Dimanche soir à la télé de Radio-Canada, 1 million et des poussières de Québécois vont découvrir Gab Roy. Le blogueur, vlogueur et influenceur qui est toujours à une bière d'une controverse, d'une grosse connerie ou d'une mise en demeure, connaîtra la consécration suprême sur le plateau de Tout le monde en parle, ce qui n'a pas manqué d'enflammer les réseaux sociaux et de creuser définitivement le gouffre entre les amis de Gab et ses ennemis.

Depuis que j'ai appris la nouvelle, je me demande: est-ce que j'en parle? Le cas échéant, comment?

Si je me pose cette question, c'est que Gab Roy a déjà fait couler beaucoup d'encre. Le camarade Cassivi, qui ne peut pas le voir en peinture ni en pixels, l'a dénoncé à maintes reprises dans ses chroniques. Plusieurs autres chroniqueurs des médias établis l'ont fait aussi en le plantant joyeusement, avec raison. Parmi ses deux pires faits d'armes: une lettre ignoble et obscène qu'il a adressée à Mariloup Wolfe, dans laquelle, tel un gros porc à peine frais, il fantasme sur les ébats sexuels pas vraiment consentants qu'il pourrait avoir avec elle. Il a depuis retiré la lettre de son site et toute trace sur le web semble en avoir été effacée.

Son autre fait d'armes est une entrevue qu'il a réalisée pour le nouveau site trouble.voir.ca. Car Gab Roy a désormais une tribune légitime, cautionnée par l'hebdo culturel Voir. Dans cette entrevue, Gab Roy s'assoit au casse-croûte Le Capri pour manger une grosse portion de frites aplatie sous une épaisse couche de ketchup et confesser un con fini, voire un débile dangereux, arborant un crâne lisse et vide et une barbe de taliban. Pendant que Gab bouffe ses frites noyées de ketchup, l'énergumène débite des clichés misogynes et racistes qui feraient rougir de honte le doc Mailloux. Non seulement Gab Roy donne de la visibilité et de l'importance à cet habitant de la poubelle virtuelle, mais il l'affronte mollement, le contredit à peine et le regarde vomir sa merde idéologique en rigolant. Désespérant.

Certains diront que ni Gab Roy ni tous les produits avariés du Far Web ne méritent qu'on leur accorde une seconde de notre temps. Ils ont sans doute raison.

Mais qu'on le veuille ou non, ces types-là existent, occupent un espace virtuel grandissant, sont considérés comme des «influenceurs» et sont suivis par des milliers d'internautes qui boivent leurs propos. Les ignorer, c'est ignorer un pan de la réalité d'aujourd'hui.

Le web est un monde en soi, ça, tout le monde le sait. C'est un monde parallèle dont les réseaux sont, à mon humble avis, de moins en moins sociaux et de plus en plus sociopathes, c'est-à-dire affligés d'un trouble de la personnalité caractérisé par une tendance généralisée à l'indifférence vis-à-vis des normes sociales ainsi que des émotions et des droits d'autrui.

Cette définition du dictionnaire de la sociopathie me semble tout indiquée pour décrire ce qui se passe sur le web et sa banlieue trash, le Far Web.

Sous prétexte que le web est un contre-pouvoir aux médias officiels et à la société bien pensante, où la parole est libre et libérée des carcans de la rectitude politique, où tout, en fin de compte, est permis, l'indifférence déguisée en humour ou en diffamation y fleurit dans tout ce qu'elle a d'irresponsable et d'antisocial. C'est ainsi qu'on en vient à considérer que le viol virtuel d'une vedette de la télé n'est pas plus grave que ça. Après tout, c'est de la fiction. C'est ainsi qu'on laisse un type sorti de nulle part prétendre que les femmes sont des êtres inférieurs qu'on devrait pouvoir châtier. Pourquoi n'aurait-il pas droit à son opinion?

La seule réalité comptable qui importe, c'est le nombre de clics générés. C'est ce qui a fait de Guylaine Gagnon une vedette du web avant de la conduire à Pinel, où elle soigne depuis octobre un trouble bipolaire et un dédoublement de la personnalité. Mais qu'on ne s'inquiète, Guylaine prépare son retour sur les réseaux. Gab Roy doit jubiler.

ON N'EN PARLE PAS ASSEZ

Du budget du Conseil des arts de Montréal qui n'a pas augmenté, y compris sous la direction de Charles Lapointe, nommé à la présidence de son C.A. en décembre 2012. En quittant son poste, peut-être pourrait-il partager son indemnité de départ de Tourisme Montréal avec les artistes.

ON EN PARLE TROP

Des fausses séparations de couples connus. Les derniers en lice? Céline et René, sous prétexte que le 29 octobre, Céline a été vue sans son alliance. En réalité, Céline venait de faire la vaisselle et avait oublié son alliance à côté de l'évier.