L'argent, l'argent. Arrêtez de vous en faire avec ça. Il n'y a pas que l'argent qui compte dans la vie. L'homme qui parle vient de se battre pendant 18 ans. Dix-huit longues années à défier en justice ceux qui lui ont volé l'oeuvre de sa vie: Robinson Curiosité, un projet de dessin animé dont les tribunaux ont reconnu le vol et le plagiat.

Aux yeux du commun des mortels, l'expression «oeuvre de ma vie» peut paraître un brin grandiloquente. Après tout, il n'est pas ici question de Guernica de Picasso ou de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, mais de dessins animés destinés à un public d'enfants. Pourtant, ce que la croisade de Claude Robinson contre ses voleurs a démontré avec éloquence, c'est que pour un auteur, il n'y a pas de petite ou de grande oeuvre. Il n'y a que l'oeuvre dans l'absolu, l'oeuvre dans laquelle un auteur projette tout ce qu'il est et tout ce qu'il a.

L'affaire Robinson est exemplaire sous plusieurs aspects. Mais ce que je retiens, c'est qu'elle est la démonstration parfaite du rapport intense et symbiotique qu'un auteur entretient avec son oeuvre. Robinson l'explique à merveille lorsqu'il raconte que, dès la première année à l'école, les profs prenaient les présences en le surnommant Robinson Crusoé. Tant pis si son prénom, c'était Claude, les profs ne pouvaient pas résister à cet amalgame cliché.

Pour combattre la prison d'une île perdue dans laquelle on voulait l'enfermer et se réapproprier son identité, Claude s'est inventé son propre surnom en reprenant sa plus grande qualité: la curiosité. Ainsi naquit Robinson Curiosité dans l'esprit de son auteur. Même si Robinson Curiosité n'existait pas encore sur papier, il s'était enraciné chez son auteur, prêt à émerger.

Cela se produira au début des années 80. Claude Robinson a 30 ans et le goût de se lancer dans un projet à son image et à sa ressemblance. Il écrit une douzaine de scénarios, ébauche une série de dessins. Pour le personnage principal, c'est facile, il n'a qu'à se regarder dans le miroir. C'est ce que font la plupart des auteurs. Ils se regardent dans le miroir et ils écrivent, composent, dessinent ou peignent ce qu'ils voient. Certains transposent. Claude Robinson, lui, se dessine tel qu'il se voit. Et pendant qu'il se regarde, il se voit ailleurs, quelque part dans un studio de Disney.

C'est ainsi qu'il embauche deux démarcheurs, Micheline Charest et Ronald Weinberg, et les paie 5000$ par mois pendant six mois pour qu'ils vendent son projet à Hollywood. Manque de chance, Robinson Curiosité sera abandonné dans son île et restera lettre morte. Du moins, c'est ce que croit son auteur jusqu'au jour, 10 ans plus tard, où, assis devant sa télé, il voit apparaître un clone de lui-même sous les traits de Robinson Sucroë. Le choc! Voir ce qui est sorti de ses entrailles, mais en version modifiée, dénaturée, plagiée le renverse et le rend fou de rage.

Cette réaction excessive, frôlant la folie, est peut-être difficile à comprendre lorsqu'on n'est pas l'auteur d'une idée. Une idée, cela n'a pas de corps ni de matérialité. Mais il suffit d'imaginer une situation où l'on aurait passé des heures à faire un gâteau, à coudre un costume ou à construire une cabane d'oiseau et qu'au bout de la journée, un voisin, un cousin ou un inconnu passe par là et s'en empare en prétendant injustement que ça lui appartient.

C'est ce qui est arrivé à Claude Robinson. On lui a volé en plein jour les fruits de son labeur. Le choc fut tel que Robinson a perdu 30 lb en quelques semaines. Sa barbe a blanchi du jour au lendemain. Il a sombré dans la dépression, a voulu se suicider. Pas parce qu'on lui avait volé un projet. Parce qu'on lui avait volé son image, son visage, son être.

Certains clament que l'histoire finit mal parce que même si Robinson a gagné sa cause devant la Cour suprême, il devra courir après l'argent que ses voleurs lui doivent. Mais l'important pour Robinson, c'est qu'il a retrouvé sa dignité et qu'à ses yeux, elle n'a pas de prix. J'ai passé 18 ans de ma vie à me battre contre des gens qui ne pensaient qu'à l'argent, je ne vais pas me mettre à leur ressembler, dit-il sans sourciller. Robinson est convaincu que ses avocats vont récupérer les sommes dues. Il a attendu 18 ans. Ce n'est pas un mois ou un an de plus qui vont venir à bout de sa patience ni de sa dignité retrouvée.

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