«Sous les administrations des maires Jean-Noël Lavoie, Jacques Tétreault, Lucien Paiement, Claude Ulysse Lefebvre et Gilles Vaillancourt, les rumeurs de scandales, de ramifications troublantes et de combines douteuses n'ont jamais cessé de circuler. Il n'y a pas de fumée sans feu...»

C'est en 1993 que La Presse a publié cet éditorial.

L'affaire à l'origine de cet édito de 1993?

Une dénonciation publique de Spar Aerospace, qui tentait de faire décoller un projet de camp spatial pour les jeunes. Spar déplorait - je cite l'édito - «une tentative de prise de contrôle de l'administration du maire Gilles Vaillancourt et gonfler artificiellement les contrats de professionnels pour renflouer sa caisse électorale» !

Cessez de rire, je n'ai pas fini cette chronique...

Donc, l'agent officiel du PRO, parti de l'ex-maire Vaillancourt, est allé dire hier à la juge Charbonneau que tous les conseillers municipaux - sauf un - de Laval avaient participé pendant des années à un système de prête-noms pour financer les élections du parti.

Incluant le maire actuel, Alexandre Duplessis!

Avec de l'argent cash fourni par les firmes de génie!

Il n'y a pas de quoi être surpris. Avant les accusations criminelles portées contre l'ex-maire Vaillancourt, il y a eu des décennies de malversations rapportées par les médias. Le «système Laval», on en connaissait les contours. Ce qui se dit devant la juge Charbonneau en explique les rouages.

Ce qui est surprenant, c'est que la Sûreté du Québec n'ait jamais été capable de monter une seule enquête criminelle couronnée de succès à Laval, pendant toutes ces années. Surprenant quand on sait combien de gens étaient impliqués dans le système, quand on sait à quel point ses rouages étaient grossiers.

En 1993, après cet édito de La Presse, le maire de Laval s'était fendu dans nos pages d'une réplique indignée. Salve d'ouverture: «Non! Il n'y a pas un système secret à Laval, un complot qui impliquerait tous les niveaux de gouvernement dans une vaste supercherie politique qui prendrait racine à Laval.» La lettre finissait ainsi: «Laval est une ville jeune, audacieuse, quelquefois impétueuse, mais pas malhonnête.»

Bon, ok, là, vous pouvez rire...

Parlant de lettre qui fait rire, Alexandre Duplessis a écrit une lettre à ses employés, le 22 mai dernier. Le maire de Laval faisait le point sur les révélations lavalloises faites à la Commission. Quelques extraits:

«Nous découvrons, jour après jour, que des gens près de nous, en qui nous avions mis notre confiance, nous ont bernés.»

«Je suis vraiment persuadé, tout comme mes collègues élus, que ce que nous entendons [...] ne vise que quelques individus.»

«Tout comme vous, nous sommes sous le choc, je dirais même que nous sommes scandalisés.»

Très drôle, quand on sait que le maire et ses «collègues élus» auraient trempé dans un stratagème de prête-noms.

On a hâte que vous réagissiez, Monsieur le Maire, vous ne l'avez pas fait hier. Votre firme de relations publiques n'avait pas le temps de vous dire quoi dire?