C'est le moment de dépoussiérer ma boule de cristal. Celle qui, à l'automne 2011, m'a fait dire que le Canadien se dirigeait vers une saison catastrophique. Ce fut le cas, au-delà des plus sombres pronostics.

L'hiver dernier, après les huit premiers matchs de la saison, elle m'a convaincu que le Canadien se dirigeait vers une saison magique. L'organisation a en effet rompu avec les errements du régime précédent et, en prime, l'équipe a participé aux séries éliminatoires. Comme si une bouffée d'air frais avait enveloppé le Centre Bell.

Alors, que dit ma boule de cristal après 28 matchs cette saison? Tout simplement que le Canadien est en route vers une saison épatante. Non, je ne parle pas de défilé de la Coupe Stanley sur la rue Sainte-Catherine en juin prochain. Il faudra au moins deux autres années avant de songer à pareille réussite.

Mais si le Canadien accomplit un pas significatif vers le statut de club élite de la LNH, ce qui semble être le cas, on pourra parler de grande réussite.

Les meilleures équipes ont des points en commun: elles alignent quelques joueurs remarquables, sont dirigées avec doigté et assurent leur participation aux éliminatoires bien avant la dernière semaine du calendrier régulier. Et lorsque surviennent d'inévitables passages à vide, elles demeurent fidèles à leur plan et ne paniquent pas.

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Le 16 novembre dernier, le Canadien a perdu 1-0 contre les Rangers de New York au Centre Bell. Malgré la morosité ambiante, Michel Therrien a déclaré: «Si on continue à travailler dans ce sens-là, de bonnes choses vont arriver.»

Ce soir-là, je n'ai pas partagé l'optimisme de Therrien. Le Canadien venait de disputer un autre match peu convaincant et la suite ne s'annonçait pas jolie. Erreur! Depuis ce temps, le Canadien a récolté 13 points sur 14. Et l'équipe n'a pas accordé plus de 2 buts par match (sans compter les tirs de barrage) à ses 11 dernières rencontres.

Ces résultats sont franchement étonnants.

Lundi soir, après la victoire du Canadien contre les Devils du New Jersey, j'ai demandé à Therrien s'il croyait vraiment que tant de «bonnes choses» se produiraient.

«J'étais encouragé par notre jeu défensif, nos unités spéciales et le travail de nos gardiens, a-t-il répondu. Et on provoquait plus d'occasions de marquer que nos adversaires. Sauf qu'on ne réussissait pas à compter. Mais on ne peut pas toujours être malchanceux. Les gars ont continué à travailler. Ils se donnent corps et âme pour le succès de l'équipe.»

Le Canadien est dans une saison de transition, où les espoirs placés sur les jeunes joueurs se transforment en réalisations concrètes. Sur la patinoire, bien sûr, mais aussi dans le vestiaire. On assiste à un transfert du leadership, de plus en plus assumé par les jeunes vétérans.

La déclaration de Max Pacioretty, qui a dénoncé il y a deux semaines le manque d'imagination de l'équipe en attaque, en constitue un bel exemple. Tout comme le rappel à l'ordre sonné par Carey Price, insatisfait de la fiche de l'équipe avant le début de l'actuelle série de succès. Ou les commentaires incisifs de P.K. Subban après quelques échecs en début de saison.

Ces trois joueurs composent le noyau des jeunes vétérans. Si le Canadien peut de nouveau rêver grand, c'est beaucoup grâce à eux. Il est donc essentiel qu'ils prennent les commandes de l'équipe.

L'autre bonne nouvelle, c'est que Michel Therrien et P.K. Subban semblent avoir trouvé un terrain d'entente. Sans un minimum de complicité entre les deux hommes, le Canadien ne connaîtra pas de grands succès.

«P.K. joue son meilleur hockey, a dit Therrien lundi. On lui demande d'affronter les meilleurs joueurs adverses et il adore ça.»

Therrien a répété que même si un défenseur est talentueux à l'attaque, il ne doit pas mettre son équipe en danger sur la patinoire. Sans doute. Mais il faut aussi laisser Subban exprimer son talent.

Cela dit, il était temps que Therrien ajuste son approche envers Subban. En attribuant à son jeune défenseur la responsabilité de l'échec du Canadien au Colorado le 2 novembre dernier, l'entraîneur a commis une erreur regrettable. Aucun joueur n'aime être ainsi déprécié publiquement par son patron.

Le rendement de Carey Price permet aussi au Canadien d'envisager la suite de la saison avec optimisme. L'arrivée de Stéphane Waite au sein du personnel d'entraîneurs lui fait grand bien. Et il est motivé par la course au poste de gardien numéro un d'Équipe Canada aux Jeux de Sotchi.

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Bien sûr, beaucoup d'éléments pourraient briser le rêve d'une saison épatante, notamment des blessures à des joueurs-clés. Mais le Canadien est dans la bonne direction.

Après un départ au ralenti, la deuxième saison du duo Marc Bergevin-Michel Therrien est solidement sur les rails. Le Canadien ne compte pas encore parmi les équipes élites de la LNH mais prend les moyens pour y parvenir.

Suffit maintenant de garder le pied sur l'accélérateur et demeurer fidèle au plan.

Une bonne nomination

Depuis le départ de Ray Lalonde en mai 2012, Mark Weightman était en audition pour le poste de président des Alouettes. À titre de chef des opérations, il a géré la boutique, sauf pour le secteur football.

J'ai déjà écrit que Weightman, un diplômé de l'UQAM, était le secret le mieux gardé des Alouettes. Sympathique, efficace et bon communicateur, il possède les atouts pour augmenter le rayonnement de l'organisation partout au Québec.

Weightman a gravi une à une les marches au sein de l'administration des Alouettes. Il s'agit d'un atout puisqu'il en connaît tous les rouages.

Paradoxalement, c'est aussi un défi. Après des années dans l'ombre, Weightman devra s'imposer comme leader de l'organisation sur la place publique. Il possède le coffre pour réussir.