Il y a longtemps que je ne regarde plus Entertainement Tonight (ET), cette émission débile obsédée par les problèmes de cocaïne de Kirstie Alley (Kirstie qui?) et par la surcharge pondérale de Chaz Bono, le fils de Cher.

Mais au lendemain de l'élection de Barack Obama, je n'ai pas eu le choix. Je venais de m'installer pour une présentation prolongée du bulletin du soir de CBS, quand bang! mon serveur local a coupé court à ma soif d'information pour me balancer les sourires niais des deux poupées gonflables en forme d'animateurs.

Sauf que, pour une rare fois, ET parlait de politique et plus précisément du rapport d'Obama avec Hollywood. Or, contrairement à la campagne précédente où le président s'était gardé une petite gêne à l'égard du gratin hollywoodien - ce que le gratin lui avait d'ailleurs reproché -, ce coup-ci, Barack a fait un vrai Bill Clinton de lui-même.

Pendant la dernière année de la campagne présidentielle, il a assisté à 40 (!) soirées de collecte de fonds à Hollywood organisées par des amis comme l'acteur Georges Clooney ou le producteur milliardaire Jeffrey Katzenberg, cofondateur avec Steven Speilberg du studio Dreamworks.

Au total, selon ET, les virées hollywoodiennes de Barack lui ont permis de récolter la jolie somme de 78 millions.

Puis, pour amadouer le bon peuple américain et lui prouver qu'il n'était pas trop intello et qu'il pouvait aussi bien jouer le jeu que les vedettes de Hollywood, Barack a fait la ronde des talk-shows - Letterman, Leno, Jimmy Kimmel - avant de clore ce cycle stellaire en accordant une entrevue exclusive à ET pour parler avec Michelle Obama de sujets d'importance mondiale, comme la meilleure façon de maintenir le romantisme dans leur vie de couple.

Cette détente d'Obama à l'égard d'Hollywood et de sa culture n'a pas assuré la victoire du président. Mais elle a signalé à la communauté hollywoodienne un changement d'attitude et de ton, et a précipité dans le camp Obama une «liste A» de célébrités allant de Bruce Springsteen à Georges Clooney en passant par Beyoncé, Jay-Z, Tom Hanks, Billy Crystal, Sarah Jessica Parker, Eva Longoria et Leonardo DiCaprio.

Pourtant, plusieurs de ces vedettes, déçues par le premier mandat du président, par ses politiques jugées mollassonnes, par ses tergiversations au sujet du mariage gai, par la timidité de son programme d'assurance maladie et par ses promesses non tenues en Afghanistan, n'avaient absolument pas l'intention au départ de faire campagne pour lui ni de lui donner un sou.

Mais la décision du président d'appuyer enfin le mariage gai a eu l'effet d'un baume sur le monde hollywoodien. Le réalisateur Rob Reiner a confié au New York Times que, dans les minutes qui ont suivi l'annonce, sa femme et lui ont cessé de bouder Barack et ont immédiatement envoyé un chèque de 80 000$ à son organisation.

L'animateur Bill Maher, désenchanté par le manque de progressisme d'Obama, allait tirer un trait sur sa candidature. Mais la popularité grandissante de Mitt Romney lui a flanqué la frousse et l'a fait revenir à toute vitesse dans le camp Obama.

Pour Hollywood comme pour la moitié de l'électorat américain, ne pas soutenir Obama est devenu, en fin de course, l'équivalent d'un film de peur voué à une terrible finalité: l'élection de Mitt Romney. Face à cette catastrophe appréhendée, le choix ne se discutait même plus.

C'est ainsi que Barack Obama a fini par gagner la course.

Cette victoire aura un prix. Le président va devoir refaire un Bill Clinton de lui-même et ouvrir grandes les portes de la Maison-Blanche pour y inviter tous ses nombreux nouveaux amis de Hollywood. Et s'il veut vraiment honorer sa nouvelle image de président sympa et populo, il lui faudra aussi y inviter l'équipe d'ET pour une émission spéciale sur la vie quotidienne à la Maison-Blanche.

On n'y apprendra pas grand-chose, mais, au moins, ça nous changera des problèmes de drogue et de poids de Kirstie et de Chaz.

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On en parle trop

Le déclin du Blanc. Selon plusieurs républicains, la défaite de Romney est due au déclin démographique des Blancs à la faveur des Latinos et des Noirs. En les entendant, j'ai pensé à l'humoriste Michel Mpambara et au sketch où il se plaignait qu'il y avait trop de Blancs au Québec. Sauf que lui savait que c'était une blague.

On n'en parle pas assez

L'entente historique entre le promoteur immobilier Allied Properties, le Plateau Mont-Royal et le regroupement Pied Carré, afin que les artistes aient de l'espace et des ateliers pas trop chers pour créer. Pour les 30 prochaines années, le promoteur a accepté de réserver plus de 200 000 pieds carrés aux artistes au 5445 et au 5455 de Gaspé. Un exemple à suivre.