Marc Bergevin n'a guère décroché cet été. À peine s'est-il offert une courte escapade familiale à Vienne après avoir assisté au tournoi Ivan Hlinka, réservé aux espoirs de moins de 18 ans, en République tchèque et en Slovaquie.

Comme ses collègues des organisations riches de la LNH, qui versent en salaires le maximum autorisé, le directeur général du Canadien a fait face à un redoutable défi ces dernières semaines: combler les lacunes de son équipe tout en allégeant sa liste de paie.

En vertu de la nouvelle convention collective, le plafond salarial a chuté de 70,2 millions US à 64,3 millions US. Du coup, sa marge de manoeuvre a considérablement diminué.

«Aujourd'hui, aimer un joueur n'est plus suffisant, explique Bergevin. Il faut aussi aimer son contrat. Les deux éléments vont ensemble. Avec le Canadien, nous avons plusieurs jeunes joueurs talentueux qui obtiendront éventuellement de très bonnes ententes. Il faut gérer en conséquence. Ça prend un plan.»

En tête de ce groupe, on retrouve le nom de P.K. Subban. Je pensais que le Canadien profiterait de l'été pour prolonger son contrat. Plusieurs équipes ont agi ainsi avec leurs meilleurs jeunes joueurs, consolidant ainsi leur place dans l'organisation.

Doté d'un talent inouï et ayant acquis une belle maturité, Subban est déjà une vedette de la LNH. Le Canadien n'a pas aligné un joueur de sa trempe depuis des années. Bien guidé par Michel Therrien, il a remporté le trophée Norris, un formidable accomplissement.

Heureusement, Bergevin se dit "ouvert" à la perspective de discuter bientôt avec le clan Subban d'une prolongation son contrat. «Ça peut arriver, c'est possible», affirme-t-il.

L'an dernier, rappelle Bergevin, le Canadien a agi ainsi avec Max Pacioretty, qui se retrouvait dans une situation identique.

Bien sûr, les chiffres ne seront pas les mêmes. Pacioretty a signé une entente de six ans d'une valeur de 27 millions. Subban, lui, fera sauter la banque. S'il s'entend à long terme avec le Canadien, il s'agira du plus important contrat dans l'histoire de l'organisation.

Pour que le processus s'engage, il faudra aussi que Subban et ses conseillers soient disposés à discuter dès maintenant. Et compte tenu des sommes en jeu, l'affaire ne se réglera pas en un tournemain.

Il est néanmoins réconfortant que le Canadien ouvre la porte à cette possibilité. Le contrat actuel de Subban prendra fin l'été prochain. Attendre ce moment pour amorcer des discussions enverrait un mauvais signal à celui qui est devenu le véritable leader de l'équipe.

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Compte tenu des contraintes de la nouvelle convention collective, spécialement en cette année de transition, on ne pouvait s'attendre à des acquisitions fulgurantes chez le Canadien. Dans ce contexte, Bergevin se déclare "content" de son été.

«On voulait grossir l'équipe, rappelle-t-il. Ce n'est pas facile, car plusieurs organisations ont le même objectif. George Parros et Douglas Murray nous aideront à ce niveau. Et il fallait remplacer Michael Ryder, qui nous a donné un bon coup de main la saison dernière. Daniel Brière est un gars fier, capable d'apporter beaucoup à l'équipe.»

Les trois nouveaux porte-couleurs du Canadien ont un point en commun: leurs liens contractuels avec l'organisation sont de courte durée (deux saisons pour Brière, une seule pour Parros et Murray).

Bergevin prépare l'avenir et ne voulait pas s'engager à long terme avec des vétérans dont le rendement peut décliner. N'oublions pas qu'il a dû racheter les contrats de Scott Gomez et Tomas Kaberle, en plus d'échanger Erik Cole, pour corriger les erreurs de l'administration précédente.

Lorsque je lui ai parlé vendredi, Bergevin s'apprêtait à rejoindre Michel Therrien et 16 autres collègues du secteur hockey pour un week-end de planification. Au menu: préparer le camp d'entraînement et s'assurer de l'uniformité de l'enseignement à Montréal et Hamilton.

«Lorsqu'on rappelle un jeune joueur, il est déjà impressionné, explique-t-il. Si le système de jeu est le même, ça facilite son intégration.»

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Plus tôt cet été, à son bureau de Brossard, Bergevin a eu une bonne discussion avec Carey Price. Rappelons que le gardien du Canadien a fait sourciller, au printemps dernier, en disant s'ennuyer de «l'anonymat» à Montréal.

Bergevin demeure convaincu que Price rendra de grands services à l'équipe. Il a déjà hâte de le voir travailler en compagnie de Stéphane Waite, le nouvel entraîneur des gardiens de but.

Mine de rien, Waite pourrait s'avérer la plus importante acquisition estivale de Bergevin. S'il aide Price à étaler tout son talent, l'équipe sera en bien meilleure posture. Souhaitons-le, car la refonte des divisions dans la LNH compliquera l'accès du Canadien aux séries éliminatoires.

Le Canadien n'a pas réussi de coup spectaculaire durant l'été. La diminution du plafond salarial l'explique en partie. Dans un an, lorsque sa croissance reprendra, Bergevin profitera d'une plus grande latitude.

Pour l'instant, le travail du Canadien durant l'été lui mérite une note dans la moyenne. Mais celle-ci, fort acceptable, demeure toute relative. Le véritable test s'amorcera le 1er octobre, à l'ouverture du calendrier régulier.

Note du Canadien cet été

Les +

- Respect du plan de développement

- Équipe plus lourde

- Embauche de Stéphane Waite

LES -

- Pas d'ajout majeur à l'équipe

- Relation de Price avec Montréal

- Refonte des divisions pas avantageuse