Lorsque des centaines de personnes font la file aux portes du Stade olympique pour assister à un entraînement de l'Impact, comme c'était le cas en fin d'après-midi hier, j'imagine qu'on peut parler d'un buzz.

Lorsque plus de 50 000 amateurs sont attendus au match d'ouverture de demain contre le Fire de Chicago, une équipe n'alignant aucun joueur connu, le buzz se transforme en événement.

Événement. Voilà, le mot est lancé. C'est sur ce concept que l'Impact appuie sa stratégie de marketing en début de saison. Le défi sera de maintenir l'intérêt des fans toute la saison. Et pour cela, l'Impact n'a pas le choix: l'embauche d'un joueur de premier plan, capable d'animer l'attaque, est essentielle.

«Je demande de la patience à nos partisans, lance Joey Saputo. On négocie avec quatre joueurs et l'un d'eux viendra à Montréal, c'est sûr à 99 pour cent. On veut un gars qui aidera le club, pas seulement l'équipe.

«On souhaite qu'il s'implique au sein de notre Académie. Cette saison, on aligne un joueur québécois, Patrice Bernier. On veut augmenter ce nombre au cours des prochaines années. Et ça passe par le succès de notre réseau de formation.»

En Major League Soccer, ces vedettes sont surnommées «joueur désigné», puisqu'elles ne sont pas soumises aux contraintes du plafond salarial. Une seule de ces stars peut toucher deux fois plus d'argent que tous ses coéquipiers réunis.

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Joey Saputo est «un peu nerveux» à l'approche du coup d'envoi. Son équipe a une chance magnifique de faire bonne impression devant une foule énorme. Elle ne doit pas la rater. «On est dans le secteur du divertissement, on veut offrir un bon show à nos partisans», rappelle-t-il.

En clair, il ne faudrait pas que les gens rentrent déçus à la maison. Car Joey Saputo compte sur ce match - et les quatre prochains au Stade olympique - pour convaincre les amateurs que l'achat d'un abonnement saisonnier est un bon investissement. L'équipe n'en compte que 7600, beaucoup moins que les 13 000 espérés.

«Nos études de marché ont démontré un potentiel de 15 000 abonnements, explique le président de l'Impact. On devrait faire aussi bien qu'une ville comme Philadelphie. En affaires, tu te fixes des objectifs. Et tu es déçu lorsque tu ne les atteins pas.»

Cette déception, M. Saputo ne l'a pas cachée dans quelques entrevues. Il est ainsi fait: tout d'un bloc. La langue de bois n'est pas sa spécialité. À l'occasion, cela lui joue de mauvais tours, comme on l'a vu dans le passé. Mais cette tendance à parler avec son coeur le servira pour attirer à Montréal un joueur de dimension internationale. Car lorsque vient le temps de vanter sa ville, M. Saputo s'enflamme.

«Beaucoup de gars rêvent de Broadway ou Hollywood, dit-il. Mais Montréal détient de formidables atouts. Notre ville, ce n'est pas seulement des cônes orange dans les rues ou des ponts en réparation.

«On est une métropole internationale qui a beaucoup à offrir. Les joueurs européens aimeront leur séjour à Montréal. On a une belle façon de vivre. On offre un environnement nord-américain avec une culture européenne. Leur transition sera nettement plus facile ici.»

Le plus intéressant dans l'approche de M. Saputo, c'est de comparer son équipe à celles établies dans les plus gros marchés des États-Unis. Cette phrase est révélatrice: «Comme New York et Los Angeles, Montréal doit avoir un joueur désigné», dit-il.

C'est vous qui tentez de «vendre» Montréal aux joueurs pressentis?

Mes gens de technique leur parlent de sport. Mais je veux aussi que les joueurs voient que le propriétaire aime son équipe, qu'il est présent et engagé.

En MLS, plusieurs équipes font partie de petits empires sportifs où le soccer n'est pas la priorité absolue. Au Colorado, par exemple, le propriétaire Stan Kroenke détient le Rapids, mais aussi l'Avalanche (LNH), les Nuggets (NBA), les Rams de St. Louis (NFL) et Arsenal, en première ligue anglaise. La dynamique est forcément différente qu'à Montréal.

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Dans un monde idéal, les choses tomberaient ainsi en place pour Joey Saputo. D'abord, un record d'assistance demain pour un match de soccer professionnel à Montréal. Ensuite, de grosses foules lors des quatre matchs suivants au Stade olympique.

Enfin, l'arrivée d'un joueur désigné au début de l'été. Cela hausserait les chances d'atteindre le cap des 13 000 abonnements lorsque l'équipe établira ses quartiers au stade Saputo rénové en juin. «On a encore du temps pour atteindre cet objectif, dit-il. Les gens attendent peut-être de voir l'équipe qu'on mettra sur le terrain.»

Au bout du compte, l'Impact devra multiplier les efforts pour faire connaître la MLS. L'équipe possède une belle tradition, mais elle est identifiée depuis 18 ans à du soccer de deuxième division. Expliquer aux Montréalais que le calibre de jeu n'est plus le même constituera un défi.

Oui, l'Impact a déjà disputé un match en MLS. Mais il ne faut pas s'y tromper: l'aventure commence pour de bon samedi. En attendant l'arrivée de la grande vedette promise.

Bonne nouvelle pour le Parc olympique

Joey Saputo n'est pas le seul à se réjouir de l'importante foule attendue demain au Stade olympique.

David Heurtel, le président du Parc olympique, est tout aussi heureux. Surtout après le malheur du 4 mars dernier alors qu'une dalle de béton s'est effondrée dans un stationnement.

«Accueillir plus de 50 000 personnes valide la stratégie de relance du Parc olympique, dit-il. Un de ses piliers est la vocation sportive des installations. Une foule aussi importante confirme la pertinence et l'utilité d'un grand stade dans une ville comme Montréal.»

Quant au remplacement éventuel du toit du Stade, des nouvelles sont attendues plus tard au printemps.

Photo: Edouard Plante-Fréchette, La Presse

L'entraînement public de l'Impact au Stade olympique a attiré près de 2000 spectateurs, jeudi soir.