Juin 2002, à Toronto. Assis dans les gradins du Air Canada Centre, Maxime Talbot trouve le temps long. En cette belle journée de début d'été, les équipes de la LNH repêchent des dizaines de jeunes joueurs. Mais aucune d'elles n'a encore prononcé son nom.

Autour de lui, les visages des membres de sa famille s'allongent. Certains sortent en douce griller une cigarette. À leur retour, Maxime, vissé à son siège, attend toujours. La huitième ronde s'amorce. La huitième! «C'était un peu démoralisant», avoue Maxime, 11 ans plus tard.

Finalement, au 234e rang, les Penguins de Pittsburgh choisissent Maxime. On lui remet un chandail de l'équipe, des photos sont prises.

Même s'il est heureux d'avoir un pied dans la porte, le jeune attaquant des Olympiques de Hull réalise que sa route vers la LNH sera parsemée d'obstacles. Combien de joueurs repêchés si loin ont-ils connu une belle carrière au plus haut niveau?

Durant le voyage de retour à la maison, la déception est évidente. Mais Maxime retrouve vite sa fougue. S'il n'est pas le joueur le plus talentueux, son coeur à l'ouvrage ne fait aucun doute. À lui de démontrer qu'il mérite sa place dans la LNH.

Cette sélection tardive, au lieu de l'accabler, le motivera.

Octobre 2005, à Pittsburgh. Assis dans les gradins du Mellon Arena, Maxime Talbot est ému. Quelques minutes plus tôt, l'entraîneur des Penguins, Ed Olczyk, lui a annoncé qu'il amorcerait la saison dans la LNH.

Lui, le choix de huitième ronde, a relevé le défi. Avant d'annoncer la nouvelle à ses proches, les larmes aux yeux, il se réfugie un moment dans le silence. La quiétude du vaste amphithéâtre, presque désert à cette heure, l'aide à mesurer le chemin accompli. «Jouer dans la LNH, c'était un rêve...», dit-il aujourd'hui.

Au bout d'un moment, Maxime appelle ses parents à Montréal. Il a une bonne nouvelle à leur annoncer. Une très bonne nouvelle.

Maxime espérait atteindre la LNH à l'âge de 23 ans. Voilà qu'il devance son échéancier de deux années. Il ne tardera pas à se fixer un autre objectif: remporter la Coupe Stanley.

Juin 2009, à Detroit. Sur la glace du Joe Louis Arena, Maxime Talbot dispute la meilleure rencontre de sa carrière. Les Penguins affrontent les Red Wings dans le septième match de la finale de la Coupe Stanley.

Quelques heures plus tôt, après l'entraînement matinal, un journaliste lui a demandé quel joueur était susceptible d'être le héros du match. «J'ose espérer que ça peut être moi», a répondu Maxime.

L'après-midi, malgré la tension propre à un affrontement sans lendemain, son sommeil est récupérateur. «J'ai très bien dormi», se souvient-il.

Lorsque la rondelle est mise au jeu, Maxime est parfaitement prêt. Il ouvre le pointage en deuxième période, puis donne l'avance aux siens 2-0 au milieu de l'engagement. Ses deux buts seront suffisants pour conduire les Penguins à la victoire au terme d'un duel électrisant.

Maxime Talbot, un gars de la banlieue sud de Montréal, a fait la différence dans le match décisif de la finale de la Coupe Stanley. Pas mal pour un choix de huitième ronde...

Lorsque je lui ai parlé la semaine dernière, Maxime se rendait de nouveau chez le médecin. Le 31 mars, il a subi une fracture de la jambe dans un match entre les Flyers de Philadelphie, son équipe depuis l'été 2011, et les Capitals de Washington. Sa saison est terminée.

Je n'avais jamais discuté avec lui auparavant. Mais il y a deux ans, au Sommet du hockey québécois, son allocution m'avait touché. Dans des mots simples, venus droit du coeur, il avait raconté les moments les plus significatifs de sa carrière.

Aussi, en apprenant qu'il commenterait désormais les activités de la LNH sur LaPresse+, notre nouvelle plate-forme numérique, j'ai voulu mieux vous le faire connaître. Parce que dans l'univers du sport-spectacle, où les athlètes sont parfois inaccessibles, Maxime Talbot conserve son authenticité.

Tenez, combien de joueurs comprennent véritablement leur chance d'évoluer dans la LNH? Maxime, peut-être parce qu'il a été choisi si loin au repêchage, en est conscient chaque jour.

«Une saison de hockey n'est pas toujours rose, dit-il. Si un gars de notre équipe traverse un mauvais moment, j'essaie de lui rappeler qu'on a le privilège de gagner notre vie en jouant au hockey. Notre job, en se levant le matin, c'est d'aller à l'aréna... Faut pas l'oublier.»

Maxime Talbot apprécie jouer dans la LNH. Et il veut contribuer au mieux-être de la société. Avec son ami Bruno Gervais, aussi des Flyers, il organise un tournoi de golf annuel. Les sommes récoltées leur permettent d'appuyer la fondation Les petits trésors. Cet organisme est partenaire de l'hôpital de Rivière-des-Prairies, spécialisé dans la santé mentale des enfants et des adolescents.

«On a de la chance dans la vie, on veut aider les enfants qui en ont moins que nous...», dit Maxime, qui a aussi contribué à la construction d'un orphelinat en Haïti, pays qu'il a visité après le tremblement de terre de 2010.

Maxime Talbot retournera au jeu l'automne prochain et disputera encore plusieurs saisons.

Mais déjà, il prend des notes afin de préparer son après-carrière. Il aimerait devenir entraîneur.

LaPresse+ accueille un collaborateur bien versé dans son domaine. Mais, surtout, un athlète doté d'un solide sens des valeurs.

Bienvenue chez nous, Maxime!