En droit, un vieil adage dit: le pire des règlements vaut le meilleur des procès. Les propriétaires d'équipe et les joueurs de la LNH devraient méditer là-dessus à l'approche de Noël.

La judiciarisation du conflit ne présage rien de bon. Les deux parties sont convaincues de la pertinence de leurs arguments légaux. Mais si les recours déposés et envisagés mènent à des procès, l'une d'elles vivra une amère désillusion.

Ni les propriétaires ni les joueurs n'ont avantage à se retrouver devant un tribunal. Le risque est trop grand. En cas d'échec, les propriétaires pourraient être condamnés à verser des dommages majeurs; quant aux joueurs, ils perdraient leur pouvoir de négociation.

Pour le bien du hockey, une convention collective négociée est nécessaire. C'est la meilleure manière d'encadrer correctement le système et de préserver l'équilibre de la compétition.

Hélas, l'inflexibilité des propriétaires, qui ont quitté la table de négociations à New York au début du mois, retarde la résolution du conflit. En matière de relations de travail, l'approche «À prendre ou à laisser» produit rarement des résultats heureux.

L'an dernier, la NFL et la NBA ont aussi adopté la ligne dure durant leur lock-out. Mais dans le dernier droit, elles ont fait preuve de souplesse afin de favoriser un règlement. Les commissaires Roger Goodell et David Stern ont mis de l'eau dans leur vin. Beaucoup plus que Gary Bettman ne l'a fait jusqu'à maintenant.

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Hier, la Ligue nationale a annoncé l'annulation de tous les matchs jusqu'au 14 janvier. Ce coup de canon force la main de l'Association des joueurs, qui se retrouve devant un choix stratégique délicat.

Sabordera-t-elle le syndicat le 2 janvier afin de poursuivre la LNH en vertu des lois antimonopoles? Quel serait l'impact de cette décision sur l'espoir de sauver la saison? La réponse à cette question n'est pas claire.

Au-delà de ces considérations, une chose est sûre: on se dirige vers l'explication finale. Les deux parties ont étiré l'élastique jusqu'au bout. Si une entente n'est pas conclue à cette date, on dira adieu à la saison 2012-2013.

Propriétaires et joueurs ont déjà perdu beaucoup d'argent. L'image de la Ligue nationale est entachée. Il faudra beaucoup de temps avant que le circuit ne retrouve son dynamisme des dernières saisons.

À moins de croire en la politique de la terre brûlée, Gary Bettman et Donald Fehr doivent conclure un règlement. Voilà pourquoi je demeure sous l'impression qu'un accord surviendra avant le 14 janvier. Comme en 1994-1995. Cela ne corrigera pas les errements des derniers mois, mais la catastrophe aura été évitée de justesse.

J'ai aussi la conviction que Gary Bettman ne voudra pas passer à l'histoire comme le commissaire dont le mandat aura été marqué par deux saisons perdues. Sa place dans l'histoire du hockey en souffrirait beaucoup.

Attendons-nous à une reprise des négociations dans quelques jours. Mais pour qu'elles soient fructueuses, les deux parties devront piler sur leur orgueil.

Les yeux tournés vers Oufa

En l'absence de la LNH, les yeux des amateurs de hockey seront tournés vers Oufa, en Russie. Située 1100 kilomètres à l'est de Moscou, cette ville d'un million d'habitants accueillera le Championnat mondial de hockey junior dès mercredi prochain.

Équipe Canada compte sur une solide représentation québécoise. Puissants à l'attaque, les Canadiens devraient offrir un excellent spectacle. On surveillera aussi avec intérêt Malcom Subban, le frère de P.K., qui devrait être le gardien numéro un.

Le match du 30 décembre contre les États-Unis promet beaucoup. Alex Galchenyuk, premier choix du Canadien en juin dernier, sera la grande vedette de l'équipe américaine, dirigée par l'ancien défenseur Phil Housley.

Seul bémol: les trois premiers matchs d'Équipe Canada auront lieu à 4h30 du matin, heure de l'Est!

Souhaitons enfin que nos joueurs juniors aient apporté leur parka à Oufa. Hier, le mercure indiquait -30°C.

Des appuis pour Mathieu Giroux

L'affaire Mathieu Giroux n'est toujours pas réglée. Exclu de l'équipe nationale de patinage de vitesse parce qu'il veut poursuivre ses études à l'Université de Montréal, le médaillé d'or des Jeux de Vancouver devrait de nouveau discuter avec les dirigeants de sa fédération au cours des prochains jours.

La semaine dernière, un premier entretien a permis de déblayer le terrain. Patinage de vitesse Canada doit maintenant proposer à Giroux une manière de conjuguer ses études et les attentes des entraîneurs nationaux à son endroit.

Ironiquement, si cette conversation n'a toujours pas eu lieu, c'est que Giroux est en semaine d'examens!

Au cours des derniers jours, Giroux a reçu de nombreux appuis. L'ancien hockeyeur Joé Juneau, qui atteint la LNH après avoir étudié dans une université américaine, lui a offert son soutien.

La Fondation de l'athlète d'excellence du Québec a aussi apporté son appui. «Le double cheminement sportif et académique fait partie de notre ADN», affirme son directeur général Pierre Dubé.

Claude Chagnon, président de la Fondation et mécène du sport olympique, a souligné combien Giroux représentait un bel exemple d'étudiant athlète réussissant à concilier «de brillante façon» le sport et les études.

Souhaitons que les responsables de Patinage de vitesse Canada prennent conscience de l'importance du message qu'ils lanceront bientôt aux athlètes d'élite partout au pays. L'affaire Mathieu Giroux aura une résonance dans toutes les disciplines sportives.