Cette semaine, le conseiller municipal Éric Alan Caldwell du district d'Hochelaga-Maisonneuve a posé une question d'un intérêt public manifeste pour Denis Coderre, une question inspirée d'un sondage commandé par l'équipe politique du maire...

« Pensez-vous que la Ville de Montréal devrait investir de l'argent pour favoriser le retour des Expos ou une autre équipe professionnelle à Montréal ? »

C'est une question légitime qu'a posée le conseiller Caldwell, une question que bien des Montréalais se posent. C'est une question qui aurait mérité une réponse sérieuse du maire.

Denis Coderre a plutôt fait ce qu'il sait si bien faire quand il ne veut pas ouvrir son jeu : il a cabotiné. Réponse du maire, aux choix de réponses énumérés par M. Caldwell : « Quatre... Refus de répondre ! »

Et sur ce, il a ri de sa propre blague. Les autres membres de son équipe politique ont ri en choeur, apparemment ils trouvent le patron très drôle.

C'est déjà assez insultant que Denis Coderre continue de refuser de dire la vérité aux Montréalais sur l'argent public qu'il compte donner - ou pas - pour « aider » la Major League Baseball, mais la couche de mépris sous forme de rires gras du maire me fait un peu suer.

J'aimerais rappeler un truc au maire de Montréal, personnellement, moi le cave qui habite dans sa ville et qui paie des taxes municipales ici : le fric de Montréal n'est pas le sien.

Ce fric que je le soupçonne de vouloir verser à des milliardaires du baseball, comme il en a donné aux milliardaires de la F1, c'est celui des Montréalais, et la décence la plus élémentaire, en cette semaine où s'enflent les rumeurs sur le retour des Expos, serait qu'il commence à être transparent avec les Montréalais sur ses intentions quant à l'aide de Montréal aux Zamours 2.0.

Notre maire est le maître des séances de selfies improvisées avec les citoyens, on ne peut pas dire qu'il n'est pas proche des gens. Je vous suggère donc ceci, chers concitoyens, quand le maire sera proche de vous, demandez-lui simplement : « Combien ? »

Combien on va payer, pour le retour des Expos ? Directement, et indirectement ?

Parce que Stephen Bronfman, leader du groupe de gens d'affaires intéressés à ramener un club de balle à Montréal, l'a dit jeudi : il faudra que les gouvernements « fassent leur part ».

Faire des cadeaux à des milliardaires du divertissement, c'est un geste politique exceptionnel.

Alors j'ose une idée : que le maire consulte les Montréalais dans un référendum s'il veut donner une cenne aux milliardaires de son sport préféré.

J'ai souvent dit que je trouve odieux que l'argent public serve à financer les stades de hockey, de baseball, de football et de basketball professionnels : ce sont des industries richissimes qui font des milliards et qui auraient amplement les moyens de se payer des stades. Le résultat net serait le suivant : des stades plus modestes et des masses salariales plus modestes, mais qui assureraient néanmoins l'avenir des petits-enfants des voltigeurs et des catchers de la MLB.

Dans la Major League Baseball, chaque club vaut en moyenne 1,3 milliard de dollars US, selon le dernier recensement de Forbes. En 2015, les revenus combinés des 30 clubs étaient de 8,4 milliards US, en hausse de 500 millions sur 2014.

Mais le sport professionnel - à coups de lobbying et de chantage au déménagement - a réussi à faire cracher les pouvoirs publics pour lui construire des stades. Ça donne des situations folles comme celle des Yankees de New York, le club le plus riche du baseball (valeur de 3,4 milliards US), dont le stade construit au coût de 2,3 milliards en 2009 a été subventionné à hauteur de 1,2 milliard par les New-Yorkais.

Oui, oui, je sais, c'est toujours censé être une véritable mine d'or pour les villes, les provinces et les États qui « investissent » dans des stades.

On nous avait dit ça pour le Centre Vidéotron, les études étaient dithyrambiques : ça va être payant pour les contribuables !

On a su cette semaine que c'est pas tout à fait le cas : le Centre Vidétotron est déficitaire et la Ville de Québec doit casquer. Il faudra s'en souvenir, ces prochains mois et années, quand on va nous balancer à la gueule des études qui vont nous jurer qu'un stade de baseball à Montréal va joyeusement s'autofinancer... Études qui seront payées par ceux qui veulent que vos taxes paient un stade à une industrie hyper profitable de 8,4 milliards US.

Je sais que le Stade olympique sera plein pour ces matchs entre Toronto et Pittsburgh, ce week-end. Comme il était plein pour les premiers matchs d'avril, à l'époque des Expos. Après, rappelez-vous, les assistances tombaient bon an, mal an sous la moyenne de la Ligue nationale...

Qu'est-ce qui nous dit que la situation a changé ?

SPVM - Le chef Philippe Pichet a publié son plan d'action pour faire le ménage dans son Service de police de la Ville de Montréal, un SPVM durement entaché par des histoires nauséabondes de guerres de clans et d'instrumentalisation des affaires internes pour éliminer les « ennemis ».

Il manque trois choses dans ce plan pour être sérieux, si je me fie aux conversations avec des dizaines de policiers depuis des années : 

1 - Sortir les enquêtes internes du SPVM et les confier à un corps de police indépendant du SPVM, pour s'assurer que le déclenchement d'enquêtes (ou le refus d'enquêter) ne soit jamais motivé par des histoires de clans.

2 - Dresser une muraille de Chine impénétrable entre l'hôtel de ville et le SPVM : trop de décisions politiques sont imposées à la police (blocage de promotions, imposition de quotas de « tickets », etc.). Ce n'est pas pour rien que le maire Coderre parle de « son » chef de police.

3- Que le prochain chef de police ne soit pas issu du sérail actuel des commandants du SPVM : tous ces commandants sont de purs produits de la culture de rivalités malsaines qui est dénoncée depuis l'automne.

Y compris M. Pichet, ne lui en déplaise.

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

En réaction à une série de scandales récents, le chef du SPVM, Philippe Pichet, a présenté hier matin son plan d'action visant à changer complètement la culture de l'organisation d'ici les cinq à dix prochaines années.