Plusieurs raisons militent en faveur du retour des Nordiques à Québec: la vigueur économique de la région, la construction du nouvel amphithéâtre et l'intérêt d'un propriétaire éventuel, Québecor Média.

D'autres facteurs soulèvent cependant des doutes sur la concrétisation du projet, dont la taille modeste du marché et le vif intérêt de la LNH pour la ville de Seattle.

On ignore aussi la qualité des liens entre, d'une part, Québecor Média et, d'autre part, la direction de la LNH et les propriétaires d'équipe. On sait cependant que des différends ont éclaté entre Bell, principal partenaire du circuit au Canada, et l'entreprise de Pierre Karl Péladeau au cours des dernières années.

Quel sera le poids de chacun de ces éléments si la LNH se résout à déménager les Coyotes de Phoenix après la saison, une perspective que Gary Bettman veut éviter?

Si un édifice moderne n'est pas construit à Seattle, la LNH pourrait se tourner vers Québec, même si ce ne sera pas dans l'enthousiasme.

Non seulement le nouveau Colisée est en chantier, mais des investisseurs comme Québecor Média, prêts à pomper des millions dans l'achat et l'exploitation d'une équipe, et de surcroît détenteurs d'une chaîne de télévision sportive, ne courent pas les rues. Et cela, personne ne le sait mieux que Bettman.

En mai dernier, le commissaire de la LNH croyait les Coyotes sauvés. Il a gonflé les espoirs des partisans de l'équipe en participant à une conférence de presse flanqué de Greg Jamison.

Or, celui-ci n'a jamais bouclé son montage financier. Et l'avenir des Coyotes demeure en suspens.

Dimanche dernier, Bettman a réitéré son espoir de maintenir les Coyotes dans le désert. «Au moment où je vous parle, nous ne prévoyons pas quitter Phoenix, a-t-il dit, selon Yahoo Sports. Nous n'avons pas exploré d'autres options. Il semble y avoir un intérêt considérable pour trouver une solution.»

Bettman mise sur les offres potentielles des groupes de George Gosbee, un banquier albertain, et de Darin Pastor, un financier américain.

Acheter la concession, une facture de 170 millions, est une chose. Encaisser des pertes à répétition ou, au mieux, boucler péniblement le budget grâce au programme de partage des revenus en est une autre.

À Glendale, plusieurs ambitions se sont butées à l'analyse froide des chiffres. Ce n'est pas un hasard si Jamison, un homme bien branché dans la LNH, a été incapable de trouver des partenaires malgré une aide de 300 millions en 20 ans de la Ville de Glendale.

La prochaine offre des élus municipaux, si cette étape est atteinte, sera sans doute moins généreuse. En retour de fonds publics, ils voudront aussi des assurances sur le maintien à long terme des Coyotes à Glendale. De quoi faire réfléchir d'éventuels acquéreurs, qui devraient verser une forte pénalité en cas de départ prématuré.

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Dans La Presse Affaires d'hier, mon collègue Jean Gagnon citait une étude de l'économiste Clément Gignac sur les perspectives du dollar canadien au cours des prochains mois.

Ancien ministre du Développement économique dans le gouvernement Charest, M. Gignac est désormais vice-président principal de l'Industrielle Alliance. À son avis, des pressions à la baisse devraient ramener la valeur du huard aux environs de 0,90 à 0,92 $ d'ici 18 à 24 mois.

Si M. Gignac voit juste, ce sera une mauvaise nouvelle pour les équipes canadiennes de la LNH. Elles touchent en effet la majorité de leurs revenus en dollars canadiens, mais paient leurs joueurs en monnaie de l'Oncle Sam. Aucune organisation n'a oublié les longs mois du début des années 2000 où le huard valait environ 0,65 $ US.

Au téléphone hier, M. Gignac a précisé: « La toile de fond économique demeure bonne. Il n'y a pas de récession à l'horizon.»

Bref, si les coûts d'opération des équipes pourraient augmenter, leurs revenus ne devraient pas être touchés. Les entreprises continueront d'acheter des loges et de signer des ententes de commandites.

Il n'en reste pas moins qu'une devise canadienne forte profite à la LNH. La saison dernière, ce phénomène a expliqué en partie ses revenus records de 3,3 milliards.

Pour les équipes canadiennes de la LNH, et plus spécialement celles établies dans les petits marchés, la valeur du dollar sera toujours une préoccupation.

C'est vrai à Winnipeg comme ça le deviendrait à Québec.

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Si les Coyotes quittent l'Arizona, il serait étonnant que la LNH annonce leur transfert avant que l'Association nationale de basketball (NBA) ne décide où joueront les Kings de Sacramento la saison prochaine.

Deux groupes veulent acheter cette équipe: le premier souhaite la conserver dans la capitale californienne; le second, la déménager à Seattle.

La semaine dernière, les deux parties ont soumis leur présentation. Le commissaire David Stern a ensuite expliqué que la décision ne serait pas arrêtée la semaine prochaine comme prévu. Les deux groupes sont au coude à coude et il n'est pas évident de les départager.

Si Seattle l'emporte, un nouvel amphithéâtre capable d'accueillir aussi une équipe de hockey sera construit. Dimanche dernier, Gary Bettman a de nouveau vanté ce marché.

En revanche, si Sacramento sort gagnant, Québec augmentera ses chances de devenir la solution de rechange de la LNH.

La suite des événements ne manquera pas d'intérêt.