On ne compte plus les malheurs qui s'abattent sur X-Men Origins: Wolverine. Tournage apparemment difficile; divulgation sur l'internet d'une copie inachevée, téléchargée illégalement il y a un mois par des centaines de milliers d'impatients; annulation de la sortie du film au Mexique à cause de l'épidémie de grippe porcine. Là-bas, les salles de spectacle ne peuvent désormais même plus servir de refuge aux citoyens, ni de sanctuaire où il est permis d'échapper un peu à la réalité.

Un malheur n'arrivant jamais seul, les artisans de X-Men Origins: Wolverine doivent maintenant faire face à un nouvel écueil, encore bien plus grave: leur film est décevant. Très décevant.

Remarquez, cela n'empêchera pas la superproduction, dont le budget aurait dépassé les 165 millions de dollars, de faire le plein de spectateurs partout sur la planète. Le précédent volet de la franchise, The Last Stand, beaucoup plus faible que les deux premiers, a quand même généré plus de recettes, du moins sur le marché intérieur. Le troisième film tiré de la bédé-culte de Stan Lee avait recueilli 234 millions de dollars, comparativement à 157 millions pour X-Men, et 215 millions pour X2.

Sauf qu'à force d'aligner des épisodes moins relevés, le lien de confiance qu'entretiennent les admirateurs purs et durs envers la franchise risque la rupture à plus ou moins brève échéance. Et les dieux de toutes les adaptations de bandes dessinées au cinéma savent à quel point l'appui des inconditionnels est essentiel pour assurer le succès d'une telle entreprise.

À cet égard, on ne minimisera jamais assez l'apport d'un cinéaste dans ce genre de «films de producteurs», c'est-à-dire, dans ces projets conceptuels pour lesquels on embauche un réalisateur afin de mener un projet à terme.

Sam Raimi a, dans l'ensemble, bien tiré son épingle du jeu avec les Spider-Man. Christopher Nolan a fait renaître avec éclat la fièvre Batman.

Si la rumeur s'avère, il semblerait que J.J. Abrams pourrait réussir le même exploit avec Star Trek, issu d'une franchise que tout le monde croyait morte et enterrée. Bryan Singer avait de son côté établi de grands standards de qualité avec X-Men et X2: X-Men United.

Après un troisième opus qui n'a laissé de grands souvenirs à personne, réalisé par Brett Ratner (Rush Hour), les producteurs de la franchise X-Men ont fait un choix audacieux - et risqué - en recrutant Gavin Hood pour assurer la réalisation de Wolverine. Le cinéaste sud-africain s'était fait remarquer il y a trois ans avec Tsotsi, film lauréat de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, un drame social dont la nature n'a strictement rien à voir avec le genre de la superproduction hollywoodienne. Rendition, son premier film américain, avait pour cadre la guerre au terrorisme et les méthodes qu'utilisait le gouvernement Bush dans les prisons secrètes du Moyen-Orient. Échec public et critique.

Selon ce que rapportait récemment Entertainment Weekly, Hugh Jackman aurait insisté auprès du studio Fox afin que Hood soit embauché. L'acteur souhaitait en effet donner à ce nouveau volet un aspect plus rugueux, plus réaliste. Or, sans expérience à la barre d'une machine de guerre aussi énorme, il semblerait que l'estimé cinéaste ait été un peu dépassé par les événements. Le vétéran Richard Donner (Lethal Weapon) aurait en outre été appelé à la rescousse, du moins à titre de conseiller pour les scènes d'action.

Pourtant, certains auteurs-cinéastes se découvrent parfois une nouvelle vocation en s'attaquant à des superproductions (Singer, Nolan notamment). Mais d'autres, Jeunet (Alien: Resurrection), Forster (Quantum of Solace), et maintenant Hood (pour ne nommer qu'eux), ont du mal à y faire leur marque. Pour le prochain épisode (certains autres films tirés de la série «X-Men» seraient en préparation), il reste à souhaiter que le studio tire le bon numéro. La survie de sa franchise en dépend.

Tranche de vie

Ça y est. Après des années de résistance, la télé haute définition a fait son entrée chez moi. Et avec elle, l'ajout de nouvelles bébelles, dont un lecteur Blu-ray. Technologie formidable; clarté de l'image, profondeur sonore, etc. Est-ce à dire qu'il faille maintenant jeter toute la collection de DVD à la poubelle? Pas du tout. À l'occasion de la sortie cette semaine en disque Blu-ray de The Pianist, un titre de TVA Films, j'ai fait un test.

Précisons d'abord qu'en Blu-ray, le film de Polanski, lauréat de la Palme d'or à Cannes en 2002, est offert en version originale anglaise avec sous-titres français en option, ou en version doublée française (on me dit que ce n'est pas toujours le cas). Techniquement, la copie est impeccable, rien à redire là-dessus. Il n'y a toutefois aucun supplément, pas de livret de présentation, pas même le moindre petit feuillet explicatif pour accompagner le disque.

Du coup, je vais chercher le DVD du même film que TVA Films a mis sur le marché il y a quelques années. Coffret soigné comprenant deux disques, dont l'un contient de nombreux suppléments, parmi lesquels des documentaires, le journal de production, des trucs sur Polanski, bref, la totale. Je glisse le DVD dans le lecteur. Oui, c'est vrai. Il existe bien une différence sur le plan de la qualité de l'image, mais franchement rien de bien dramatique. À moins d'être un maniaque (je ne devrais pas être bien loin de ce statut pourtant), on peut très bien s'en accommoder. Ouf! Je peux garder ma collection.

Message aux producteurs de disques Blu-ray: pensez-vous vraiment que les gens vont racheter un titre en format Blu-ray en leur proposant simplement un produit peut-être techniquement supérieur, mais moins riche en contenus? Euh, non.