Des fois, t'écris sur des Grands Sujets Importants, et tu reçois trois courriels. Un pour, un contre et un autre dont l'auteur a lu quelque chose que tu n'as pas écrit. Des fois, t'écris sur un petit sujet sans importance et...

... Et le déluge, toi!

Ainsi, cette chronique où je confessais être Homo iPhonus, un humain à cinq pouces à chaque main, incapable d'installer une étagère au mur: des dizaines de courriels et 10 000 partages sur Facebook.

Tout le monde y est allé de son anecdote...

Comme Claude Paquette, qui me raconte une visite à la quincaillerie, en Estrie, où il possède une maison de campagne avec sa blonde. La porte achetée, madame demande au vendeur:

- Connaissez-vous quelqu'un qui peut nous installer ça?

- Pis lui, y peut pas? fait le vendeur en regardant monsieur.

- Ben non, répond madame, y peut pas. Il est juste décoratif à la maison...

À en juger par les messages reçus, nous sommes des milliers d'hommes décoratifs. Et nous sommes jugés sévèrement par ceux qui savent manier la drill, déboucher les toilettes, fabriquer un patio adjacent à la piscine hors terre.

David H. Albert, lui, croit que l'Homme a changé d'habiletés avec son époque: «Nous sommes devenus des hommes surspécialisés à apprendre (vite) pour survivre dans un monde urbain et technologique. Garder sa job (formation continue, performance, etc.), entretenir sa vie de couple, s'occuper de ses parents vieillissants...»

Sébastien Perron: «Je me suis reconnu dans ton texte. Mais en contrepartie, je sais parler à mes enfants, j'ai changé des couches, assisté à des réunions de parents, je dialogue avec mes jeunes et m'intéresse à eux, alors que nos pères ne faisaient en général rien de tout ça...»

Pas fou, pas fou du tout. Ce ne serait pas l'Homme qui change, dans le fond, mais bien le Père. Ça expliquerait le déluge de réactions: je parlais, au fond, de nos pères, bien plus que d'outils...

Les mots de Sébastien m'ont fait penser aux mots de Mélanie: «Mon père a bâti sa propre maison, il chasse le gibier. Il survivrait assurément à une guerre nucléaire. Mais parfois, j'ai l'impression de faire partie d'un autre monde...»

Robert Pineault, qui a enrôlé son fils dans les rénos quand celui-ci lui a demandé de finir le sous-sol de sa nouvelle maison: «J'ai décidé de lui montrer à pêcher plutôt que de lui donner du poisson.»

Il ne me lance pas son tournevis: «Ce que vous ne pouvez pas faire, personne ne vous l'a appris.»

C'est vrai. Mon père est parti trop vite, avant même que je n'achète mon chez-moi...

Andrée Plante me tance gentiment: ne pourriez-vous vous forcer un peu? «C'est tellement valorisant, me jure-t-elle, de regarder un robinet que l'on vient d'installer et qui fonctionne parfaitement.»

Quant à Pierre Rioux, il m'a écrit pour me révéler ce qu'il estimait être une grande vérité: «T'es con, Lagacé.»

M. Rioux, merci, je ne sais peut-être pas manier un marteau, mais ça, je le sais!

Yves Michaud

Des marteaux, passons à Yves Michaud, souverainiste historique, ex-délégué général du Québec à Paris et ami personnel de René Lévesque, comme il nous l'a toujours rappelé, avec la pompeuse ostentation de l'ancien combattant qui porte ses médailles pour aller à la boulangerie.

En animant le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), qui talonne notamment les grandes sociétés cotées en Bourse, il a fait oeuvre utile.

La transparence est la mère de toutes les vertus. Le Robin des banques a emmerdé les capitaines d'industrie et il faudrait plus d'emmerdeurs en son genre.

Mais dire à des Québécois de s'autodéporter s'ils souhaitent porter la kippa dans un Québec post-Charte des valeurs québécoises, c'est une forme d'intolérance.

Y a pas d'autres mots.

L'ethnonationaliste s'est exprimé franchement, décomplexé, comme tant d'autres, par ce débat.

Tout ça pour dire que Michaud, qui a depuis admis s'être «gouré» avec sa déclaration, m'a écrit récemment pour m'injurier, mécontent que j'aie dit publiquement ce que je viens d'écrire ci-haut.

J'ai donc répondu à M. Michaud qu'il pouvait retourner repasser ses chemises brunes en bandant (mou) sur sa conception ignoble de la Nation...

Enfin, quelque chose du genre. J'y vais de mémoire...

Et là, Michaud fait circuler ma réponse à ses contacts, pour dire à quel point je suis méchant. Des gens m'écrivent donc pour me reprocher de ne pas avoir traité le grand homme avec tous les égards auxquels il croit avoir droit. En mettant Michaud en copie conforme, espérant, j'imagine, qu'il leur fasse une demande d'amitié sur Facebook...

Avoir su que vous alliez diffuser mes mots pour un si large public, M. Michaud, je ne me serais pas retenu. J'aurais écrit vraiment tout le mal que je pense de vous.