Le Canadien redécouvre ses racines. L'embauche de Sylvain Lefebvre, Martin Lapointe et Patrice Brisebois, jumelée à celle de Michel Therrien la semaine dernière, modifie en profondeur le visage de l'organisation.

Marc Bergevin n'aura eu besoin que de cinq semaines pour rétablir le contrat implicite entre l'organisation et les fans.

La tempête de l'hiver dernier, lorsque le Canadien a manqué à ses responsabilités sociales en embauchant un entraîneur unilingue anglophone, est résolument derrière nous.

Le nouveau DG a agi avec doigté. Il s'est entouré de Rick Dudley et Scott Mellanby, des gens dotés d'une belle feuille de route; mais aussi de francophones, un geste essentiel lorsqu'on dirige une des plus grandes institutions québécoises.

La présence de ce sang nouveau au sein de la direction hockey est prometteuse. Hier après-midi, c'était sympathique de voir Bergevin se présenter dans la salle d'entrevue du Complexe sportif de Brossard en compagnie de ses trois nouvelles recrues. Les quatre hommes endossaient une chemisette bleu marine greffée du sigle du Canadien.

Cette image véhiculait une impression de dynamisme. Mais elle témoignait aussi de deux autres réalités.

D'abord, l'arrivée dans des postes clés d'une nouvelle génération, des gens passionnés de hockey prêts à investir beaucoup d'énergie dans leur deuxième carrière. Ensuite, une certaine collégialité qu'on n'a pas sentie beaucoup au cours des dernières années.

Sous le régime Gainey-Gauthier, la structure du Canadien était très hiérarchisée. Le vice-président hockey était tout-puissant et l'information ne semblait pas circuler librement.

Le style de Bergevin est résolument plus moderne. On devine son désir de consulter ses collègues et de provoquer des échanges d'idées autour de la table. L'ambiance n'est déjà plus la même.

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Pour Sylvain Lefebvre et Patrice Brisebois, c'est un retour au bercail. Les deux défenseurs ont porté avec fierté le chandail du Canadien. Leurs noms sont inscrits sur la Coupe Stanley, tout comme celui de Martin Lapointe.

«J'aime le hockey, c'est ma passion», a expliqué Brisebois, emballé par ce nouveau défi. «C'est très excitant, je me sens comme un jeune joueur de 18 ans au début de sa carrière.»

Lefebvre, dont la nature est plus réservée, a aussi vécu un grand moment en acceptant l'offre de Bergevin. Il a gravi une à une les étapes du métier d'entraîneur.

Comme lorsqu'il était joueur, Lefebvre a travaillé sans relâche pour atteindre ses objectifs. Cet homme-là est animé d'une détermination tranquille.

En se retrouvant à la barre des Bulldogs de Hamilton, Lefebvre franchit un autre pas sur la route qui le mènera un jour derrière le banc d'une équipe de la LNH. «Beaucoup de gens dans le hockey rêvent d'une occasion comme celle-là...»

Il ne faut pas minimiser l'impact de l'enthousiasme de Brisebois et de Lefebvre. Leur énergie apportera beaucoup à l'organisation. En compagnie de Martin Lapointe, ils augmenteront aussi les antennes du Canadien au sein du hockey junior québécois.

Ces gars-là ont des amis aux quatre coins du circuit Courteau. Ils recevront des dizaines d'informations qui ont fait défaut à l'organisation au cours des dernières années. Pour tous les jeunes joueurs du Québec, leur entrée en poste est une excellente nouvelle.

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Clément Jodoin pourrait devenir l'adjoint de Michel Therrien au cours des prochains jours. Sa présence constituerait un atout pour le nouvel entraîneur.

Jodoin apporterait en effet une expertise complémentaire à celle de Therrien. Le métier d'entraîneur comporte plusieurs facettes et Jodoin pourra plancher sur la stratégie afin de proposer des options à son patron.

Doté d'une vaste expérience, et assez réaliste pour comprendre que ses chances de devenir entraîneur-chef du Canadien n'existent plus, Jodoin ferait un conseiller loyal et efficace.

Chez le Canadien, l'ère Bergevin est bien lancée.