Les gouvernements ont toujours repoussé une décision. Mais la dégradation de la toile, combinée au report du match de l'Impact il y a deux semaines en raison d'une accumulation de neige, a rappelé que l'incertitude ne peut durer.

Les chefs ont aussi manifesté leur enthousiasme devant un éventuel retour des Nordiques. Mme Marois y verrait «une bonne stimulation entre Québec et Montréal», tandis que M. Couillard a soutenu qu'il aurait une «petite préférence» pour les Nordiques affrontant le Canadien, s'il s'installe dans la capitale à titre de premier ministre.

François Legault a aussi vu un bienfait à l'arrivée des Nordiques: «Ça pourrait mettre un peu de pression sur le Canadien pour aligner plus de joueurs québécois. Pour l'instant, il y en a quatre. On pourrait augmenter à six ou sept.»

Là-dessus, le chef de la CAQ a entièrement raison!

Cela dit, les réponses des chefs ont été moins convaincantes lorsqu'il a été question de la pratique du sport au sein de la population.

Dans nos éditions d'hier, la championne olympique Sylvie Bernier a signé un texte dans lequel elle déplorait que la santé de nos jeunes n'ait pas été évoquée durant la campagne électorale.

«À titre d'ambassadrice des saines habitudes de vie, je me permets de lever un drapeau rouge, écrivait-elle. Nos enfants n'ont jamais été aussi peu actifs, et selon une nouvelle étude, le taux d'obésité et d'embonpoint des enfants, loin de diminuer, ne cesse d'augmenter.»

Le sujet est sans doute moins sexy que le retour des Nordiques. Mais pour l'avenir du Québec, il est beaucoup plus important.