C'est parti. Que vous le vouliez ou non, le lendemain de l'Halloween marque le départ du magasinage de Noël. Déjà, Protégez-vous a publié sa désormais classique revue annuelle des jouets.

Si la plupart des jouets sont des feux de paille, certains réussissent à s'installer durablement sur le marché et à devenir des classiques indémodables.

Les figurines Playmobil sont apparues en 1974. Les briques Lego ont été brevetées en 1958. Le jeu de construction Meccano a été inventé en 1901 !

Qu'est ce qui a fait leur succès et leur pérennité ? Ce sont à la fois des jouets bien conçus et des précurseurs. « Ils comblent les besoins ludiques des jeunes, ce que leurs prétendants n'ont par réussi à mieux faire «, observe André Desrosiers, professeur de design d'objet à l'École de design d'environnement de l'UQAM.

Ce sont des jouets à ce point fondamentaux et épurés qu'ils en sont intemporels. Le longeron percé de trous et les boulons du Meccano ne peuvent être simplifiés. Les briques Lego étaient suffisamment efficaces pour demeurer inchangées pendant 50 ans.

Playmobil constitue un cas particulier : une figurine est davantage marquée par son époque qu'un élément de construction. Or, le créateur du petit personnage, un ébéniste allemand, a mis trois ans à créer un modèle sans mode et sans âge, dont la simplicité s'inspirait des dessins d'enfants. Même en 2008, elle semble avoir été conçue la veille.

« Quand le jouet est une figurine achetée parce qu'il y a une émission de télé, quand ce support cesse, l'intérêt arrête en même temps «, fait valoir André Desrosiers.

Selon Francine Ferland, ergothérapeute, professeure émérite à l'Université de Montréal et auteure du livre Et si on jouait ?, une large partie de l'intérêt de ces jeux réside dans l'implication qu'ils exigent de l'enfant. « Ce sont des jouets polyvalents avec lesquels l'enfant doit devenir interactif. L'enfant doit décider ce qu'il veut en faire, ce qui l'amène à être créatif. « Elle rappelle l'opinion du pédiatre américain Fitzhugh Dodson, qui soutient que dans un bon jouet, 90 % du jeu vient de l'enfant et 10 % du jouet.

Ces trois jouets sont européens. Hasard ? Prédisposition culturelle à la qualité et la pérennité ? Les contre-exemples abondent dans les boutiques de jouets européennes, rétorque André Desrosiers.

Et l'Amérique du Nord compte aussi ses classiques. La poupée Barbie est apparue en 1959. En 1968, les petites voitures Hot Wheels ont balayé la concurrence britannique grâce à leurs roues à faible friction. Dinky Toy, la première petite voiture moulée en zinc, avait été lancée en 1934 par l'inventeur du Meccano, Frank Hornby.

Le jeu de construction Tinkertoy, fait de tiges et de disques connecteurs en bois, conçu en 1913, est toujours disponible. Dans son chalet, Francine Ferland en conserve un exemplaire des années 50. Il a suscité une curiosité polie chez ses petits-enfants. Le désintérêt est en partie causé par l'usure des pièces, estime Mme Ferland. Consciente du problème, le fabriquant a mis sur le marché une version tout plastique dans les années 80, mais curieusement, peut-être dans un rééquilibrage nostalgique de la gamme, les disques connecteurs sont à nouveau fabriqués en bois.

K'Nex, en 1993, a repris le principe à échelle plus fine et avec davantage de détails et de possibilités. Ce produit moulé en plastique a réussi à faire sa place sur le marché.

Car le plastique a sur le bois ou le métal cet avantage paradoxal qu'il ne se dégrade que lentement.

Rien n'est parfait : Playmobil, Lego et Meccano sont des jouets chers. C'est un reflet, là aussi, de l'importance accordée à la qualité et la durabilité.

Des jouets sans âge. Autant parce qu'ils défient le temps, que parce que les parents - les papas, notamment - s'y intéressent autant que leurs enfants. Les deux sont sans doute liés, d'ailleurs. Souvenirs, souvenirs...