Au micro de Paul Houde, mercredi soir, le député libéral de LaFontaine Marc Tanguay était au bord de l'apoplexie: «J'ai passé la pire journée de ma vie!»

Ce fut en effet une journée difficile pour le député: les lancers de tomates visant sa tronche avaient commencé la veille, en début de soirée, avec une dépêche de La Presse Canadienne. Et, mercredi matin, son boss Philippe Couillard lui a publiquement frotté les oreilles.

Titre de la dépêche: Marc Tanguay maintient une publicité sur un site controversé.

Résumé: le député s'est payé une pub sur le site du centre communautaire El-Fath, situé dans sa circonscription. Or, le site fait un lien vers une bibliothèque virtuelle qui présente, entre autres, des points de vue moyenâgeux sur la femme.

Oups.

Le journaliste de La Presse Canadienne, Martin Ouellet, citait ainsi Exemption du Coran des mensonges du calomniateur: «Si l'épouse de l'un d'entre nous n'accomplit pas sa prière ou refuse d'obtempérer aux ordres de son mari, celui-ci doit la corriger afin de ne pas la laisser détruire la cellule familiale, il ira même jusqu'aux coups, mais ces derniers ne doivent pas être douloureux.»

Le journaliste a fait son job: il a tenté d'obtenir la version du député. Ce qu'il a obtenu, c'est une déclaration écrite de Marc Tanguay où il affirme que rien ne lui permettait de penser qu'il n'aurait pas dû placer une publicité sur ce site. Et il a eu ces mots: «J'invite tous à faire preuve d'ouverture, de nuances et à ne pas tirer de conclusions hâtives. Comme député, jamais je ne placerais de la publicité sur le site d'un organisme que je saurais poser des gestes illégaux.»

De l'Europe, où il est en mission, Philippe Couillard a ordonné à son député de retirer cette pub en forme de nouvelle gomme religieuse sous le soulier libéral. Ce que M. Tanguay a fait.

Puis, plus tard, il a juré à Paul Houde ne pas vouloir «être associé à ça», qu'il l'a «su en même temps que tout le monde», en lisant la dépêche de La Presse Canadienne...

J'ai vérifié auprès de Martin Ouellet. Le journaliste a d'abord fait un appel au bureau du PM, mardi matin, en résumant l'affaire. On l'a invité à prendre contact avec le bureau du député Tanguay.

Deux fois, le journaliste a appelé pour solliciter une entrevue, chaque fois en résumant l'affaire. Chaque fois, on lui a dit que le député n'était pas disponible.

Marc Tanguay a tout de même envoyé à Martin Ouellet une déclaration écrite. Qui s'est retrouvée dans la dépêche. Et qui était complètement déphasée du contenu rapporté par le journaliste sur ces femmes qu'il faut violenter de temps en temps...

En entrevue, le député m'a dit qu'il n'était vraiment, vraiment pas disponible pour parler au journaliste Martin Ouellet, mardi. Relâche oblige. La chose m'étonne, quand même: La Presse Canadienne, ce n'est quand même pas L'Écho d'Amqui, avec tout le respect que je peux avoir pour ce temple de l'information régionale qu'est L'Écho d'Amqui. Me semble que si le correspondant parlementaire de la PC t'appelle, toi, l'élu, avec une histoire de pub douteuse portant une photo de ton visage sur un site, me semble que tu trouves cinq minutes pour le rappeler...

Non?

«Il y a un enseignement là», a admis Marc Tanguay, hier soir, quand il m'a rappelé.

Message d'intérêt public: parler à un journaliste avant la rédaction de son article vous évite de découvrir ce que ledit journaliste creuse «en même temps que tout le monde»...

Et - je dis ça, je ne dis rien - envoyer une déclaration écrite en réponse à une demande d'un journaliste qu'on n'a pas pris la peine d'écouter, c'est risqué comme un myope qui se brosse les dents sans mettre ses lunettes...

On risque de confondre le Crest et le Préparation H.

Et ça, croyez-moi, c'est pas l'fun.

Entre guillemets

Justin Trudeau est entré dans le club des mal cités, un club qui regroupe généralement des «victimes» de journalistes qui pendent les gens avec leurs propres citations.

M. Trudeau, lui, a été mal cité par son propre parti, qui lui a attribué les propos suivants dans un communiqué de presse du Parti libéral du Canada: «M. Nemtsov et moi nous sommes rencontrés à Ottawa, il y a à peine quelques mois...»

C'est Mikhail Kassianov, un autre opposant russe du Kremlin, que le chef libéral a rencontré en novembre.

Pas M. Nemtsov.

M. Kassianov, lui, est bel et bien vivant. Pour l'instant, a-t-on envie d'ajouter, vu la fâcheuse et mystérieuse habitude qu'ont les opposants de Vladimir Poutine de mourir brutalement, de causes pas naturelles du tout.

Message d'intérêt public, encore: quand c'est entre guillemets, c'est censé être vrai.