René Angélil a été un boss. Toute sa vie, c'est lui qui prenait les décisions. Vendredi, lors de ses funérailles, on a compris qu'il aura été boss jusqu'au bout, décidant de la plupart des détails de cet évènement.

Si David Bowie a mis en scène sa propre mort, René Angélil a planifié dans ses moindres détails le cadre de ses funérailles, allant jusqu'à désigner Jean Lamoureux (réalisateur des galas de Star Académie) grand manitou de cet évènement diffusé simultanément sur LCN et RDI.

De la chanson Trois heures vingt qui a ponctué l'arrivé de Céline avec ses trois fils jusqu'à la sortie du cercueil sur Pour que tu m'aimes encore, ces funérailles auront été le dernier évènement dirigé par René Angélil.

On aurait pu s'attendre à la présence de fabuleux chanteurs pour rendre hommage au roi du showbizz québécois. René Angélil a plutôt choisi de nous faire entendre les chansons qu'il aimait de sa chanteuse préférée, sa femme, son amour. Choix naturel. Il a aussi choisi d'avoir une cérémonie hautement religieuse.

Avec sa voilette et une robe à la fois sobre et d'un chic certain, Céline Dion symbolisait la dignité. Entourée de ses deux plus jeunes fils, Eddy et Nelson, elle rappelait Jackie Onassis lors des funérailles de son époux par sa dignité et sa force.

Déjà la veille, son attitude lors de la chapelle ardente avait été exemplaire. C'était touchant de la voir prendre le temps d'écouter les visiteurs (de purs inconnus) et les regardant solidement dans les yeux.

Cet évènement a été l'occasion de découvrir l'adolescent qu'est devenu René-Charles. Il se dégage de ce jeune homme de 14 ans, plus à l'aise dans la langue de Shakespeare, une très grande maturité. Il avait une relation protectrice avec son père a raconté Céline Dion. Il ne faudra pas être surpris de le voir marcher dans les traces de son paternel bientôt.

La forte présence de célébrités a conféré à cet évènement des allures de tapis rouge. De Sonia Benezra jusqu'à Claude Meunier, en passant par Guy A. Lepage, Lise Dion et de nombreux politiciens, ils ont été nombreux à être happés par les journalistes qui se trouvaient sur le parvis afin de livrer un ultime témoignage à celui qui nous a quittés.

La question qui était sur toute les lèvres jeudi était : n'est-ce pas un peu trop tout cela ? À cela je répondrai que les chaînes d'information en continu en ont fait trop. Était-ce nécessaire de retransmettre aussi longuement la chapelle ardente ? Sur LCN, on a diffusé quasi au complet le défilement des milliers de fans venus rendre hommage à René Angélil, maintenant l'image de la basilique en mortaise dans un coin de l'écran.

Pensez-y un instant ! Céline Dion a eu des caméras braquées sur elle pendant six heures jeudi. Ses moindres réactions parvenaient dans les salons de centaines de milliers de Québécois. C'était trop.

On s'est beaucoup posé la question cette semaine : est-ce que René Angélil méritait des funérailles nationales ? On l'a vu vendredi, l'impact de cet homme est immense. Il a fait plus pour la reconnaissance du Québec à l'étranger que tous les organismes chargés de promouvoir l'image de la Belle Province dans le monde. 

Avant la cérémonie, Sophie Prégent, présidente de l'Union des artistes, a dit qu'il avait changé la perception que les artistes québécois avaient d'eux-mêmes. Le premier ministre Philippe Couillard est allé plus loin en affirmant qu'il avait « osé dire que nous étions les meilleurs ». L'incroyable assurance qu'il a procurée au Québec justifiait sans aucun doute un tel honneur.