Dans un tournoi majeur de golf, lorsque la lutte est serrée avec neuf trous à jouer le dimanche après-midi, la tension est à son comble.

Entre l'éventuel champion et ses poursuivants, la maîtrise des nerfs fait souvent la différence. Le rythme lent du jeu permet d'apprécier le suspense, comme la trame d'un bon roman.

Aujourd'hui, au club de Merion, en Pennsylvanie, le coup de départ de l'Omnium des États-Unis est donné. De ce parcours, Lee Trevino a déjà dit: «Il y a 16 trous à oiselet, mais aussi 18 trous à boguey...»

Difficile de mieux résumer ce terrain intrigant, où les joueurs accompliront des exploits, mais vivront aussi de nombreuses frustrations.

Voici sept raisons de suivre le tournoi de cette année.

7 - L'année bizarre de McIlroy

Choisi joueur par excellence des circuits européen et américain en 2012, Rory McIlroy a aussi remporté par huit coups le Championnat de la PGA.

Ces réussites ont rendu McIlroy très riche. En revanche, il semble aujourd'hui consacrer plus de temps à gérer ses affaires qu'à retrouver la fluidité de son élan.

En janvier, le jeune homme de 24 ans a signé un phénoménal accord avec Nike, lui rapportant 20 millions par année; en février, il s'est entendu avec Bose (fabricant d'appareils électroniques); en avril, nouvelle commandite, cette fois avec les montres Omega.

Et voilà que McIlroy est en voie de changer d'agent pour la deuxième fois en 24 mois. Il formera sa propre firme de représentation, dans laquelle son père jouera un rôle important.

Bref, la concentration de McIlroy sur son golf n'est pas optimale. Cela ne facilite pas son adaptation à ses nouveaux bâtons Nike.

Retrouvera-t-il ses moyens ce week-end?

6 - Le parcours de Merion

L'Omnium américain n'a pas été disputé sur un parcours aussi court depuis 2001.

Avec ses 6996 verges, Merion a la dimension d'un mouchoir de poche pour les joueurs d'aujourd'hui. Le bois n° 1 demeurera dans le sac sur plusieurs normales 4. Bonne idée, puisque l'herbe longue punira l'audace irréfléchie. «Les allées ont la largeur d'un boyau d'arrosage», a ironisé un commentateur américain.

La forte pluie des derniers jours a assoupli le terrain, ce qui pourrait entraîner de bas pointages.

5 - Le trio de rêve

Adam Scott est le champion en titre du Tournoi des Maîtres. En temps normal, il devrait être la tête d'affiche de son trio aujourd'hui et demain.

Ce ne sera pas le cas. Scott jouera en effet avec Tiger Woods et Rory McIlroy! Pour la troisième année consécutive, les organisateurs ont réuni les meneurs au classement mondial pour les rondes d'ouverture.

Une foule énorme suivra ce trio de rêve, et l'ambiance sera électrique. «Ça s'annonce assez intense», a reconnu Scott.

En fait, ça pourrait ressembler à un cirque. La concentration des trois champions sera mise à rude épreuve.

4 - Les chances des gauchers

L'Omnium des États-Unis existe depuis 1895. Mais aucun gaucher n'a coiffé le titre. En fait, seuls quatre gauchers ont déjà remporté un tournoi majeur: Bob Charles, Mike Weir et Bubba Watson (une victoire chacun) ainsi que Phil Mickelson (quatre victoires).

Watson et Mickelson comptent parmi les favoris du week-end. L'un d'eux renversera-t-il le cours de l'histoire?

3 - Tiger et le record de Jack

Depuis 2008, Tiger Woods est stoppé à 14 victoires en tournois majeurs, quatre derrière le record de Jack Nicklaus. Son objectif est d'établir une nouvelle marque.

Âgé de 37 ans, Woods sera encore longtemps un prétendant à la victoire. Ainsi, Jack Nicklaus a remporté son dernier tournoi majeur à 46 ans. Et Tom Watson est venu près de coiffer l'Omnium britannique à 59 ans!

L'ennui, c'est que la pression est très forte sur Woods. Ses ambitions sont connues, et les regards sont systématiquement tournés vers lui. Et malgré son extraordinaire feuille de route, il n'inflige plus les mêmes craintes à ses adversaires.

Cela dit, le spectacle est toujours meilleur lorsque Woods participe au dénouement. Comme pour les autres prétendants au championnat, sa patience et son rendement sur les verts feront foi de tout.

2 - Prédire le vainqueur

Prédire le résultat d'un tournoi majeur est une entreprise hasardeuse. Mais c'est aussi une bonne partie du plaisir.

J'aime sélectionner trois joueurs: un Américain, un Européen et un «international», comme on dit à la Coupe des Présidents. J'y vais donc avec Brandt Snedeker (États-Unis), Graeme McDowell (Irlande du Nord) et Charl Schwartzel (Afrique du Sud). Et, entre les trois, je choisis ce dernier, un golfeur calme et complet.

Évidemment, le golf étant le golf, il est aussi possible que Schwartzel ne se qualifie pas pour les deux dernières rondes. Cette incertitude contribue à l'intérêt de l'affaire.

1 - Merion et la légende du golf

Le club de Merion fait partie de la légende du golf. Après sa victoire en 1971, Lee Trevino a déclaré: «J'aime Merion. Et je ne connais même pas son nom de famille!»

Trevino avait battu Nicklaus en ronde de prolongation. Avant le premier coup de départ, il avait sorti un serpent en plastique de son sac. Après l'avoir brandi, il l'avait gentiment lancé vers Nicklaus.

Comme toute la foule, Nicklaus s'était bien amusé des facéties de son rival, mais cela avait peut-être affecté sa concentration. Après trois trous, l'avance de Trevino était déjà de deux coups!

Non, on ne verrait plus ça aujourd'hui...

Sources: SI.com, Sports Illustrated, ESPN.com