Gary Bettman sera à Calgary ce week-end à l'occasion de la classique Héritage, un match en plein air entre les Flames et le Canadien.

Pour tout vous dire, j'ai déjà hâte de l'entendre. Plusieurs dossiers ont connu des rebondissements depuis la dernière sortie publique du commissaire, il n'y a que trois petites semaines, au match des Étoiles de la LNH. À cette occasion, M. Bettman avait commenté quatre enjeux.

D'abord, il avait calmé les ardeurs des partisans du retour des Nordiques: «Personne ne m'a appelé pour annoncer la construction d'un nouvel aréna à Québec.» Ensuite, il avait juré que la LNH n'envisageait aucune modification à ses cadres: «Déménager une concession ne fait pas partie de nos plans.»

Puis, il avait prévu que la vente des Coyotes de Phoenix progresserait au cours des 15 jours suivants: «Le temps presse, le train doit entrer en gare.» Enfin, il avait répliqué à ceux qui croient le jeu d'aujourd'hui trop violent: «L'augmentation du nombre de commotions cérébrales est d'abord due à des coups accidentels.»

Qu'en est-il aujourd'hui? Voyons un peu.

1- Le maire Labeaume a complété le financement du nouvel amphithéâtre de Québec.

2- Le copropriétaire des Thrashers d'Atlanta a évoqué le déménagement de l'équipe si un mécène ne sauve pas la concession.

3- Le train est encore attendu en gare de Phoenix.

4- La LNH a connu une recrudescence de violence au cours des 15 derniers jours. Plus grave encore, Sidney Crosby demeure sur la ligne de touche.

Au Québec, le dossier du retour de la LNH dans la Vieille Capitale demeure prépondérant. Si le nouveau Colisée ne se transforme pas en saga de type CHUM, l'amphithéâtre sera complété en septembre 2015. Il reste donc quatre saisons complètes de hockey avant l'ouverture. C'est très long pour une ville qui souhaite obtenir rapidement le retour des Nordiques.

La LNH, selon mes informations, ne s'opposerait pas à ce qu'une équipe évolue durant une période transitoire dans l'ancien Colisée si Québec obtenait une concession. Gary Bettman l'a assuré à Régis Labeaume dès l'an dernier. En revanche, les pertes dans le vieil édifice s'annoncent énormes. Dans les milieux bien informés, les plus pessimistes évoquent une fourchette de 20 à 30 millions annuellement.

Différents éléments pourraient réduire cette facture, notamment la péréquation en vigueur dans la LNH. Chaque saison, entre 12 et 15 équipes touchent des sommes pouvant atteindre jusqu'à 10 millions en vertu de ce plan de partage de revenus.

On peut aussi croire que la Ville de Québec structurerait son entente avec le futur propriétaire d'équipe de façon à amoindrir le choc financier jusqu'à l'ouverture du nouvel amphithéâtre.

Cela dit, le portrait demeure nébuleux quant aux compagnies ou aux individus susceptibles d'investir dans les néo-Nordiques. On connaît l'intérêt de Quebecor, qui possède à l'évidence de solides atouts pour séduire la Ville de Québec. Mais on ignore toujours qui pourrait accompagner Bell et evenko, qui souhaitent respectivement obtenir les droits d'appellation et de gestion du nouveau Colisée.

À première vue, la Corporation Power, propriétaire de La Presse et concurrente de Quebecor dans les médias écrits et numériques, semblerait une candidate potentielle. Mais selon mes informations, Power serait plutôt sur le point de conclure une entente avec le Groupe Tanguay, propriétaire des Remparts de Québec et d'une station de radio de la Vieille Capitale, afin de s'inscrire au capital-actions de cette entreprise de divertissement. Un investissement frôlant les 4 millions est évoqué.

Power pourrait-elle ensuite être intéressée à appuyer un groupe voulant doter Québec d'une équipe de la LNH? Là-dessus, les paris restent ouverts. Mais ce type de placement ne fait pas partie de ses habitudes.

Dans toute cette affaire, un des hommes-clés est peu connu des Montréalais. Il s'agit d'Yvon Charest, le président de l'Industrielle Alliance, une société dotée d'une capitalisation boursière de 3,2 milliards, et gérant des actifs frôlant les 60 milliards.

En novembre dernier, le maire Labeaume en a fait son négociateur en vue de conclure un accord avec des partenaires privés dans le dossier du nouvel amphithéâtre. Au fil des 10 dernières années, M. Charest a donné un essor formidable à son entreprise, qui emploie aujourd'hui près de 3500 personnes, dont plus du tiers dans la Vieille Capitale.

M. Charest a procédé à des acquisitions, notamment la société torontoise Clarington, spécialisée en fonds de placement. Aujourd'hui, le poids en Bourse de l'Industrielle Alliance dépasse ceux du quincailler Rona et du Groupe Jean-Coutu. Bref, c'est à un homme rompu aux pourparlers délicats, qui a aussi mené des affaires aux États-Unis, que les investisseurs intéressés au projet du Colisée doivent s'adresser.

M. Charest, qui jouit d'une réputation impeccable à Québec, joue gros dans cette affaire. D'un profil discret, son travail dans l'ombre a souvent donné des résultats spectaculaires. Il ne serait pas étonnant qu'il explore des pistes inattendues.

Tenez, en 1999, lorsque les Expos ont été mis en vente, qui connaissait Jeffrey Loria avant qu'il n'achète l'équipe? Et en 2001, qui avait entendu parler de George Gillett lorsqu'il s'est porté acquéreur du Canadien? Et lorsque ce même Gillett a mis l'équipe en vente huit années plus tard, personne n'avait envisagé qu'un consortium mené par les trois frères Molson enlèverait la mise.

Comme l'impression qu'on n'est pas au bout de nos surprises dans ce dossier.