Je ne vous dirai pas tout le mal que j'ai pensé de Cruising Bar 2. Je laisse au collègue Marc-André Lussier le soin de faire, la semaine prochaine, l'autopsie de cet impressionnant, de ce retentissant, de cet incontestable ratage.

Malgré les apparences, cette interminable «comédie» - qui m'a à peine arraché un sourire et dans laquelle Michel Côté incarne quatre personnages en quête d'un quelconque intérêt - n'a pas été tournée en quatre après-midi de 1989 puis conservée près de 20 ans dans un coffre-fort, dans le seul but de soutirer 2 millions de dollars aux guichets à des spectateurs nostalgiques.

Cela n'excuserait pas du reste l'indigence des dialogues, la vacuité du scénario, la réalisation bancale, les gags plats et le ridicule généralisé de ce désolant téléfilm, dont Radio-Canada a eu le culot de nous présenter hier le «making-of». (En passant, les publireportages de la télévision publique - ce dernier est commandité par Nissan - ne valent pas mieux que La boutique TVA et les infopubs de TQS.)

Vous dire tout le mal que j'ai pensé de Cruising Bar 2 prendrait davantage d'espace que cette chronique ne le permet.

Je vous dirai plutôt ce que Cruising Bar 2 m'a inspiré, c'est-à-dire une chronique sur les pires suites de films. On pourra toujours se consoler en se disant que le cinéma québécois n'a pas l'apanage du ratage.

10. Ocean's Twelve
Steven Soderbergh nous avait ravis avec Ocean's Eleven, film de bandits sympathiques qui dévalisent un casino de Las Vegas tenu par Andy Garcia. Même imposante distribution et même réalisateur chevronné pour la suite, mais au service d'un scénario alambiqué, autour d'une aventure européenne sans intérêt. Soderbergh a rarement été aussi peu inspiré.

9. The Next Karate Kid
On s'était bien amusé avec l'original «petit carreauté» Ralph Macchio, qui avait appris les rudiments des arts martiaux à la dure, en lavant la voiture et en peinturant la clôture de M. Miyagi (Dieu ait son âme). Dans cette suite sans queue ni tête, le héros a disparu (excusez du peu), Macchio ayant lui-même flairé le naufrage. En lieu et place, la très jeune Hilary Swank qui, sous les conseils de Pat Morita, n'a l'air d'aucune manière d'une future lauréate de deux Oscars.

8. The Matrix Reloaded
Des hordes de fans - informaticiens et amateurs de jeux vidéo de plus de 30 ans pour la plupart - attendaient la suite du film de science-fiction des frères Wachowski avec impatience. Ils ont été déçus par cette baudruche mettant de nouveau en vedette Keanu Reeves (l'acteur le moins doué de sa génération). Ce n'est pas parce qu'on a une bonne idée qu'on en aura deux (ou trois).

7. The Godfather Part III
Francis Ford Coppola avait fait mentir la règle de la suite avec The Godfather Part II, meilleur encore que le premier (phénomène rarissime). Le chapitre final de la célèbre saga familiale imaginée par Mario Puzzo tourne au ridicule avec l'idylle de la jeune Sofia Coppola (la pseudo actrice la moins douée de sa génération) et Andy Garcia (encore lui). Dommage.

6. Rocky IV
Rocky, écrit par Sylvester Stallone, est un bon film qui a remporté trois Oscars en 1976. Chacune de ses suites (il y en a eu cinq) a été plus mauvaise que la précédente, mais je retiens surtout ce combat ridicule entre Rocky et Ivan Drago (Dolph Lundgren) à Moscou. La foule, au grand dam des apparatchiks soviétiques, finit par soutenir Rocky, qui évidemment triomphe non seulement de son adversaire, mais du communisme (dans une subtile métaphore). À mon sens, le film qui a annoncé en 1985 le début de la fin de l'URSS...

5. Staying Alive
Sylvester Stallone ne s'en est pas tenu à la boxe (et à la guerre). Cette suite de Saturday Night Fever, écrite et réalisée par le Rocky du kodak, a toute la finesse de Rambo, mais sur les planches de Broadway. À mon sens, le film qui a annoncé en 1983 le début de la fin de la carrière (pré-Pulp Fiction) de John Travolta.

4. Taxi 2
Taxi était nul. Du cinéma français qui se prend pour du cinéma américain, à l'image de Luc Besson. Taxi 2 est encore pire.

3. Legally Blonde 2: Red, White and Blonde
On était tombé sous le charme de Legally Blonde, une comédie légère (mais beaucoup moins niaise qu'elle n'en a l'air) sur une Paris Hilton ingénue qui réussit ses études de droit à force d'entourloupettes et de charme involontaire. Reese Witherspoon a beaucoup de talent, que cette suite insipide, d'un premier degré risible, ne met pas du tout en valeur.

2. Star Wars: Episode I - The Phantom Menace
Tout fan de la première trilogie des Star Wars (j'en suis, sans en faire une maladie) considère cette suite en forme de prélude comme une hérésie. Sans l'humour décalé de Han Solo et les références à la Deuxième Guerre mondiale, Star Wars le prequel est devenu un divertissement sans conséquence pour enfants de 10 ans. George Lucas ne se remettra jamais de cet insupportable Jar Jar Binks.

1. Je pense à un titre récent, bien de chez nous. Je ne vous en dis pas davantage...