Nous vivons une époque à double personnalité. D'un côté, on voit bien que la situation économique va mal. Les pertes d'emplois, les projets suspendus sinon annulés et l'écroulement de nos portefeuilles d'actions sont bien réels.

Mais d'un autre côté, la vie semble continuer comme si de rien n'était. Les visages bronzés qu'on voit un peu partout montrent que les gens partent quand même dans le Sud pour fuir l'hiver. Les files d'attente sont toujours aussi longues dans les centres de ski, et les pubs du Super Bowl coûtaient, cette année, 100 000$ la seconde.

 

Oui, NBC demandait cette année 3 millions pour une plage publicitaire de 30 secondes, soit 100 000$ la seconde.

Évidemment, quand on va chercher des audimats qui se comptent en dizaines de millions de téléspectateurs, on peut demander beaucoup. Mais n'y a-t-il pas quelque chose d'indécent, en pleine «crise», de parler de telles sommes pour de la pub?

Surtout que les annonces (que j'ai pu voir avec le signal HD de NBC), elles, sentaient la crise. D'abord par leurs sujets.

À la moitié de la seconde demie, par exemple, on avait l'impression que le Super Bowl n'en avait que pour Careerbuilder.com, un site web pour ceux qui se cherchent un emploi. On a vu notamment deux fois la même longue annonce mettant en vedette de façon assez drôle des gens exaspérés par leur emploi et qui devraient en chercher un autre, comme ce gars dont le voisin de bureau se décrotte les ongles d'orteils au travail...

Et puis, toujours côté crise, il y avait les annonces qui allaient droit au but, comme cette pub d'une société invitant les gens à lui envoyer de l'or en échange d'argent liquide!

Ou encore une autre, diffusée par une agence de voyages au rabais sur l'internet, mettant en vedette un William Shatner en train de parler à distance dans l'oreille d'un quidam, façon film d'espionnage, pour lui dire quels mots utiliser pour convaincre sa femme de partir en vacances malgré la situation économique.

Il y a eu aussi beaucoup d'annonces pour le réseau NBC, ce qui donnait l'impression que peut-être, dans le fond, les prix des plages publicitaires étaient effectivement trop élevés. Une chance qu'elles étaient parfois drôles, comme cette pub montrant un médecin débordé les jeudis soir par des patients qui avaient perdu leur derrière en regardant la télé à NBC. En anglais, «rire à en perdre les fesses» - to laugh your butt off - est une expression consacrée...

Mais les pubs sentaient aussi un peu la crise parce que leur qualité était, de façon générale, décevante. On était loin des spectaculaires annonces de Pepsi avec Michael Jackson et des Whazaaaaaaaa de Bud, dont on se souvient encore. À la place, cette année, Bud a construit une sorte d'histoire autour d'un cheval dont je me demande encore comment c'était censé nous convaincre de boire de la bière.

Pour ma part, la pub que j'ai préférée est celle de Pedigree, une marque de nourriture pour chiens. Elle montrait des gens qui avaient comme animal de compagnie, au lieu d'un chien, l'un une autruche, une autre un rhinocéros...

J'ai ri aussi à la pub de Hyundai où on voyait des dirigeants de compagnie de voiture allemand et japonais s'énerver en hurlant parce que Hyundai a apparemment gagné un prix important cette année pour un de ses véhicules.

On entendait donc les patrons cirer le mot Hyundai à qui mieux mieux entre deux mots en japonais et en allemand. Une voix hors champ expliquait en anglais qu'un des bons côtés de gagner un prix, c'est que les concurrents commencent à te prendre au sérieux et à dire ton nom comme il faut.

Et avez-vous remarqué que Toyota a fait une «annonce de char de luxe» hyper classique pour sa Venza, sauf qu'elle mettait en vedette un Noir. Effet Obama?