Ila fallu du travail, de l'audace et de la persistance à la Major League Soccer (MLS) pour bâtir sa niche en Amérique du Nord.

Depuis 1996, l'année du coup d'envoi, le circuit a progressé de manière fulgurante. L'époque où un propriétaire d'équipe, Philip Anschutz, en détenait six à lui seul est loin derrière nous! Mais attention: l'édifice demeure en construction et de mauvais choix stratégiques pourraient stopper cet élan.

Lundi, une information du New York Daily News indiquait que la MLS envisageait un changement radical dès 2014. Le calendrier des matchs serait établi de juillet à mai, plutôt que de mars à novembre. Pour éviter les grands froids d'hiver dans le nord du continent, une pause de six à huit semaines couperait la saison en deux.

Le vice-président aux communications de la MLS, Dan Courtemanche, a réagi sur Twitter, affirmant qu'il s'agissait de «rumeurs» et qu'aucune modification importante ne surviendrait l'an prochain.

Courtemanche a néanmoins confirmé que la MLS avait sondé l'opinion des fans à ce sujet. «Plusieurs options ont été analysées et les amateurs auront voix au chapitre si le format du calendrier devait changer.»

En clair, le projet n'est pas pour demain, mais il demeure dans les cartons de la MLS. Dommage. Car s'il se concrétise, l'Impact sera sûrement la concession qui en souffrira le plus.

Combien d'amateurs se donneraient rendez-vous dans un stade Saputo balayé par le vent, avec un mercure sous le point de congélation, en décembre ou en mars? Rappelez-vous le mois d'avril dernier, lorsque l'Impact a repoussé de 24 heures son premier match à l'extérieur en raison d'une bordée de neige...

Le Toronto FC s'en tirerait peut-être mieux, car le Rogers Centre pourrait accueillir l'équipe. À Montréal, avec un Stade olympique où le toit pose problème, ce n'est pas la solution rêvée. Il faudrait attendre la veille de chaque match pour confirmer sa présentation, seulement possible sans chute de neige ou de pluie verglaçante.

À Montréal et dans plusieurs villes nord-américaines, le soccer demeure un sport d'été. C'est à ce moment que les jeunes le pratiquent en grand nombre et que leurs parents s'y intéressent. La MLS profite de cet engouement.

Cette saison, l'Impact a joué devant des salles combles en juin, juillet et août. Mais on a compté plusieurs sièges vides en avril et mai, ainsi qu'en octobre. Ce n'est pas un hasard.

Un exemple: malgré l'importance du match de samedi dernier contre la Nouvelle-Angleterre, disputé de surcroît par une journée douce et ensoleillée, des centaines de billets sont demeurés invendus.

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Cette idée de réforme du calendrier est appuyée par Sepp Blatter, le président de la FIFA, l'organisme à la tête du soccer international.

Il y a deux ans, Blatter a conseillé au circuit de s'aligner sur le modèle des grandes ligues européennes, comme celles d'Angleterre et d'Espagne. À son avis, ce serait préférable pour le développement du soccer... aux États-Unis!

Le Canada ne fait évidemment pas partie des priorités de Blatter. Il ignore sans doute que l'hiver à Montréal n'est pas celui de Londres. Mais au-delà de l'aspect météo, on voit mal quel avantage l'Impact aurait à se retrouver derrière le Canadien durant presque toute sa saison.

Dans l'état actuel des choses, l'équipe suscite un intérêt évident, surtout durant la belle saison. Cette résonance l'aide à demeurer dans l'actualité lorsque le hockey revient en force en septembre. L'été, c'est le point d'ancrage de l'Impact.

La MLS s'est bien développée avec le calendrier actuel. Au point où, en mai dernier, deux organisations renommées, celles de Manchester City et des Yankees de New York, ont versé 100 millions pour obtenir la 20e concession du circuit.

La MLS poursuivrait-elle sur cette lancée en affrontant directement le football professionnel et collégial, le basketball et le hockey? L'été, où seul le baseball est au programme, lui fournit une occasion de bâtir sa marque.

Plusieurs équipes de la MLS évoluent aussi dans un nouveau stade construit sur mesure pour le soccer. Aucun d'entre eux n'est bâti pour offrir un grand confort durant les mois d'hiver. Montréal ne serait sûrement pas la seule ville où les foules diminueraient.

Les droits de télé? Voilà ce qui intrigue la MLS. Le circuit croit sans doute que sa finale retiendrait davantage l'attention si elle n'était pas présentée en pleine saison de la NFL. Peut-être. Sauf qu'un calendrier interrompu par plusieurs semaines d'inactivité briserait l'intérêt.

La MLS a grandi parce qu'elle a géré son produit avec imagination. Mais un changement aussi majeur dans le calendrier est une mauvaise idée, qui ferait très mal à l'Impact et à d'autres organisations.

Le commissaire Don Garber aurait avantage à écarter pour de bon cette possibilité.

Di Vaio: bonne nouvelle!

Le retour de Marco Di Vaio la saison prochaine est une excellente nouvelle. Malgré ses 37 ans, il brille encore dans la MLS. Et l'Impact a besoin de sa principale tête d'affiche.

La décision de Di Vaio n'est pas étonnante. Même s'il se montre souvent impatient avec ses coéquipiers, il semble apprécier son séjour à Montréal.

On peut aussi croire que son salaire annuel frôlant les 2 millions l'incite à poursuivre l'aventure. Aussi bien remplir son compte bancaire avant d'accepter un poste administratif au sein du FC Bologne.

Sa décision prise, Di Vaio devrait avoir l'esprit tranquille pour terminer le calendrier en force. L'Impact en a bien besoin.