Mon fils, qui est en congé cette semaine, m'a demandé hier matin si j'avais prévu des activités pour lui. Cinéma? Patin? Biodôme?

«Pas du tout, lui ai-je répondu, aujourd'hui, je t'emmène avec moi au festival Montréal en lumière. On va aller glisser et manger.»

 

C'est ainsi que nous sommes partis, tous les deux, pleins de bonne volonté et d'appétit, à la recherche d'activités gourmandes et ludiques dans la ville.

Premier arrêt: le Vieux-Port, la base des activités extérieures du festival.

Première constatation: tout est fermé, clos, placardé. Pas une âme qui vive.

Un peu déçus mais pas encore découragés, nous bifurquons vers la place Jacques-Cartier où est installée une immense glissoire de glace.

Re-désillusion: elle est là, elle est belle, mais elle est... fermée. Comme tout le reste.

Je ne m'attendais pas à ce que le bistro de la SAQ soit ouvert un lundi matin ou qu'il y ait des dégustations d'huîtres sur la glace, dans la rue. Mais de là à trouver le désert blanc... Même le kiosque Le Lait est barricadé.

Apparemment, j'aurais dû regarder le programme où j'aurais constaté que toutes les activités familiales extérieures ne sont ouvertes que le week-end et qu'à partir de midi.

Gelés par les rafales de vent enneigées qui transperçaient les rues pavées, nous rebroussons donc chemin, pour aboutir, sur le boulevard Saint-Laurent, chez Prato, un des participants du programme les Midis du festival à 12,95$ par personne.

Ça tombe bien parce que j'adore Prato, qui fait une des meilleures pizzas en ville, dans son immense four à bois. Mais une fois arrivé là, re-consternation. Rien n'indique quoi que ce soit de spécial lié au festival à part une affiche dans l'entrée. Bref, le buzz est à zéro. «Maman, elle est où la fête?», me demande mon petit, en dévorant sa salade César, tandis que je mords dans ma pizza aux asperges du menu festivalier.

La fête?

La fête, on se l'est faite nous-mêmes, tous les deux, en allant ensuite à la Maison du macaron, rue De La Roche. Après tout, c'est Paris le thème du festival cette année et quoi de plus parisien que des macarons à l'orange ou au caramel.

Autant la partie du festival qui consiste à jumeler chefs étrangers et chefs locaux est un succès et produit des résultats hyper-intéressants - d'ailleurs, bien des restaurants participants affichent complet et depuis un moment - autant la partie conviviale du volet gourmand est décevante et aurait sérieusement besoin d'un coup de pouce si le festival tient à aller chercher un public à l'extérieur d'un certain cercle de gastronomes avertis.

Le Festival de jazz et les FrancoFolies seraient-ils devenus ce qu'ils sont si les spectacles étaient tous payants et en salle?

Non. La chimie du festival passe par les activités de rue.

J'ai parlé du problème hier avec Germaine Salois, directrice du volet gourmand de Montréal en lumière et elle m'a dit qu'elle en était tout à fait consciente et qu'elle cherchait à le régler.

Toutefois, cela demande de généreux investissements en argent et en participation directe des restaurateurs. Bref, si on veut voir le festival descendre dans la rue, il faut que tous ceux qui ont ce projet à coeur cherchent idées et solutions.

Alors voilà. Je lance quelques suggestions. Utopiques? Pas tant que ça, non?

1. Déterminer une zone festivalière gourmande dans la ville. Pour assurer un achalandage durant toute la semaine, elle devrait être près d'un endroit très fréquenté, notamment par les travailleurs le midi, donc en plein centre-ville. Le Festival de jazz et les FrancoFolies accaparent de nombreux carrefours, pourquoi pas Montréal en lumière?

2. Suggérer à des gens comme Geneviève Grandbois, Chloé Gervais-Fréchette (des Chocolats de Chloé) ou Martin Cabanes des pâtisseries de Gascogne ou tout autre amoureux du vrai bon chocolat chaud, de se partir un bar à chocolat chaud de qualité pour ce festival qui est supposé célébrer l'hiver. L'idéal serait même une cantine roulante qui permette de déplacer la vente de chocolat chaud selon les activités du festival, quitte à l'installer au milieu de la rue Sainte-Catherine afin de créer un «buzz» festival. (Il pourrait y avoir une expérience semblable avec le café.)

3. Lancer un concours de soupe. La soupe, on peut en manger dehors, en hiver, cela fait partie de nos moeurs hivernales de leur demander de nous réchauffer. Et généralement, ça ne coûte pas trop cher. Alors pourquoi ne pas la célébrer, en lançant une compétition de soupes, à l'extérieur, où seraient invités des chefs de toutes les cultures? De la soupe aux pois québécoise aux potages légumiers français, en passant par la laksa indonésienne, la phô vietnamienne, le ramen japonais, le bortsch russe, la minestrone italienne... Il me semble qu'on pourrait avoir pas mal de plaisir avec une telle activité, qui pourrait se dérouler tous les midis du festival, dehors.

4. Demander à la Ville de Montréal, en projet pilote, de laisser tomber son interdiction de cuisine de rue durant le festival et lancer un appel à ceux qui seraient intéressés à transformer la ville en marché ouvert nordique et gastronomique durant une dizaine de jours. Un peu comme les «ventes de trottoir», mais avec un accent culinaire. On serait probablement éblouis de voir les cafés et les restaurants sortir chaises, tables, chaufferettes et couvertures à la scandinave, pour servir des plats et des boissons chaudes, à l'extérieur, en plein mois de février. Imaginez si votre bar préféré sortait des fauteuils et de grosses couvertures pour servir des cafés irlandais ou du vin chaud ou des chocolats chauds fortifiés, sous les flocons ou le soleil éclatant de février?

Là on aurait un vrai festival.

COUP DE COEUR: Pour les dumplings farcis à la soupe de Noodle Factory et le chocolat chaud de la Gascogne, le genre de choses qu'on aurait envie de savourer, dans la rue, dans le cadre d'une grande fête gourmande hivernale.

RECOMMANDATION: Anthony Boucher et Alison Johnson à La Porte, du 25 au 28 février, 60$ par personne. (514-282-4996 pour réserver)