Michel Therrien poursuit son jeu dangereux avec P.K. Subban. Cette attitude troublante est de mauvais augure pour le Canadien.

Disons les choses franchement: pour que l'équipe ait une chance de remporter la Coupe Stanley au cours des prochaines années, la présence de Subban est beaucoup plus importante que celle de Therrien.

Un défenseur de son calibre, gagnant du trophée Norris et membre d'Équipe Canada, est une denrée rare dans la LNH. Dénicher un joueur aussi efficace et spectaculaire est nettement plus difficile que de trouver un entraîneur capable de diriger une équipe de la LNH.

Or, Therrien a manifestement des comptes à régler avec Subban. Et cela lui fait prendre de mauvaises décisions. Au fil des incidents survenus depuis le début de la saison se dessine peu à peu une tendance lourde.

Au fil des semaines, Therrien a directement - et fort injustement - fait porter à Subban la responsabilité d'une défaite au Colorado. Il a refusé de se prononcer clairement pour sa sélection au sein d'Équipe Canada et il l'a gardé sur le banc dans des fins de match serré.

Tout cela était déjà beaucoup. Assez pour qu'en novembre dernier, j'interroge Therrien sur sa relation avec Subban. «Coacher, c'est coacher, m'avait-il répondu. Il faut s'assurer de tirer le maximum des joueurs. Je suis très conscient de son talent et je sais exactement où ce gars-là est capable d'aller. On prend les moyens pour qu'il s'y rende.»

Le laisser de longues minutes sur le banc, dans la troisième période d'un match où le Canadien a besoin de générer de l'attaque, fait, semble-t-il, partie de ces «moyens». On se croirait de retour dans les années 70, où il fallait «casser» les jeunes joueurs talentueux.

Ce qui s'est produit à Philadelphie, mercredi, n'est pas banal. En punissant Subban de la sorte, Therrien ne lui a pas simplement montré son insatisfaction. Il l'a aussi humilié à la face de toute la LNH, 24 heures après sa sélection au sein de l'équipe olympique canadienne.

L'entraîneur du Canadien connaît assez le tabac pour savoir exactement ce qu'il faisait. Au moment où les doutes étaient enfin levés sur l'évaluation de Subban par les dirigeants d'Équipe Canada, Therrien a bêtement voulu lui rappeler qui était son vrai patron.

Sans surprise, le Canadien n'a pas menacé en troisième période. Grosse stratégie du coach.

Revenons sur la punition reprochée à Subban. En lançant son poing au visage d'un joueur des Flyers, le jeune homme a commis une erreur.

Cela dit, il n'est ni le premier ni le dernier à agir de la sorte lorsqu'une mêlée survient. Les joueurs explosifs - et Subban en est un - commettent parfois des fautes d'indiscipline. Ils ont les défauts de leurs qualités.

L'affaire étant survenue à la toute fin de la deuxième période, Therrien aurait pu régler le problème dans le vestiaire en lui disant sa façon de penser. Mais il n'a pas résisté à la tentation de faire du spectacle.

On a revu là l'ancien Michel Therrien, cet homme impulsif parfois trop prompt à presser la gâchette. Cette attitude, faut-il le rappeler, lui a fait mal chez les Penguins de Pittsburgh.

Les erreurs venant rarement seules, Therrien n'a pas retiré son gardien de but au profit d'un sixième attaquant, en fin de match. Cette décision est rare. Une défaite de 3-1 ou de 4-1, c'est du pareil au même. Voilà pourquoi les entraîneurs tentent leur chance, même lorsque le déficit est de deux buts.

Après le match, Therrien a justifié son choix en expliquant que son équipe n'avait pas assez de «rythme» pour agir ainsi, ayant réussi quatre petits lancers jusque-là en troisième période.

J'ai beau fouiller dans ma mémoire, je ne me souviens pas d'une explication aussi bizarre de la part d'un entraîneur du Canadien. Au hockey, lorsque les possibilités de revenir dans le match demeurent réalistes, il faut croire en ses chances jusqu'au bout.

D'autre part, Therrien ne devrait pas oublier que si Subban avait joué plus souvent en troisième, le Canadien aurait sans doute eu plus de quatre tirs au filet.

* * *

Subban n'a sûrement pas apprécié la façon dont Therrien l'a traité. Il y a quelque chose de malsain lorsque le souffre-douleur d'un entraîneur est le premier pointeur de l'équipe et le meneur au chapitre des plus et des moins. Par-dessus tout, Subban joue avec énergie match après match.

Il faudra, d'une manière ou d'une autre, rétablir les ponts. Voilà pourquoi Marc Bergevin ne peut rester les bras croisés après ces événements. Le rôle du directeur général est essentiel afin d'éviter que la situation s'envenime davantage.

Si Subban en vient à penser que son entraîneur n'attend que sa prochaine erreur pour le traiter comme un joueur recrue, son rendement en souffrira. Impossible de jouer à un haut niveau dans ce contexte.

Les négociations en vue de renouveler le contrat de Subban ne seront pas facilitées par cette dernière affaire. Ses conseillers voudront sûrement savoir pourquoi il est victime de ce traitement. Pas sûr que les réponses seront très convaincantes.

Michel Therrien joue avec le feu dans ce dossier. S'il continue dans cette veine, il finira par se brûler.

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