Partout à Londres, des monuments et des expositions rappellent la riche histoire de la Grande-Bretagne.

Les Jeux olympiques fournissent une nouvelle occasion de célébrer le passé. Cette année, Londres accueille les Jeux d'été pour une troisième fois, un record. La British Library propose une rétrospective des Jeux de 1908 et 1948. On y apprend des choses étonnantes.

Ainsi, saviez-vous qu'une carte postale diffusée au Canada il y a plus d'un siècle constitue un des premiers exemples de marketing insidieux?

Le marketing insidieux, c'est ce que déteste le plus le Comité international olympique (CIO) moderne. C'est le fait, pour une entreprise, d'associer sans autorisation son nom à un événement prestigieux... comme les Jeux.

Aujourd'hui, des batteries d'avocats partout dans le monde pourchassent, au nom du CIO, quiconque aurait l'idée d'utiliser la marque olympique sans verser une fortune en retour.

En 1908, les avocats du CIO étaient moins vigilants! Les Jeux terminés, la société canadienne Dunlop, spécialisée dans les produits en caoutchouc, a trafiqué une photo prise durant le marathon pour gonfler sa notoriété.

On y voit deux coureurs canadiens, feuille d'érable sur le maillot, quitter le château de Windsor, où le départ de la course a été donné. À cette image, Dunlop ajoute son slogan publicitaire au-dessus d'un mur de pierre longé par les marathoniens.

L'illusion est réussie. On croirait vraiment que l'entreprise s'est payé une immense réclame à deux pas de la demeure du roi. C'est pourtant bien avant l'invention de Photoshop...

«Établie au Canada, Dunlop se sentait assez à l'abri pour agir ainsi», explique la British Library.

Les Jeux de 1908 ont été les premiers à présenter une cérémonie d'ouverture. Un impressionnant stade de 68 000 sièges et de 23 000 places debout a été construit en 10 mois. Il comprenait des pistes d'athlétisme et de cyclisme, une piscine, un terrain de football et des plateaux pour les sports de combat. Une merveille pour l'époque!

Au début du XXe siècle, les Jeux olympiques n'étaient pas encore très connus. Pour attirer plus de spectateurs, les organisateurs ont diminué le prix des billets durant la deuxième semaine de compétition.

Le tournoi de souque à la corde - eh oui! - a suscité une controverse, les Américains soupçonnant les Anglais de ne pas respecter les règles.

Même si les Jeux d'hiver n'apparaîtront qu'en 1924, des compétitions comme le patinage artistique, le rugby et la boxe étaient au programme des premiers Jeux de Londres. Elles ont eu lieu en octobre, trois mois après la partie estivale.

Bagarre au pub!

Quarante ans plus tard, en 1948, Londres accueille de nouveau les Jeux. L'idée ne fait pas l'unanimité en Angleterre. Après des années de bombardements allemands, les traces de la guerre demeurent visibles.

Londres n'est pas entièrement reconstruit et des milliers de citoyens sont toujours à la recherche d'une maison. On craint que les ressources consacrées aux Jeux ne ralentissent la relance du pays.

Le rationnement alimentaire demeure en vigueur. Le gouvernement de Sa Majesté accorde à ses athlètes des coupons supplémentaires, jusque-là réservés aux débardeurs et aux mineurs en raison de leur travail exigeant.

Des prisonniers de guerre allemands, encore en captivité, sont conscrits pour construire une voie d'accès au stade de Wembley.

Le Japon et l'Allemagne ne sont pas conviés aux Jeux. L'URSS, estimant que le mouvement olympique est à la solde des intérêts américains, n'envoie pas de délégation.

La France y est, évidemment. Mais lorsque les douaniers britanniques voient le nombre et la qualité des bouteilles de vin expédiées à l'intention de ses athlètes, ils exigent des droits d'importation, retardant ainsi la livraison.

Le livre The Austerity Olympics (Aurum, 2008), de l'auteure Janie Hampton, raconte l'histoire de ces Jeux. Le récit, captivant de bout en bout, fourmille d'anecdotes.

Un jour, par exemple, des athlètes coréens s'arrêtent dans un pub. Un habitué les confond avec des Japonais. Trois ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, aucun Britannique n'a oublié les tourments infligés par les soldats nippons à leurs ennemis. Il commence à les insulter.

Les Coréens, surpris, ne comprennent pas pourquoi on les traite ainsi. D'autres clients en rajoutent et la bagarre éclate. Mauvais coup du sort pour les buveurs locaux: ils sont tombés sur les boxeurs et les lutteurs coréens!

«Les corps des Anglais ont volé à travers les portes du pub. Les policiers ont raccompagné les Coréens à leur dortoir et l'histoire a été étouffée.»

Au bout du compte, les Jeux de 1948 ont été un succès. Plus de 4000 athlètes y ont participé. Après l'annulation des Jeux de 1940 et 1944 en raison de la guerre, c'est à Londres que le mouvement olympique a repris vie.