Si vous me demandez quelles sont mes émissions préférées en ce moment, à la télé, je vous dirai que j'adore La galère, Sophie Paquin, le téléjournal de Céline Galipeau et les capsules de Mère indigne sur le site web de Radio-Canada. Et je suis sûre que je vais aimer Six dans la cité, le jour où j'aurai un dimanche après-midi libre pour la regarder. Mais de toutes les émissions de la programmation automnale de notre télé québécoise, celle qui me plaît le plus est probablement un petit magazine caché dans la grille de TV5, appelé Mixeur et produit par Info-Presse. Si vous ne l'avez pas regardée l'an dernier, la nouvelle saison commence mercredi, à 22h.

Mixeur est une émission qui parle de gastronomie et de design. C'est joli comme la cuisine de Josée di Stasio et moderne comme un jeune dessinateur d'Ikea. Assis dans le salon, on regarde ça pendant 25 minutes et on a l'impression de partir en voyage puisque les reportages se baladent partout, d'une pâtisserie française à Tokyo à un restaurant hyper informatisé de Londres, en passant par les jardins et les emballages hyper stylés de Copenhague et les belles assiettes de Montréal. On fixe l'écran et on est pendant une demi-heure dans une sorte de parenthèse, de spa pour l'esprit, où on remplace les mauvaises nouvelles par des idées nouvelles.

 

La personne derrière cette émission s'appelle Sylvie Berkowicz. Québécoise venue jadis de Paris, elle s'est fait connaître en réalisant les émissions Perfecto puis D à Musique Plus. Avant de regarder son Mixeur, je la connaissais sans le savoir, étant une grande adepte du site web de son concours Créativité Montréal, qui cherche à dépister les commerces montréalais les plus inspirants côté design.

Quand je l'ai rencontrée l'autre jour dans un café de Montréal, j'étais sûre qu'elle me proposerait une adresse savoureuse et top moderne. Le Cluny, peut-être, ou la terrasse du MüvBox. En fait, on s'est retrouvée chez Bagel Etc, le café voisin de son bureau, qu'elle aime bien «parce que c'est très Montréal» et parce que, même si l'espresso n'y est pas parfait, Leonard Cohen y passe souvent, ce qui laisse toujours un certain charme dans l'air.

Ensemble, on a parlé de restos, de design évidemment, de notre passion commune pour la Scandinavie. Mais aussi, on a beaucoup discuté de Montréal et de tout le potentiel inexploité de la ville. Et de l'impact des voyages sur la perception que l'on a de son environnement. Découvrir d'autres grandes cités, n'est-ce pas avoir constamment avoir envie de dire: «Tiens, pourquoi on ne fait pas ceci ou cela nous aussi, dans notre ville?»

Et c'est, effectivement, un des impacts de sa série. On n'envie pas les autres, lorsqu'on éteint la télé. On a plutôt la tête pleine d'idées. Et l'envie de découvrir, ici, ce qui fait notre originalité.

Le quartier préféré de Sylvie à Montréal? Pas du tout design, mais très coloré, c'est la partie centrale de Notre-Dame-de-Grâce, où elle habite, qui longe Sherbrooke Ouest plutôt que Monkland. Dans cette zone beaucoup plus multiethnique, complètement hétéroclite, se rencontrent notamment les gens des appartements à prix modiques bordant la voie ferrée du boulevard De Maisonneuve, les clientèles cossues du village Monkland et les étudiants de l'Université Concordia, campus Loyola. «En fait, mon quartier va des beignets polonais jusqu'à Akhavan, cette épicerie iranienne géniale. Je remercie le ciel, tous les matins, de mettre Akhavan sur mon chemin, dit-elle. Mais il y a aussi l'épicerie coréenne en face et la fruiterie sri-lankaise. Là, on fait des découvertes...»