D'abord les bonnes nouvelles. Si vous lisez cette chronique, si vous lisez ce journal, c'est que la fin du monde n'a pas eu lieu. Ce n'est pas pour me vanter, mais je l'avais prédit. La preuve, j'ai écrit cette chronique 24 heures avant la fin du monde, persuadée que la seule fin que nous allions connaître était celle de cette bulle maya bidon, gonflée médiatiquement pour remplir du temps d'antenne.

Mais bon, le fait que notre monde aussi magané soit-il, n'ait pas implosé ou explosé demeure une bonne nouvelle.

Maintenant les mauvaises nouvelles: puisque la vie continue comme si de rien n'était et qu'une nouvelle année est sur le point de chasser l'ancienne, nous allons devoir nous farcir pendant les prochains jours des revues à n'en plus finir sur l'année qui vient de s'écouler avec des millions de photos et de vidéos à l'appui.

Le Times a déjà lancé son numéro de 2012 de même qu'une foule de magazines d'ici, sans oublier les revues de l'actualité des réseaux d'infos continues, des bulletins d'information ni celles du journal que vous tenez entre vos mains, virtuellement ou pas.

Bien franchement, je ne comprends pas trop cette tendance lourde. Ce que nous avons vécu en 2012, nous l'avons vécu. Pourquoi doit-on nécessairement tout revivre et revoir mois par mois, coup bas par coup bas, catastrophe par catastrophe? Pourquoi doit-on relire le livre au complet alors qu'on arrive à la dernière page? Ça me dépasse.

Dans le cadre d'une revue humoristique comme le Bye Bye ou le spécial Infoman, la démarche est non seulement légitime, mais nécessaire à notre hygiène mentale. Mais pour le reste, je ne vois qu'une raison justifiant ces millions de revues politiques, économiques, sportives et culturelles de l'année. La raison? Notre amnésie collective.

Au pays de l'accélération des moyens de communication et de l'info continue, une nouvelle ne fait pas que chasser la nouvelle précédente: elle efface son titre, ses traces et jusqu'à son souvenir.

Cette évidence m'est apparue cette semaine avec la pub du Bye Bye 2012. L'avez-vous vue? C'est une pub bizarre qui commence avec une date - le 31 - puis enchaîne avec un plan de Louis Morissette qui appuie sur une touche de clavier, déclenchant sur les écrans devant lui, une parodie du clip de Party Rock Anthem de LMFAO.

Pour les plus jeunes et les plus branchés, genre mon fils, c'est clair qu'il s'agit d'un numéro du Bye Bye de l'an dernier, notamment parce que LMFAO est complètement out depuis que le Coréen Psy(chotique) qui danse en faisant du cheval est devenu affreusement in.

N'empêche que pour le reste de l'humanité vieillissante dont je fais partie, l'aspect has been ou trépassé de LMFAO n'est pas évident et rend donc cette pub confuse. Morisette regarde-t-il l'avenir ou le passé? Pas clair.

Et pourquoi le refrain de la chanson parodiée est-il, cette année on flushe Pauline alors qu'on vient de l'élire?

Bref, cette pub m'a confondue et encore quand davantage quand Pauline est apparue pour taper sur l'épaule de Morissette et lui lancer avec un grand sourire: il s'en passe des choses en une année!

Rassurez-vous, j'ai fini par allumer et par comprendre le concept de cette promo. Mais ce que j'ai surtout compris, c'est que le train furieux du présent écrase et broie tout sur son passage, éradiquant de notre mémoire les numéros du dernier Bye Bye comme les plus importantes crises de l'actualité. J'ai compris aussi que de cette chaîne continue d'événements qui ont embrasé la sphère publique, il ne reste plus en bout de chemin, en fin d'année, que des cendres froides et à peine fumantes.

Oui, Pauline, il s'en est passé des choses cette année, mais pourquoi ai-je cette drôle d'impression d'avoir déjà tout oublié?

Sur ce, chers amis lecteurs, je vous offre mes meilleurs voeux pour le temps des Fêtes et je vous souhaite du bonheur, de l'amour, de la belle neige fraîche pour Noël et un coup parti, la paix sur terre. De retour avec cette chronique le 5 janvier.