Dans l'annonce des changements à la haute direction de Québecor et Québecor Média la semaine dernière, une phrase est importante pour les amateurs espérant le retour des Nordiques à Québec. Même s'il quitte la présidence, Pierre Karl Péladeau «continuera à assumer les responsabilités des dossiers stratégiques de l'entreprise».

La construction du nouvel amphithéâtre de Québec et la quête d'une équipe de la LNH correspondent-elles à cette définition? Aucun doute là-dessus, répond Régis Labeaume.

«M. Péladeau demeure mon interlocuteur, précise le maire de Québec, en entretien téléphonique. Ce dossier se retrouve au sommet de sa pile, j'en suis certain. Il aura encore plus de temps pour s'en occuper.»

Au-delà de l'espoir de retrouver les Nordiques, le travail ne manquera pas au cours des prochaines semaines à Québec. Le nouvel édifice ouvrira dans deux ans et demi.

Or, comme le rappelle M. Labeaume, les calendriers des grands artistes internationaux se préparent plusieurs mois à l'avance. Si Québec veut faire partie de certaines tournées nord-américaines de shows d'amphithéâtre, un secteur où la ville doit établir sa carte de visite, les premiers jalons devront bientôt être posés.

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Les spectacles, c'est bien. Mais si 400 millions sont pompés dans la construction du nouvel amphithéâtre, c'est d'abord dans l'espoir d'accueillir une équipe de la LNH.

La semaine dernière, Gary Bettman a répété ne pas envisager de relocalisation d'équipe ou d'expansion. Il faudrait néanmoins être naïf pour croire que le circuit ne réfléchit pas à ces possibilités.

À Glendale, l'avenir des Coyotes de Phoenix demeure nébuleux. Si la LNH n'attire pas de nouveaux investisseurs, acceptera-elle de perdre des millions de dollars en 2013-14 en demeurant propriétaire de la concession?

La LNH n'a pas caché son intérêt pour la ville de Seattle. Si un nouvel amphithéâtre est construit dans cette ville du nord-ouest américain, elle deviendra une concurrente de taille pour Québec. Or, une étape déterminante en vue de l'ouverture d'un chantier surviendra à la mi-avril.

C'est en effet à ce moment que l'Association nationale de basketball (NBA) autorisera ou non le transfert des Kings de Sacramento à Seattle. L'homme d'affaires Chris Hansen, appuyé par le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, a conclu un accord pour acquérir l'équipe des propriétaires actuels, la famille Maloof.

Mais un groupe de Sacramento, dirigé en partie par Ron Burkle, le copropriétaire des Penguins de Pittsburgh, tente un ultime effort pour conserver l'équipe. Là aussi, le succès passe par la construction d'un nouvel amphithéâtre.

Le défi est considérable puisqu'un boulot énorme doit être accompli en accéléré. Ficeler un projet de 400 millions nécessite habituellement plusieurs mois de travail.

Demain, le directeur général de la Ville de Sacramento dévoilera le plan de financement. Les élus se prononceront mardi prochain.

Si l'initiative est approuvée, les gens de Sacramento tenteront dès les jours suivants de convaincre les propriétaires de la NBA de refuser la vente des Kings au groupe de Seattle. Le vote final sera tenu le 18 avril, à New York.

Sacramento remportera-t-elle son pari? Rien n'est impossible, mais la côte est abrupte. La NBA regrette son départ de Seattle en 2008 et rêve d'y retourner.

Si Seattle retrouve son équipe de la NBA, et bâtit ce nouvel édifice capable d'héberger une équipe de la LNH, ce sera un handicap pour Québec. Compte tenu de la refonte des associations annoncée par Gary Bettman la semaine dernière, il serait plus logique que les Coyotes soient transférés dans une ville de l'ouest s'ils quittaient Phoenix.

En revanche, contrairement à Seattle, Québec possède un amphithéâtre adéquat pour loger une équipe à court terme, le Colisée Pepsi. Et, plus important encore, le propriétaire potentiel est identifié. À Seattle, le tandem Hansen-Ballmer est intéressé au basketball, pas au hockey.

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En mai 2011, la LNH a transféré les Thrashers d'Atlanta à Winnipeg. Les propriétaires des «nouveaux» Jets ont appris peu de temps avant l'annonce officielle de la nouvelle la concrétisation de leur rêve.

Si la LNH ne déniche pas rapidement un nouveau propriétaire capable de garder les Coyotes à Glendale, les spéculations entourant l'avenir de la concession reprendront.

En conservant un profil bas dans ce dossier, Québecor se comporte comme la LNH le souhaite. L'entreprise croit avoir beaucoup à offrir au circuit, notamment grâce à sa chaîne TVA Sports qui deviendrait un véhicule de premier choix pour assurer la visibilité d'une nouvelle équipe.

Bell, le principal concurrent de Québecor Média au Québec, est cependant étroitement associée à la LNH. L'entreprise est actionnaire des Maple Leafs de Toronto et du Canadien. Et ses réseaux de télévision (RDS et TSN) diffusent des dizaines de matchs partout au Canada.

À l'évidence, le pari de Québecor Média sera de convaincre la LNH que l'ajout d'un nouveau partenaire sera profitable au circuit. Et cela, peu importe si une équipe devient bientôt disponible ou si la LNH procède éventuellement à une expansion.

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Alors, quelles sont les chances de Québec de retrouver ses Nordiques d'ici septembre 2015, à l'ouverture des portes du nouvel amphithéâtre ?

Les dirigeants de la LNH ne rêvent sans doute pas de retourner dans la capitale nationale, comme ils ne souhaitaient sûrement pas accueillir de nouveau Winnipeg. Mais parfois, certains choix deviennent incontournables.

À Québec, l'espoir demeure permis.