Quelle note mérite l'Impact pour sa première saison en Major League Soccer? Joey Saputo répond sans détour: 7,5 sur 10.

Le président de l'équipe aurait pu gonfler son évaluation et personne ne lui en aurait tenu rigueur. Le passage à la MLS a constitué un défi de taille et les succès ont été nombreux.

À deux reprises, l'Impact a attiré environ 60 000 spectateurs au Stade olympique, faisant vibrer la place comme à la belle époque des Expos.

Joey Saputo avait garanti «à 99 pour cent» l'acquisition d'un joueur désigné et il a tenu parole en embauchant Marco Di Vaio.

Sur le terrain, pour un club de l'expansion, l'Impact s'est bien comporté. Les partisans ont rêvé d'une place en séries éliminatoires jusqu'à la fin du mois d'août. Et plusieurs matchs à domicile ont été très excitants.

En revanche, la saison s'est aussi soldée par une leçon d'apprentissage. Et cela ne s'est pas fait sans heurts.

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L'automne dernier, Joey Saputo avait bon espoir de vendre 15 000 abonnements saisonniers pour les débuts de l'Impact en MLS. «Et notre budget a été établi sur une base de 13 000», m'avait-il précisé.

La désillusion a été complète. L'Impact n'a écoulé que 8000 abonnements, ce qui a obligé l'organisation à revoir son modèle financier. Et lorsque l'équipe a pris possession du stade Saputo, rénové à la mi-juin, ce fut devant des milliers de sièges vides.

«On s'est gratté la tête, surtout après notre bon départ au Stade olympique, explique Richard Legendre, vice-président de l'Impact. On s'est demandé ce qu'on avait fait de pas correct.»

Une enquête informelle menée auprès du public, notamment via les réseaux sociaux, a vite démontré que le coût d'entrée freinait l'enthousiasme des amateurs.

«Nous avons reçu des centaines de courriels, ajoute Richard Legendre. Le message global était rassurant. Les gens aimaient l'équipe et le stade Saputo. Mais ils nous ont aussi dit que nos billets étaient trop chers.»

L'Impact a rectifié le tir et annoncé plusieurs mesures pour rendre son produit plus accessible. Cette décision a renversé la tendance. Et quatre des six derniers matchs à domicile ont été disputés à guichets fermés.

En vue de l'an 2, les attentes sont plus réalistes. L'Impact espère vendre 10 000 abonnements, ce qui l'aiderait à équilibrer ses comptes. «Notre budget est de 18 millions», indique M. Saputo.

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Avec son salaire frôlant les 2 millions par saison, Marco Di Vaio touche plus d'argent que presque tous ses coéquipiers réunis. S'agit-il d'un bon investissement?

La réponse à cette question n'est pas simple. Par sa seule présence, l'attaquant italien a ajouté de la crédibilité à l'équipe.

Di Vaio a néanmoins mis beaucoup de temps à se mettre en marche. L'enquête sur les matchs truqués en Italie, durant laquelle il a été interrogé avant d'être blanchi, a manifestement nui à sa concentration.

Sur le terrain, Di Vaio s'est souvent montré impatient à l'endroit de ses nouveaux coéquipiers. Ses gestes ont traduit sa colère de ne pas recevoir le ballon au moment voulu. Sa gestuelle est tout, sauf généreuse.

«C'est son type de caractère», explique Joey Saputo, qui estime lui-même que son joueur-vedette a souvent la mèche courte.

«Son adaptation a été difficile et la procédure en Italie a constitué un poids énorme, ajoute le président de l'équipe. Cela dit, il faut maintenant trouver des joueurs qui anticiperont ses gestes à l'attaque. Avec les bons éléments autour de lui, il est une machine à marquer des buts.

«Tu sais, Alessandro Nesta et lui sont sans doute les joueurs les plus déçus de notre absence des séries. Ils ont toujours été des champions et vivent maintenant une grande déception.»

L'Impact garde confiance en Di Vaio. Mais il est clair que l'attaquant devra être beaucoup plus productif la saison prochaine pour justifier l'investissement qu'on a mis en lui.

Sur le plan du spectacle, reconnaissons cependant ceci: surveiller Di Vaio est un plaisir. Ses habiletés sont évidentes et il réussit parfois des petits tours de magie.

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L'Impact se défend d'en faire une politique, mais il est clair que l'organisation continuera de miser sur la filière italienne pour assurer son développement.

Ainsi, l'équipe s'envolera bientôt pour l'Europe afin de disputer des matchs amicaux contre les clubs de Bologne et de Fiorentina. Belle occasion pour l'organisation de raffermir ses contacts dans ce pays.

Pour dénicher et attirer des joueurs de talent, l'Impact a besoin d'un réseau. L'équipe n'aurait pas avantage à lancer des perches dans toutes les directions. Si des joueurs comme Di Vaio et Nesta sont heureux à Montréal, ils seront les meilleurs ambassadeurs de l'équipe.

«On veut établir des relations avec des clubs reconnus internationalement», explique Nick De Santis. Le directeur sportif de l'Impact sait que ces liens sont susceptibles de l'aider à renforcer l'équipe.

Comme tous les membres de la garde rapprochée de Joey Saputo, De Santis connaît sa mission pour la saison 2013: construire un club qui participera aux séries éliminatoires. De tous les objectifs fixés par son président, il s'agit du plus important.

La pression sera forte sur l'ensemble de l'organisation. Les attentes de Joey Saputo sont élevées. Mais le président devra aussi faire apporter sa contribution en débloquant un budget pour l'ajout d'un deuxième joueur désigné.

Pour obtenir une meilleure note que 7,5 sur 10 en 2013, l'Impact devra s'améliorer à tous les niveaux.

Vivement l'an 2!