Sur le plan juridique, Gary Bettman peut commenter d'un ton mordant le recours déposé par un groupe d'anciens joueurs de la LNH, qui reprochent au circuit de ne pas les avoir prévenus des dangers des commotions cérébrales. «Une poursuite sans mérite», a tranché le commissaire.

Sur le plan de l'opinion publique, peu importe l'opinion de Bettman et des propriétaires d'équipe, la situation sera différente. L'image du hockey, et la renommée du circuit auprès des partisans et des annonceurs, sera au coeur de ce débat. La partie ne se jouera pas seulement sur le terrain juridique.

Pourquoi? Parce que la population est de plus en plus sensibilisée aux effets catastrophiques des chocs au cerveau. Un nombre grandissant de parents en évaluent les risques avant d'inscrire leur enfant au hockey. Et la manière dont la LNH en minimise la portée est irritante.

On parle ici, ne l'oublions pas, d'un circuit qui n'a pas réagi lorsque son meilleur joueur, Sidney Crosby, a longtemps été tenu à l'écart du jeu en raison d'une commotion cérébrale. Un circuit qui n'a pas cru bon de dresser en profondeur l'état des lieux après que des vedettes comme Chris Pronger et Marc Savard eurent été contraintes à la retraite pour cette raison.

Lorsqu'on entend des dirigeants de la LNH soutenir que la «sécurité des joueurs» est une valeur essentielle du circuit, on se pince pour être sûr de ne pas rêver. Il s'agit d'une interprétation bien sélective du concept de «sécurité». Chose certaine, les tapes sur la gueule échangées par les bagarreurs n'importunent pas la majorité d'entre eux.

Leurs conséquences sont pourtant bien documentées. Les témoignages d'anciens redresseurs de torts illustrent à quel point ce rôle est dangereux pour leur santé et leur sécurité. En 2011, la mort de trois anciens durs à cuire, Wade Belak, Rick Rypien et Derek Boogaard, qui éprouvaient tous des ennuis personnels, a aussi causé un choc.

Cela dit, le recours des anciens joueurs - ils seraient maintenant plus de 200 plaignants - n'est pas gagné d'avance.

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Eric Macramalla est un avocat d'Ottawa spécialisé dans les aspects juridiques du sport. Ses observations nuancées fournissent toujours un éclairage bienvenu. À son avis, les anciens joueurs font face à deux défis majeurs.

D'abord, ils devront prouver que la LNH détenait des informations sur les conséquences des commotions cérébrales. Et que ces renseignements leur ont été délibérément cachés.

Ensuite, ils devront démontrer que les blessures à la tête ayant altéré leur qualité de vie ont été subies dans la LNH. «Un des plaignants, Morris Titanic, n'a joué que 19 matchs dans la LNH et environ 500 dans d'autres circuits», rappelle Eric Macramalla, pour illustrer à quel point cette côte sera abrupte à remonter dans certains cas.

Morris Titanic n'est pas le seul plaignant dans cette situation. La carrière de Warren Holmes frôle les 800 matchs, mais à peine 45 d'entre eux ont été disputés au plus haut niveau.

Les avocats des plaignants ont aussi appris une mauvaise nouvelle, jeudi. Rick Vaive, le joueur le plus renommé du groupe initial (près de 500 buts dans la LNH), n'appuie plus la poursuite. Il soutient avoir mal saisi son ampleur, une réaction étonnante.

Le nombre de plaignants et le succès de leur carrière dans la LNH auront un impact majeur sur le plan de la perception. Voilà pourquoi les avocats devraient vite dévoiler le nom des 200 autres anciens joueurs qui se seraient joints au recours.

Dans la NFL, les amateurs ont été touchés en apprenant que des joueurs appréciés, parmi eux de grandes vedettes, avaient vivement souffert des conséquences de leurs blessures à la tête.

À l'appui de sa défense, la NFL avait des arguments juridiques à faire valoir. La preuve exigée des joueurs était lourde. Mais la perspective d'un interminable procès durant lequel un autre tribunal, celui de l'opinion publique, rendrait son jugement quotidien a convaincu la NFL de conclure un règlement.

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Le grand mérite de la poursuite déposée lundi, c'est de lancer un message à la LNH: les coups à la tête sont intolérables et vous devez être plus énergiques pour les contrer.

En affaires, la LNH réagit avec vitesse et fermeté. La signature de la nouvelle entente télé avec Rogers cette semaine en fournit la preuve. Il faut de l'audace pour changer ainsi de cap et abandonner TSN, un partenaire de longue date. Mais sur le plan de la sécurité des joueurs, le circuit est beaucoup moins prompt à agir.

Des mois d'études ont été nécessaires avant d'adopter le dégagement hybride. Un défenseur prometteur, Marc Staal, a failli perdre un oeil avant que le port obligatoire de la visière soit imposé... mais uniquement aux nouveaux joueurs! Et les punitions pour coups à la tête n'ont été renforcées qu'en juin 2011, après de multiples incidents déplorables.

Les choses changent, certes, mais trop lentement. On verra bientôt si cette poursuite servira d'accélérateur.

Que fera Markham?

Le conseil municipal de Markham, une ville située en banlieue de Toronto, se réunira lundi pour décider si le projet de construction d'un nouvel amphithéâtre ira de l'avant.

Les promoteurs et les élus favorables au projet ont d'ailleurs promis une «annonce majeure» à ce sujet aujourd'hui.

Comme Québec, Markham rêve d'obtenir une équipe de la LNH. Mais l'opposition des Maple Leafs de Toronto, clairement exprimée par Tim Leiweke, le président de Maple Leaf Sports&Entertainment, semble un obstacle de taille.

Leiweke s'est plutôt prononcé en faveur de Seattle et Québec.

À suivre...