Mission largement accomplie pour l'Orchestre Métropolitain (OM) et le chef Yannick Nézet-Séguin, qui terminaient hier, à Paris, leur première tournée en 17 ans de vie commune. Aussitôt que l'OM a fait entendre la dernière note des Variations Enigma d'Elgar, oeuvre qui clôturait le programme, le maestro a fondu en larmes. Ses musiciens n'ont pu également retenir les leurs. Dans ces yeux mouillés, il y avait beaucoup de choses...

Ce concert, présenté en fin d'après-midi à la Philharmonie, s'est amorcé par Les nuits d'été de Berlioz, interprétées par Marie-Nicole Lemieux. Du Québec, on ne réalise pas tout à fait à quel point cette chanteuse est une superstar. Son public parisien est particulièrement enflammé.

« On a aimé cette chanteuse tout de suite. Elle a un immense talent et elle est très sympathique. Nous sommes des fans », m'ont dit des membres du choeur de l'Orchestre national de Paris samedi soir. Ils assistaient au premier concert de l'OM et sont revenus dimanche pour applaudir la contralto québécoise qui a offert, à mon avis, sa meilleure performance de la semaine.

Le Français Jean-Guihen Queyras, a été, pour sa part, absolument grandiose dans le Concerto no 1 de Saint-Saëns. Avec beaucoup d'émotion, il a rappelé au public ses origines québécoises et a déclaré que cette tournée allait représenter un moment très important dans sa vie.

Les musiciens de l'OM rentrent aujourd'hui à Montréal. Ils reviennent certes fatigués, mais aussi remplis d'une incroyable énergie. Cet orchestre ne sera plus jamais le même, c'est sûr. Reste à savoir maintenant comment se poursuivra cette formidable ascension.

CARNET DE TOURNÉE

Pour cette dernière chronique sur la tournée riche en émotions de l'OM, je vous livre quelques photos que l'appareil Polaroïd installé dans mon cerveau a prises au cours de la semaine.

Photo émouvante... de la rencontre entre les musiciens de l'OM et ceux de Rotterdam (que Yannick Nézet-Séguin dirige depuis 2008) lors d'un cocktail à l'hôtel de ville. « Vous ne pouvez pas savoir la vue qui s'offre à moi en ce moment, a dit le chef, du podium où il se trouvait pour faire un petit discours. De vous voir tous ensemble, de voir les sections des orchestres mélangées, tout cela m'émeut beaucoup. »

Échographie... du bébé que porte la musicienne Myriam Pelletier. La petite fille, qui naîtra dans deux mois, a déjà des préférences musicales et elle ne s'est pas gênée pour les manifester durant les concerts. « Elle aime beaucoup Marie-Nicole Lemieux, les percussions dans la pièce d'Éric Champagne et les Variations Enigma d'Elgar », m'a dit Myriam.

Le monde de la musique classique a de l'avenir ! La relève se prépare !

Photomaton... avec le contrebassiste René Gosselin, qui fut mon compagnon de voyage à quelques reprises dans l'autocar. J'ai adoré qu'il me parle de la relation qu'un musicien entretient avec son instrument. René fait également partie de Quartango. L'ensemble vient de lancer un nouveau disque intitulé J'aime les nuits de Montréal (que j'ai écouté dans ma chambre et que j'ai beaucoup aimé). Quartango lancera ce disque dans le cadre d'un spectacle le 14 décembre (Journée internationale du tango) au Petit Outremont. À bon entendeur !

Diapositive... qui déclenche le rire quand l'animateur, chargé de préparer les spectateurs au concert de Rotterdam, a évoqué l'enfance de Marie-Nicole Lemieux. Avec son accent néerlandais, il a prononcé « Dolbeau-Mistassini » de façon tellement exotique. C'était d'un charme fou. Les gens de Dolbeau ne doivent pas se surprendre si des autocars remplis de Néerlandais débarquent chez eux l'été prochain.

Portrait... attendrissant des parents de Yannick Nézet-Séguin, venus assister à plusieurs concerts de la tournée de leur fils et son orchestre. Il fallait voir leurs yeux brillants quand leur progéniture venait saluer le public à la fin. Lors d'un entracte, ils m'ont dit que, grâce à leur fils, ils avaient la chance de voyager. « Il est bon avec nous », m'a dit sa mère. Je leur ai rappelé que c'est tout de même eux qui l'avaient engendré. « Mais vous savez, il nous procure tellement de bonheur », m'a dit sa mère avec un sourire attendrissant.

Arrêt sur image... de l'instant qui a suivi le Nimrod tiré des Variations Enigma d'Elgar, à la fin du concert d'Amsterdam. Ces secondes de silence ont arrêté le temps pour une éternité. C'est dans un moment comme celui-là qu'on comprend le pouvoir immense de la musique.

Photo François Goupil, fournie par l’Orchestre Métropolitain

Le chef Yannick Nézet-Séguin a dirigé les musiciens de l'Orchestre Métropolitain à Paris, hier soir.

Photo François Goupil, fournie par l’Orchestre Métropolitain

Le chef de l'Orchestre Métropolitain Yannick Nézet-Séguin dirige la contralto Marie-Nicole Lemieux et l'Orchestre Métropolitain.