Réglons une chose tout de suite: il n'y aura pas de poursuite, de mise en demeure ni d'injonction. Si Sugar Sammy s'attendait à ce que je pète les plombs à cause de son actuelle campagne de pub, il va être déçu.

Je n'ai aucun problème avec son message radio où il invite les gens à son spectacle en disant: amenez ce que vous voulez, votre kirpan, votre turban, votre crucifix, amenez qui vous voulez, mais pas NATHALIE PETROWSKI.

Dans les journaux, c'est encore mieux. Il annonce en grosses lettres clignotantes sous sa photo: TOUT LE MONDE AIME SUGAR SAMMY, SAUF NATHALIE PETROWSKI.

Qu'on se le dise: je suis ravie de cette pub. Je la trouve drôle, mordante, baveuse. Je me réveille même la nuit pour en rire.

D'abord, elle me replonge dans ma jeunesse alors que je débutais comme journaliste et que Sugar Sammy n'était même pas une particule élémentaire dans le sous-continent indien. C'était au milieu des années 70. En prévision d'une série de prestations à l'Outremont, Plume Latraverse avait fait placarder la ville d'affiches annonçant son spectacle. Dans le coin gauche de l'affiche, en petits caractères, il avait fait écrire la question: «Pensez-vous que Nathalie va aimer ça», une allusion à la critique caustique que j'étais à l'époque. Il y avait un brin de provocation dans cette petite phrase, mais il y avait surtout de la subtilité, ce qui, de toute évidence, n'est pas le fort de Sugar. Mais peu importe.

Ce que je veux souligner avec cette anecdote, c'est que Sugar Sammy n'a rien inventé et que, contrairement à ce qu'il pense, il ne descend pas seulement de ses ancêtres indiens, il descend aussi de Plume Latraverse. Voilà une chose de réglée.

Pour le reste, même si je suis contente que Sugar me fasse autant de publicité à la radio ou dans les journaux, je vois une bonne dose de mauvaise foi dans sa démarche.

D'abord, au lieu de citer des extraits de ma critique du spectacle You're gonna rire, il a choisi un tweet échangé un soir avec Pénélope McQuade. Vous me direz qu'un tweet est une parole publique. C'est vrai. Mais ma critique était pas mal plus nuancée. J'ai même écrit et je cite: «Quand Sugar plonge en français dans le multiculturalisme montréalais, qu'il nous raconte son enfance à Côte-des-Neiges... il est drôle, décapant, irrévérencieux, en un mot formidable!» Vous avez bien lu: FORMIDABLE. J'ajoutais: ça fait du bien de se promener avec lui dans cet univers si proche et si lointain.

Mon seul problème avec ce show, c'est quand Sugar passait à l'anglais et nous rabâchait ses vieilles jokes de cul. «Si Sugar s'était donné la peine d'écrire du matériel anglais original pour son show full franglais, ai-je écrit, il m'aurait convaincue à 50,1 %, mais de toute évidence, il s'est contenté de recycler du vieux stock testé dans toutes les soirées corpos de Dubaï jusqu'au Texas et de le greffer platement à son matériel français.»

C'est donc vrai que je n'ai pas aimé la moitié de son show, mais devinez quoi? Sugar m'a écoutée. La moitié anglaise a complètement disparu du spectacle En français svp qui fait l'objet de sa campagne de pub actuelle. Autrement dit, avec cette pub, non seulement il me cite mal, il fait de la fausse représentation sur mon dos. Mais je lui pardonne. Pas par grandeur d'âme. Pour des raisons strictement commerciales. Je viens tout juste de publier mon livre Portraits retouchés. Pour en vendre un peu plus que 12 exemplaires, j'ai besoin de toute la publicité gratuite du monde, quitte à la pirater sur une affiche de Sugar Sammy. Maintenant, tout ce que je souhaite, c'est qu'en voyant mon nom sur l'affiche de Sugar Sammy, un déclic se produise et pousse ses fans à courir acheter mon livre.

Si c'est le cas, autant dire que je vais m'empresser de lui envoyer un tweet court et sans nuances: merci pour la «plogue», Sugar...

On en parle trop

Du Bye Bye qu'on ne refera plus jamais ou pas avant quelques années ou même pas avant l'an prochain et puis, subitement, pour une raison inconnue, les paroles s'envolent, les promesses ne tiennent plus et c'est reparti pour une nouvelle édition avec exactement le même monde. C'est le syndrome Dodo version Véro 2.0. Mais bon, on chiale, mais on est content quand même.

On n'en parle pas assez

Du rayonnement des expos du Musée des beaux arts de Montréal. En même temps que le musée lançait à Montréal Splendore a Venezia, le Art Museum de Seattle inaugurait l'expo Pérou, royaume du Soleil et de la Lune, tandis que le Brooklyn Museum présentait l'expo sur Jean Paul Gaultier. Trois projets tous les trois made in Montréal. Bravo.