Alors on panique au sujet de la H1N1? Ou alors on relaxe et on se dit que ce n'est qu'une grippe parmi d'autres, sur le ton du parent blasé qui ramasse des aliments échappés par terre pour en nourrir son enfant, en clamant que c'est bon pour les anticorps?

Stress ou désinvolture?

Si vous avez envie de vous inquiéter sérieusement, vous trouverez des arguments. Allez jeter, par exemple, un coup d'oeil au site web du gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger. Apparemment, M. Terminator a lui aussi envie de trouver qu'il faut avoir peur.

 

«So we stand ready to combat», «nous sommes prêts pour le combat», dit-il, empruntant un vocabulaire quasi militaire pour parler de la grippe comme si elle nous avait lancé un ultimatum guerrier. Nous prenons la menace au sérieux, explique-t-il en substance. Et vous devriez le faire aussi. Comme s'il n'avait pas déjà assez de feux à éteindre dans le sud de la Californie, le gouverneur en attise d'autres. La grippe a coûté la vie à 100 Californiens, rappelle-t-il. Et au diable les nuances...

En revanche, si vous êtes résolu à ne pas vous énerver, vous trouverez tout ce qu'il vous faut sur le site web de l'Organisation mondiale de la santé, et le tout dans un français impeccable et précis dont devraient s'inspirer nos rédacteurs gouvernementaux.

«Les études n'ont pas détecté de signes de mutation vers une forme plus virulente ou plus mortelle», écrit-on en écrasant d'une seule et froide phrase tout le catastrophisme des derniers six mois au sujet d'un éventuel retour automnal en force du détestable virus.

«Le tableau clinique de la grippe pandémique reste largement homogène dans tous les pays. Dans leur immense majorité, les patients continuent d'avoir une maladie bénigne», dit encore l'organisme.

Cela n'empêche pas l'OMS de noter des différences entre la grippe saisonnière habituelle et la H1N1, différences qui sont à l'origine des mouvements de panique face à la maladie. Donc, clan des inquiets, vous y trouverez de quoi vous mettre sous la dent aussi. On constate, par exemple, que cette grippe touche effectivement plus les populations jeunes que les autres influenzas. Toutefois, s'empresse-t-on de préciser, «bien que l'infection par ce virus puisse prendre des formes graves, voire mortelles, aussi chez les jeunes normalement en bonne santé, le nombre de ces cas reste faible».

Ouf.

Évidemment, l'OMS reste réaliste mais aussi diplomatique. Et derrière son calme, il y a des affirmations pas mal plus paniquantes qu'elles en ont l'air. Ainsi, lorsqu'on lit: «le problème le plus urgent auquel les services de santé risquent d'être confrontés sera de placer de nombreux patients sévèrement atteints en soins intensifs. Ces services pourraient alors être submergés et se retrouver dans l'impossibilité de soigner d'autres malades», il n'est pas insensé de se dire qu'au Québec, ça pourrait déraper.

Non pas à cause de la maladie comme telle, non pas parce qu'on ne saura pas la soigner, car on le saura, mais plutôt à cause de l'état fragile de notre système de santé.

Imaginez nos urgences déjà débordantes en temps normal, si la grippe se mettait soudainement à remplir les salles d'attente... Imaginez les soins intensifs déjà saturés...

La grippe, vous avez dit? Est-ce vraiment d'elle qu'il faut s'inquiéter?