Les diamantaires sont des gens qui font le commerce des diamants. Les diamenteurs? Des gens qui vous promettent une rivière de diamants en vous mentant impunément. Or, malheureusement, depuis ce printemps, les diamenteurs sont au pouvoir et se dédisent un peu plus chaque jour.

En 2012, Jean Charest et Christine St-Pierre, sa ministre de la Culture, ont annoncé en grande pompe qu'ils accordaient une aide financière de 30 millions au projet Le Diamant, une salle de spectacle multidisciplinaire dont rêve depuis longtemps l'homme de théâtre Robert Lepage.

Ce jour-là, rien n'était trop beau ni trop grand pour Robert Lepage. «Votre travail le commande et votre travail est tellement important», jubilait Jean Charest en qualifiant Le Diamant, qui se déploierait dans un édifice patrimonial de la place d'Youville, de «lieu de diffusion magique» et de «coup de coeur de gouvernement».

Christine St-Pierre, ce jour-là, en rajoutait une couche en clamant: «Nous allons voir naître ici, en plein coeur de Québec, quelque chose d'unique!»

Et puis le maire Labeaume, à court de qualificatifs mais pas d'arguments, a plaidé à son tour que Le Diamant allait ressusciter le Québec by night avant de lancer que ce théâtre miraculeux allait enfin attirer des humains dans le centre-ville. Insinuait-il que le centre-ville de la capitale nationale était peuplé d'extraterrestres? On ne l'a jamais su. Par contre, ce qu'on a su sans l'ombre d'un doute, c'est que Le Diamant était une priorité pour les libéraux et que rien, sauf peut-être l'apocalypse, ne saurait mettre en péril sa réalisation.

En campagne électorale au printemps dernier, Philippe Couillard a d'ailleurs repris le flambeau, jurant que s'il était élu, Le Diamant verrait le jour à Québec. Parole de futur premier ministre!

Puis, en juin, juste avant le début des vacances, le ministre Sam Hamad y est allé lui aussi d'une ultime garantie. Pas de doute possible: Le Diamant, ce bijou précieux placé stratégiquement entre le Capitole et le Palais Montcalm, brillerait de tous ses feux. Longue vie au Diamant!

Nous sommes, quoi, à peine six mois plus tard, et Le Diamant a disparu des documents budgétaires du gouvernement. Écarté, rayé de la carte, effacé! Fini, Le Diamant! Oublié, le lieu magique. Torpillé, le coup de coeur du gouvernement.

Même la CAQ, qui était pourtant contre le projet, n'a pu s'empêcher d'en faire le reproche au gouvernement. «Nous, au moins, on était contre et on en a payé le prix aux élections. Vous, vous avez fait semblant d'être pour», déplorait cette semaine Gérard Deltell.

D'aucuns plaideront comme lui que le Québec de l'austérité grimpante et galopante n'a tout simplement pas les moyens de se payer un théâtre de 30 millions (soit la mise du gouvernement québécois).

Je veux bien, mais le Québec avait-il les moyens de se payer un amphithéâtre de 200 millions, soit quatre fois le coût total du projet de Robert Lepage?

Si l'on oppose les deux projets, l'un sur le point de naître, l'autre sur le point d'avorter, on constate que le Québec a mis tous ses oeufs et ses millions dans le même panier. Par conséquent, aujourd'hui, il ne reste plus d'argent pour Le Diamant ni pour personne d'autre. Enfin, presque personne d'autre, puisqu'il semble toujours y avoir de l'argent pour rénover à grands frais des bureaux de circonscription qui n'en ont absolument pas besoin. Ou pour payer des salaires faramineux à des hauts fonctionnaires déplacés en raison de leurs allégeances politiques et qui sont maintenant grassement payés à ne rien faire.

L'argent, ou plutôt le manque d'argent, en l'occurrence, n'est jamais un obstacle. Mais pour un artiste et homme de théâtre de génie qui nous représente brillamment dans le monde entier, par contre, l'argent est subitement un problème. Curieux, quand même, non?

Robert Lepage dit qu'il n'y comprend rien. Pourtant, c'est simple à comprendre: au printemps dernier, les Québécois ont élu un gouvernement affairiste qui ne voit la vie qu'en termes économiques, qui ne pense qu'au fric, qui fait des coupes dans tout ce qui bouge, qui n'en a rien à cirer des livres et ultimement de la culture.

En principe, la décision de saboter Le Diamant n'est pas encore prise. En pratique, l'invitation à ses funérailles ne devrait pas tarder. Après l'esprit de discernement, ce qu'il y a de plus rare au monde, c'est les diamants et les perles. L'adage est de ce bon vieux Jean de la Bruyère. Le gouvernement Couillard gagnerait à s'en inspirer.

ON EN PARLERA BEAUCOUP

De Claude Dubois et des 90 jours de prison dont il vient d'écoper pour conduite avec facultés affaiblies avec des enfants à bord. Heureusement, la prison, il connaît ça! Mais trois ans sans conduire de bagnole, lui qui les collectionne à la tonne, ça va être l'enfer. Il va être obligé d'embaucher un chauffeur. Celui de Lise Thibault doit bien être libre, non?

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

De Noël dans le parc, une aventure et une belle tradition qui fête ses 20 ans et qui a commencé au parc Lahaie avec trois musiciens tziganes. L'année suivante, c'est le regretté Reynald Bouchard qui a instauré la tradition de la cabane magique, des feux qui réchauffent et de la forêt de sapins odorants. Noël dans le parc est aujourd'hui une belle organisation qui se déploie tant au parc Lahaie qu'au parc des Compagnons-de-Saint-Laurent et à l'esplanade du Parc olympique. Rien de mieux qu'une petite visite au parc pour se mettre dans l'esprit des Fêtes.