Selon le magazine Time, Lena Dunham est la personnalité la plus cool de 2012. Lena qui? Oui, je sais, vous n'avez jamais entendu parler d'elle, comme c'est le cas pour au moins 80 % des Américains. En dehors des cercles concentriques du jet-set de New York et de Hollywood, Lena Dunham n'est pas une commodité domestique. Mais cela ne saurait tarder. D'ici un an, tout le monde, ou presque, aura une petite idée de qui est Lena Dunham.

En attendant, la question demeure. Comment cette New-Yorkaise de 26 ans, un peu boulotte et pas vraiment canon, gosse de riche élevée à Soho entre une mère photographe et un père peintre, comment cette fille trop privilégiée a-t-elle réussi à se hisser au sommet du cool aux côtés de Ryan Gosling, le plus cool de 2011, et de James Franco, le plus cool de 2010? Pour une foule de raisons, la première étant son audace et sa témérité.

Voilà une fille qui, dans le sketch d'ouverture du dernier gala des Emmy, n'a pas hésité à se montrer en train de s'empiffrer de gâteau, assise nue sur un bol de toilette. Voilà surtout une fille qui écrit, réalise et joue dans Girls, la série qu'elle a créée pour HBO et dont la deuxième saison débute le 13 janvier prochain avec comme devise: «Poursuivre son rêve. Un faux pas à la fois.»

Qualifiée par la critique américaine de série qui a des couilles, Girls est l'antithèse de Sex and the City. On y retrouve pourtant quatre filles, liées par l'amitié. Mais au lieu de vivre dans l'Upper West Side, elles squattent des piaules minables de Brooklyn. Un peu perdues, un peu paumées, ces filles ont des histoires d'amour merdiques, des relations sexuelles glauques, des problèmes de MTS ou de grossesse non désirée et semblent unies par une seule chose: la peur de s'engager.

D'une certaine manière, à travers ces girls, Lena Dunham nous offre la radiographie crue de la génération Y, tendance hipster. Mais la vraie singularité de Girls est ailleurs, notamment dans le personnage de Hannah, interprété par Dunham, qui, la plupart du temps, parade nue à l'écran avec ses bourrelets et son corps imparfait.

Comme l'écrit Joel Stein du Time, la personne la plus cool de 2012 est une femme qui n'a pas peur de montrer ses failles, une femme qui porte moins de maquillage à la télé que dans la vraie vie et qui se filme volontairement nue sous son jour le moins flatteur et avec moins d'égards que ne le ferait un maître chanteur.

Lena Dunham affirme que sa mise à nu est un geste politique.

«Je me rends bien compte que ça doit gêner certaines personnes qui ne veulent pas voir ce genre de corps, potelé, corpulent, en surpoids, a-t-elle confié à Esquire. Parfois, d'ailleurs, je me demande pourquoi je suis devenue mon propre cobaye. En même temps, détester mon corps n'est pas ma tasse de thé ni la croix que je porte. Et j'en suis ravie.»

Ce mélange de candeur et d'assurance est à coup sûr ce qui fait la singularité de cette jeune femme qui s'assume complètement et qui n'en finit plus de nous jeter sa corpulence décomplexée au visage. Avec elle, on est à des années-lumière de l'anorexie glam d'une Sarah Jessica Parker, loin de la fantasmagorie des magazines de mode où les mannequins déifiées nous narguent avec leur perfection tranchante, nous plongeant par le fait même dans la pure détestation de nous-mêmes.

Lena Dunham a raison de dire que son corps est dérangeant. C'est vrai. On est si peu habitués à voir dans les médias des corps de femme ordinaires, avec tout ce que ça suppose comme défauts de fabrication, que le corps de Lena nous choque. Mais si l'on y réfléchit bien, le plus choquant, c'est que Lena Dunham est l'une des rares femmes sur terre qui n'angoissent pas sur leur corps et qui s'acceptent telles qu'elles sont, verrues et bourrelets compris. J'espère qu'elle deviendra un modèle et la fille qui, en 2013, nous fera avancer. Un faux pas à la fois.

On n'en parle pas assez

L'acquisition imminente des Films Alliance par eOne de Toronto pour la modique somme de 228 millions. Qu'adviendra-t-il du personnel montréalais et de la distribution des films québécois? Mystère total. Il faudra y voir.

On en parle trop

Nos résolutions pour 2013. Avez-vous remarqué? On passe le mois de janvier à énumérer fièrement nos résolutions et le reste de l'année, à ne pas les mettre en pratique.