C'est fou ce qu'un peu de pression peut accomplir.

En 2011, la dernière fois que les meilleurs tennismen du monde sont venus à Montréal, la tempête couvait au sein de leur Association. Plusieurs d'entre eux estimaient leurs bourses trop modestes, spécialement dans les quatre tournois majeurs.

En janvier 2012, à l'Omnium d'Australie, leur colère a inquiété les organisateurs, surtout lorsque le mot "boycott" a été prononcé. Les matchs ont été présentés sans encombre, mais il est devenu clair qu'un coup de barre était nécessaire.

Depuis ce temps, grâce aux efforts de stars comme Roger Federer et Rafael Nadal, une révolution s'est produite. Le mois prochain, les champions masculin et féminin de l'Omnium des États-Unis empocheront 2,6 millions chacun, une hausse de 37% par rapport à l'an dernier!

Ce montant, même s'il frappe l'imagination, n'est pas le plus important. La véritable victoire des joueurs, c'est que les bourses versées à ceux éliminés dès les premiers tours ont aussi été bonifiées. Les trois autres tournois majeurs ont suivi le mouvement, éteignant ainsi le début de rébellion.

«C'est super pour nous, dit le Français Benoît Paire, 27e joueur mondial. Surtout que les tops tops ont poussé pour augmenter le prize money de tous les joueurs, pas seulement des dix premiers au classement. J'ai trouvé très bien ce qu'ils ont fait.»

Même s'il n'est pas abonné aux finales des grands tournois, Paire mène une vie agréable. Âgé de 24 ans, il a déjà récolté 1,6 million en carrière. Et il est appuyé par des commanditaires. Cela dit, il n'oublie pas son bref passage dans les circuits préparatoires. «On a beaucoup de dépenses et on ne touche presque rien lorsqu'on est éliminé au premier tour.»

Le cas d'Eugenie Bouchard illustre bien l'impact des bourses bonifiées dans les quatre rendez-vous majeurs de la saison. En accédant au troisième tour du simple à Wimbledon cet été, la Montréalaise a reçu environ 100 000 $. C'est 40 000 $ de plus que si elle avait réussi une performance identique un an plus tôt.

Les sommes touchées par les joueurs semblent à première vue faramineuses. Mais contrairement aux membres des équipes sportives professionnelles, ils assument eux-mêmes leurs frais de transport, une facture pesante, et paient leur entraîneur.

Bref, si les grands champions engrangent des millions durant leur carrière, des dizaines de joueurs obtiennent rarement de gros chèques.

Lundi, par exemple, l'Israélien Amir Weintraub, qui souhaite simplement atteindre le top 100 et y demeurer quatre ou cinq ans, a été éliminé au premier tour. Il recevra un chèque de 9695 $ pour ses efforts. Une fois ses dépenses assumées, son tarif horaire n'est pas très élevé.

Et le gagnant du tournoi, vous demandez? Il touchera très précisément 522 550 $, soit le double du malheureux finaliste.

Les joueurs de tennis ont fait un bon bout de chemin pour améliorer leur traitement. Mais ils ont encore du travail devant eux, surtout pour augmenter la compensation des joueurs éliminés dès les premières rondes des autres tournois, comme celui de cette semaine à Montréal.

L'avenir d'Alex Rodriguez

Le baseball majeur n'a finalement pas imposé de suspension à vie à Alex Rodriguez. Mais lorsqu'on écarte du jeu pour plus d'une saison un gars de 38 ans, la sanction est aussi sévère. Difficile d'imaginer comment le troisième-but des Yankees de New York pourrait revenir au jeu après une aussi longue absence.

Voilà sûrement une des raisons incitant Rodriguez à contester la décision. Cela lui permettra de prolonger sa carrière jusqu'à la fin du calendrier.

Rodriguez peut-il remporter son appel, qui sera entendu l'automne prochain? Peut-être. Mais la preuve recueillie par le baseball majeur est manifestement accablante.

Le fait que les 13 autres joueurs impliqués dans cette fascinante histoire de dopage aient accepté la sanction du commissaire l'illustre bien. Aucun d'eux n'a subi un contrôle positif. Mais confrontés aux résultats de l'enquête, ils ont tous reconnu leur responsabilité. Le dossier à leur endroit était sûrement béton.

Après avoir fermé les yeux face au dopage à la fin des années 90, le baseball majeur a porté un grand coup. Le commissaire Bud Selig, dont l'héritage était entaché par les révélations de l'ère des stéroïdes, s'est montré - avec raison - intransigeant.

Le plus intéressant, c'est d'observer le changement de culture dans le baseball. L'époque où les joueurs refusaient d'effectuer des reproches à leurs collègues tricheurs est bel et bien terminée. Tout comme celle où leur puissant syndicat s'élevait par principe contre toute possibilité de sanction.

Les joueurs qui ont reconnu leur responsabilité lundi pourront poursuivre leur carrière dans une certaine quiétude, une fois leur suspension complétée. Ce ne sera pas le cas de Ryan Braun, des Brewers, et de Rodriguez.

Le premier a nié avec énergie s'être dopé après avoir subi un contrôle positif en 2011. Il a même emberlificoté son ami Aaron Rodgers, le quart-arrière des Packers de Green Bay, qui l'a longtemps défendu avant de se rendre à l'évidence. Braun a été suspendu le mois dernier jusqu'à la fin de la saison. Mais il portera toujours les stigmates de cette affaire.

Quant à A-Rod, appel ou pas, sa crédibilité est en chute libre. Comme le demandait récemment le magazine Sports Illustrated, comment un si grand joueur a-t-il pu être si idiot?