«Tabernacle, la Miss Météo débarque!» C'est ainsi qu'une journaliste française a subtilement accueilli l'arrivée de Charlotte Le Bon, la ravissante Québécoise de 23 ans qui fera désormais la pluie et le beau temps au Grand Journal de Canal».

Corps parfait de mannequin, grands yeux verts, longs cheveux bruns soyeux qui cascadent sur ses épaules de déesse, Charlotte Le Bon a tout pour plaire aux Français. En plus d'être belle à en baver comme en témoignent ses photos de pub pour Escada et Lolita Lempicka, elle est fraîche, drôle, spontanée. Et comme si ce n'était pas suffisant, la belle enfant a du chien et autant de tempérament que sa mère, la comédienne Brigitte Paquette. Bref, pas surprenant qu'elle ait été choisie pour remplir la case occupée l'an passé par Pauline Lefèvre et avant cela, par la mythique Miss Météo caustique et corrosive que fut Louise Bourgoin. Mythique n'est pas exagéré dans la mesure où Louise Bourgoin a vraiment révolutionné le genre en campant une Miss Météo intello et subversive qui rebaptisait ironiquement des livres à la mode et qui n'hésitait pas à se lancer dans des mises en scène extrêmes comme arriver couverte de faux sang pour inviter les gens à aller donner du sang.

Face à l'héritage de Bourgoin, le grand atout de Charlotte, c'est son énergie de fille des grands espaces. C'est le poids de son caractère intempestif et le front qu'elle a tout le tour de la tête. C'est aussi son accent québécois que les producteurs français ne lui ont pas demandé de gommer. Au contraire, ils le trouvent sexy et charmant, signe que les choses ont évolué depuis les blagues douteuses de Thierry Ardisson sur l'accent débandant des jolies Québécoises.

Le premier bulletin comico-météorologique de Charlotte tournait d'ailleurs autour de cette épineuse question. Charlotte s'est présentée en «perlant» un français aussi pointu qu'un talon aiguille avant de lâcher un tonitruant «hostie que c'est poche» et d'annoncer au public plié en quatre qu'une Québécoise qui fait la météo en France, ça ne marchera jamais, surtout quand la principale intéressée ne connaît que trois villes: Paris, Cannes et Mantes-la-Jolie. Ayoye!

Ce premier bulletin fut une belle réussite et un baptême des plus prometteurs pour la jeune Québécoise. Dès le lendemain pourtant, les choses se sont un peu gâtées. Et contre toute attente, ce n'est pas l'accent québécois de Charlotte qui a fait problème. C'est son élocution cafouilleuse, son manque de technique et le fait que, n'ayant jamais appris à livrer un texte en public, elle bafouille, trébuche sur les mots et gâche certains de ses punchs. Certains diront que ce sont précisément ces maladresses qui font le charme de Charlotte. Pour un temps peut-être, mais d'ici un mois ou deux, si Charlotte n'a pas amélioré sa technique et appris à contrôler sa nervosité et sa parole, la meute parisienne va se mettre sur son dos.

Son accent québécois sera tenu responsable d'une situation qui, en réalité, n'a rien à voir. Les vrais responsables, ce sont les producteurs qui ont voulu tout de suite croquer le joli bonbon québécois sans comprendre que pour faire des blagues et des folies à la télé, ça prend plus qu'un joli minois et du culot. Ça prend du métier, de la technique, une maîtrise de la parole et de la culture, oui de la culture.

Le numéro de la petite ingénue québécoise qui ne connaît rien, qui se fout de tout et qui a accepté de faire la météo par simple défi sportif, ça marche un temps, puis un jour, ça ne marche plus. J'espère que je me trompe. J'espère que le tempérament et la tête de cochon de Charlotte vont finir par triompher des obstacles et de l'adversité. En attendant, mes conseils à Charlotte: oublie ton accent, reprends le contrôle de ta parole, ne perds pas confiance et fesse dans le dash, fille.

Photo tirée de l'internet

Charlotte Le Bon.