David Duguay a branché le fil dans la prise USB de son portable, et le petit pot de fleurs s'est illuminé, diffusant une douce lueur au travers de sa double paroi opalescente. Les diodes électroluminescentes qu'il recèle sont alimentées par la batterie de l'ordinateur. L'intention, explique poétiquement l'étudiant, est d'adoucir et d'humaniser l'univers numérique en lui adjoignant une part de nature.

Il est 19h, mercredi, mais les étudiants de deuxième année en design industriel de l'Université de Montréal hantent encore leur atelier. Les grandes tables carrées où ils ouvrent leurs ordinateurs portables sont couvertes de pièces de métal, de plastique, de verre...

Sur celle de David Duguay, les éléments d'une douzaine de pots éclairés sont empilés; il doit les assembler avec ses deux coéquipiers, Gabriel Proulx et Anne-Sophie Therrien. Ils les ont conçus, ils les ont fabriqués, et ils les mettront en vente dans moins de cinq jours.

Ce défi leur a été lancé dans le cadre de l'atelier Entrepreneurship en design. Il est dirigé par le designer Jean-François Jacques, chargé de cours à l'École de design industriel. Trois designers industriels, Michel Morelli, Claude Mauffette et Michel Swift, sont aussi tuteurs «un dream team pour l'école», lance M. Jacques. Le trio guide les étudiants, les conseille. «On les met aussi au défi, on les bouscule!» ajoute-t-il.

En équipes de trois, les étudiants doivent franchir toutes les étapes d'un processus de design, de la détermination du marché cible jusqu'à la vente en boutique!

«C'est une expérience enrichissante qui nous fait repousser nos limites, qui nous fait beaucoup apprendre sur la fabrication, les matériaux et la gestion d'un projet», commente David Duguay. Lui et ses coéquipiers ont fabriqué dans les ateliers de l'école les moules qui servent au thermoformage des coques de polystyrène de leur lampe-pot. Leur parcours n'a pas été facile. «On se butait toujours à des détails de construction, raconte l'étudiant. On a tellement fait de tests et d'achats de matériaux... On avait l'impression que, chaque fois qu'on réglait quelque chose, 10 autres problèmes se présentaient.»

Car les produits doivent être efficaces et durables, comme ceux qu'on achèterait en magasin une qualité manufacturière, dit Jean-François Jacques. «Les étudiants doivent faire des tests de destruction», indique-t-il. Les articles sont même assortis d'une garantie de 30 jours! Si le produit fait défaut, les étudiants sont tenus de rembourser l'acheteur, auquel ils auront fourni une facture en bonne et due forme. Et le projet doit être rentable.

Le résultat est souvent surprenant et original. Une équipe a conçu un étui pour transporter une souris avec son portable. Son rabat se déploie afin de servir de tapis. La pochette reste arquée sous l'effet d'une lame de polystyrène, et sert ainsi de support ergonomique pour le poignet. La finition est impeccable, les coutures sont parfaites, et on a même prévu une petite étiquette avec logo, qui surgit à la jonction de deux pièces.

Sur une autre table, un support à tube de dentifrice en acier inoxydable semble tout droit sortir d'une usine. Une autre équipe a fabriqué un plateau pour verres à liqueur l'alcool est une inspiration récurrente chaque année, indique M. Jacques, ce qui montre que les projets traduisent aussi les préoccupations des étudiants.

Les 19 produits seront mis en vente par leurs créateurs, demain à midi, au salon L'Oréal de HEC-Montréal, chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Détail: les étudiants ont six semaines, y compris la semaine de lecture, pour réaliser l'ensemble de leur projet. Et rappelons qu'ils suivent quatre autres cours.