Je ressens toujours un malaise envers les Golden Globes Awards. L'organisation a beau produire chaque année la plus amusante des cérémonies, j'ai du mal à comprendre l'importance démesurée qu'on lui accorde. Surtout depuis que j'ai l'occasion de croiser, au cours de rencontres de presse tenues à Los Angeles ou à New York, quelques-uns des membres de la fameuse Hollywood Foreign Press Association.

Cette association attribue ses globes dorés aux artisans du cinéma et de la télévision depuis maintenant 65 ans. Ils ne sont même pas une centaine. Tous des «journalistes» étrangers installés aux États-Unis, dont certains travaillent pour d'obscures publications, livrées dans autant de bleds perdus à l'autre bout du monde.

Or, leur influence a été indéniable au fil des ans. Pendant longtemps, la course aux Oscars était même dessinée à l'aune des préférences qu'exprimaient les membres de la HFPA. Les Golden Globes étaient en effet alors attribués avant même que les membres de l'Académie ne soient appelés à fixer leurs choix.

À cette époque, la production qui héritait du Golden Globe du meilleur film dramatique avait de bonnes chances d'obtenir la précieuse statuette quelques semaines plus tard aux Oscars. Cette année, le premier tour de scrutin visant à déterminer les productions en lice pour les Academy Awards prend fin tout juste la veille de la cérémonie des Golden Globes.

Depuis que la cérémonie des Oscars a lieu en février plutôt qu'à la fin mars, la donne a changé. Forcément. Et l'influence des Golden Globes diminue ainsi d'année en année.

L'an dernier, le lauréat du meilleur film dramatique fut Babel, et celui du meilleur film dans la catégorie «comédie ou film musical» était Dreamgirls. Aux Oscars, le film d'Alejandro Gonzalez Inarritu fut devancé au fil d'arrivée par The Departed. Et la comédie musicale de Bill Condon n'était même pas en nomination.

On remarque aussi, depuis quelques années, la prolifération de récompenses attribuées par différentes associations de critiques ou de professionnels. Chacune a sa résonance médiatique. Ces jours-ci, tout déboule. Les critiques de Los Angeles ont choisi There Will be Blood; ceux de San Francisco The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford; ceux de Boston, Washington et New York No Country for Old Men.

Les producteurs, cinéastes, acteurs, et autres artisans de différents «corps de métiers» se prononceront bientôt chacun de leur côté, par l'entremise de leurs associations respectives. Dans ce contexte, la cérémonie des Golden Globes ne devient qu'un élément de plus dans un processus complexe. En vue des Oscars, les Académiciens s'abreuvent désormais à plusieurs sources.

On pourra aussi trouver un peu bizarre le fait que les membres de la HFPA aient trouvé l'année cinéma assez remarquable pour sélectionner sept films dans la catégorie du meilleur film dramatique. De mémoire d'observateur, on n'a jamais vu cela. Ajoutez à cela les cinq productions retenues dans la catégorie des «comédies et films musicaux», et vous brouillez ainsi encore plus les pistes.

Pour avoir un meilleur indice du résultat possible de cette course, il faudra plutôt regarder de plus près la catégorie de la meilleure réalisation. En suivant cette logique, on peut d'ores et déjà affirmer que les productions favorites de la HFPA sont American Gangster (Ridley Scott), Atonement (Joe Wright), No Country for Old Men (Joel et Ethan Coen) et Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street (Tim Burton).

Encore là, un élément étrange: Julian Schnabel est sélectionné pour sa réalisation (Ronald Harwood l'est aussi pour son scénario) mais Le scaphandre et le papillon, sélectionné dans la catégorie du meilleur film étranger (une catégorie où, en passant, L'âge des ténèbres n'a finalement pas été retenu), ne figure pas dans la liste des meilleurs films dramatiques. Allez donc comprendre quelque chose.

On peut évidemment souscrire ou pas aux choix des membres de la HFPA. Les sept nominations d'Atonement me réjouissent plutôt; tout comme les sélections de No Country for Old Men. Je suis aussi ravi que le jeu extraordinaire de Julie Christie dans Away from Her ait été remarqué.

Cela dit, je trouve injustifiable l'absence totale de I'm not There dans les catégories de pointe. Fort heureusement, Cate Blanchett sauve quand même l'honneur du film de Todd Haynes en décrochant une nomination dans la catégorie de soutien. L'actrice australienne est par ailleurs aussi en lice dans la «grande» catégorie, grâce à sa performance éblouissante dans Elizabeth - The Golden Age.

Malgré ces écueils, je serai bien entendu rivé devant mon écran le 13 janvier. Même si je ne prends plus ces Golden Globes très au sérieux, il n'est pas question que je rate le meilleur «awards show» de l'année.

Viva Brazil!

Même si les films de Walter Salles, Fernando Meirelles et Carlos Diegues obtiennent généralement de beaux succès sur la scène internationale, on connaît finalement très peu la cinématographie brésilienne dans nos parages. Le Cinéma du Parc nous offre dès aujourd'hui l'occasion de nous familiariser un peu plus avec les nouveaux auteurs issus du pays d'Antonio Carlos Jobim.

La plupart des productions sélectionnées dans le cadre du Festival du film brésilien de Montréal seront projetées en vidéo HD, en version originale avec sous-titres en anglais ou en français, selon les séances. On peut obtenir tous les détails de la programmation sur le site internet du Cinéma du Parc (www.cinemaduparc.com). Un peu d'air du Brésil au beau milieu du mois de décembre? Moi j'achète!