Dans la foulée de l'incident Chara-Pacioretty en mars dernier, un vent d'espoir a soufflé.

Peut-être que, cette fois, la LNH réagirait.

Peut-être qu'elle renforcerait ses règlements afin d'enrayer les coups à la tête.

Peut-être que les quatre réputés anciens joueurs (Shanahan, Blake, Yzerman, Nieuwendyk) chargés d'étudier la question oseraient là où leurs prédécesseurs avaient choisi le laisser-aller.

Peut-être que l'absence prolongée de Sidney Crosby, joyau du circuit, provoquerait une profonde remise en question.

Peut-être que le nombre élevé de commotions cérébrales inciterait les proprios à mieux protéger les joueurs, leurs principaux actifs.

Peut-être aussi, soutenaient les plus cyniques, que la LNH se contenterait d'une opération de maquillage et balaierait le problème sous le tapis.

C'est, hélas, la solution retenue. Les modifications aux règlements annoncées cette semaine illustrent à quel point la LNH souhaite davantage remporter une bataille d'image que s'attaquer à la racine du mal. Voilà pourquoi, avec son absence de doute habituelle, Gary Bettman s'est décerné une médaille en commentant les initiatives du circuit dans la lutte contre les commotions cérébrales.

Si la LNH s'autorise ce ton triomphaliste, c'est qu'elle a élargi l'application du règlement 48. Désormais, les coups visant la tête ne doivent plus nécessairement être appliqués d'un angle mort pour entraîner une sanction. Cela élargit le champ d'intervention des arbitres. Même si on est très loin de l'interdiction pure et simple de ces charges dangereuses, il s'agit d'une modeste amélioration.

En revanche, la pénalité statutaire prévue, jadis de cinq minutes, est transformée en pénalité mineure. La punition de match n'est plus automatique. Un arbitre pourra en attribuer une s'il estime qu'un joueur a délibérément voulu blesser l'adversaire, ce qui entraînera cinq minutes à court d'un joueur. Il n'en reste pas moins que la sanction de base a été réduite.

L'occasion aurait pourtant été belle d'accroître le nombre de coups sanctionnés par ce règlement tout en conservant les mêmes pénalités sévères automatiques. La LNH a préféré couper la poire en deux.

Et le Canadien dans tout ça? Il est désormais silencieux. En mars dernier, dans une lettre aux partisans, Geoff Molson exprimait son désarroi face à la situation en vigueur: «Je demande l'appui des 29 autres propriétaires d'équipe de la LNH afin que l'on puisse, sans plus tarder, enrayer cette situation. Je suis prêt à assumer un rôle de leadership parmi ce groupe.»

Hier, M. Molson ainsi que le DG Pierre Gauthier ont refusé de répondre à mes questions.

C'est évidemment leur choix. Mais, peu importe le libellé du nouveau règlement, je constate avec déception que le Canadien abandonne tout rôle public dans ce débat. Après sa déclaration audacieuse en mars dernier, Geoff Molson, et par extension Pierre Gauthier, laisse le champ libre à Brian Burke, patron des Maple Leafs de Toronto, qui profite de toutes les tribunes pour mousser son programme conservateur. Burke est opposé à tout règlement susceptible de diminuer le jeu physique dans la LNH.

On peut penser ce qu'on veut de Burke. N'empêche qu'il comprend les mérites de la communication publique. Tout bon politicien vous le dira: pour convaincre, il faut répéter, répéter et répéter encore. C'est ce que Burke fait. Avec ses images fortes («Si les gens veulent voir du hockey sans contact, qu'ils aillent en Europe»), il mousse continuellement ses idées. Il finit par influencer beaucoup de monde: décideurs, commentateurs, fans... Cela lui vaut une influence considérable.

Je sais pertinemment que Geoff Molson et Pierre Gauthier sont plus progressistes. Ils nous diront qu'ils préfèrent travailler dans les coulisses. Les résultats ne me semblent pas concluants.

* * *

Alors, la situation est-elle désespérée? Verrons-nous une autre saison où les commotions cérébrales se succéderont à un rythme infernal? D'autres joueurs de premier plan rateront-ils des dizaines de matchs? En l'absence de règlements musclés, cela est possible.

Le seul espoir réside dans la manière dont la justice interne sera administrée. C'est comme dans la vraie vie. Si la loi est floue, les tribunaux, chargés de l'interpréter, deviennent des quasi-législateurs en rendant leurs décisions.

Dans le cas du hockey, il n'y aura qu'un seul juge, Brendan Shanahan. C'est lui, le nouveau préfet de discipline de la LNH. S'il se montre sévère en décernant des suspensions, il enverra un message puissant et les choses changeront en mieux. Sinon, le dérapage se poursuivra.

«Les propriétaires, les directeurs généraux et les joueurs souhaitent des suspensions plus sévères dans certains cas, a dit Shanahan au site NHL.com. J'emprunterai cette direction.»

L'ancien attaquant possède une chance de laisser sa marque sur son sport. La saisira-t-il? Laissons la chance au coureur. Mais si on se fie aux modifications au règlement 48, adoptées sous sa recommandation, la réponse est non.

Le sport amateur en transformation

Pareil rassemblement n'avait jamais été tenu. Sous l'égide du Comité olympique canadien (COC), 52 des 53 fédérations nationales ont participé cette semaine au premier Sommet du leadership, à Ottawa. Les deux plus hauts dirigeants de chacune des fédérations étaient présents.

Historiquement, le sport amateur canadien a fonctionné en silos, chacun tirant la corde de son côté. Le COC, sous la direction de Marcel Aubut, veut modifier cette approche. L'objectif est de rendre le mouvement olympique canadien plus fort, plus dynamique et plus visible.

«Nous sommes en train de définir l'avenir, explique M. Aubut. On apprend à se connaître et à déterminer les besoins de chacun. Les fédérations nous expliquent leurs attentes envers le COC. Nous devons agir en catalyseur, notamment dans les représentations au gouvernement. L'ambiance est incroyable et on sortira de ce sommet plus forts et plus unis. Il faudra maintenant assurer un bon suivi.»

Sur la foi des spectaculaires résultats des Jeux de Vancouver, le sport amateur canadien poursuit sa transformation. À l'approche des Jeux d'été de 2012, on aura l'occasion de revenir sur ce sujet.

Quant à moi, je vous retrouve plus tard cet été.

Photo: AP

L'absence prolongée de Sidney Crosby, joyau du circuit, allait peut-être provoquer une profonde remise en question des règlements concernant les coups à la tête. Mais non.