Petit cachottier, va! Voilà que 10 ans après Un 32 août sur terre, Denis Villeneuve reprend le chemin de la Croisette grâce, cette fois, à un court métrage qui avait complètement échappé à notre radar. La première mondiale de Next Floor, un film sans dialogues, aura en effet lieu le mois prochain dans le cadre de la Semaine de la critique, une section parallèle du Festival de Cannes.

Hier matin au bout du fil, le cinéaste semblait être visiblement fier de son coup. Ce nouveau film, conçu entièrement à titre privé, annonce en effet une nouvelle étape dans la carrière d'un créateur qui, au cours des dernières années, s'est beaucoup remis en question. Le plus récent film de Denis Villeneuve, Maelström, remonte à l'an 2000 après tout.

«Il fallait que je prenne une pause, explique Villeneuve. J'aurais pu faire un autre long métrage à la Maelström mais je me serais probablement ensuite arrêté. Je me suis en effet tout simplement aperçu que je ne savais pas écrire! Je m'attaquais à des projets très formalistes, réalisés pour le plaisir de faire du cinéma. Je ne renie rien, mais je constate aujourd'hui que ces films n'étaient jamais enracinés dans une vraie réalité. Et je ne veux pas faire des films pour simplement faire des films.»

Le désir est revenu le jour où il est tombé sur Incendies, la pièce de Wouajdi Mouawad dont il assure la réalisation de l'adaptation cinématographique. Le premier clap devrait en principe se faire entendre en novembre. Puis est arrivé aussi Polytechnique, un autre projet «douloureusement inspirant», dont le tournage a eu lieu récemment. «Ça va déménager en crisse ! lance Villeneuve spontanément. Je ne sais pas si les gens vont l'apprécier, mais je sais que ce film a une âme, qu'il est vivant.»

Pris par ces deux gros projets, dont les thèmes n'ont rien d'une fiesta, le cinéaste, maintenant âgé de 40 ans, s'est empressé d'accepter la proposition que lui a faite la mécène Phoebe Greenberg l'été dernier. Pour rendre hommage à l'histoire d'un vieil édifice qu'elle possède, et dont l'intérieur devait être entièrement reconstruit, cette amoureuse des arts et de l'architecture a donné carte blanche à Villeneuve - assortie d'un budget conséquent - en lui suggérant l'idée d'un court métrage dont l'intrigue serait orchestrée autour d'un banquet. Elle voulait dans ce film une atmosphère aussi théâtrale que grotesque. D'où la naissance de Next Floor, un film dont le scénario a été écrit par Jacques Davidts, aussi auteur de Polytechnique.

«Ce court métrage, c'est un cadeau du ciel, le genre de conte de fées qui n'arrive qu'une fois dans une vie! s'exclame Villeneuve. Ce projet me permet d'exister à travers une partie de moi-même qui ne s'est jamais exprimée dans mes autres films. Il me donne aussi l'occasion d'explorer un registre que j'aimerais bien retrouver dans un long métrage. Tous ces projets m'ont redonné le goût de faire du cinéma comme c'est pas permis!»

L'an dernier, Denys Arcand expliquait qu'à son âge, sa vie ne dépendait plus du sort d'un film. «Mais je ne voudrais pas être à la place de Denis Villeneuve», ajoutait-il en faisant allusion à la position dans laquelle il se trouvait lui-même à l'époque où, au début de la quarantaine, il jouait quitte ou double avec Le déclin de l'empire américain.

«Oui, j 'ai souri quand j 'ai lu cela, commente Villeneuve. Parce que pour moi, la pression ne vient plus de l'extérieur. Un film comme Next Floor, je l'aimerai inconditionnellement, même si personne n'y voit les mêmes choses que moi. Il correspond à quelque chose d'important dans ma démarche. Pendant toutes ces années, j'ai travaillé sur moimême et j'ai pris le temps de vivre des choses. Mon rapport au cinéma a radicalement changé. La première fois où je suis allé à Cannes, je me souviens avoir été super agressif, hyper naïf aussi. Cette fois, je sais à quoi m'attendre. Tout ce que je compte faire aujourd'hui, c'est profiter du plaisir que j'aurai en allant présenter le film là-bas. Et boire une coupe de champagne avec Phoebe Greenberg!» On trinquera aussi à votre santé monsieur Villeneuve.

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Autour de la machine à café

Pas moins de 63 brillants travailleurs de l'information de La Presse, parmi lesquels plusieurs grands experts de la section des sports (mes voisins de bureau), se sont vaillamment inscrits à notre célèbre pool de hockey à la veille des séries éliminatoires. Devinez qui, après la première ronde des séries, trône présentement seul au sommet du classement? Deux indices: cette personne écrit sur le cinéma, et elle signe chaque vendredi une chronique dans ce journal. J'ai cru qu'il était de mon devoir de vous en informer.