Vingt films, vingt cinéastes, une seule Palme d'or. Quel film succédera à Entre les murs de Laurent Cantet au palmarès du plus prestigieux festival de cinéma du monde? Notre chroniqueur Marc Cassivi, qui sera au Festival de Cannes du 13 au 25 mai, nous dresse un portrait des candidats, pour la plupart des habitués de la Croisette.

Étreintes brisées

(Los abrazos rotos) de Pedro Almodóvar (Espagne)

Toujours en quête d'une Palme d'or - plusieurs estiment qu'il la méritait pour Tout sur ma mère (Prix de la mise en scène) ou encore Volver (Prix du scénario) -, Almodovar retrouve son égérie, Penélope Cruz, dans Étreintes brisées, l'histoire d'un homme qui perd la vue et la femme de sa vie dans un accident de voiture. Le film, qui a déjà pris l'affiche en Espagne, a été accueilli tièdement par la critique. Le jury sera-t-il d'un autre avis?

Fish Tank

d'Andrea Arnold (Grande-Bretagne)

Prix du jury en 2006 pour Red Road, Andrea Arnold s'intéresse dans Fish Tank au bouleversement d'une dynamique familiale, à travers les yeux de Mia, une adolescente de 15 ans qui voit sa mère s'amouracher d'un nouvel homme.

Un prophète

de Jacques Audiard (France)

Prix du scénario à Cannes pour Un héros très discret, Jacques Audiard propose après Sur mes lèvres et De battre mon coeur s'est arrêté, des oeuvres fortes et singulières, Un prophète, qui relate l'ascension fulgurante d'un orphelin d'origine maghrébine dans l'univers carcéral français.

Vincere

de Marco Bellocchio (Italie)

Le vétéran cinéaste (Le diable au corps, Le sourire de ma mère, Il regista di matrimoni) raconte l'histoire du fils illégitime que Benito Mussolini a eu avec sa maîtresse Ida Dalser.

Bright Star

de Jane Campion (Nouvelle-Zélande)

Palme d'or en 1992 pour La leçon de piano, première réalisatrice a être couronnée à Cannes, Jane Campion s'intéresse à la vie et aux amours du poète John Keats dans Bright Star, son premier long métrage depuis le thriller raté In the Cut, en 2003.

Map of the Sounds of Tokyo

d'Isabel Coixet (Espagne)

Dans la foulée des inspirés My Life Without Me et The Secret Life of Words, mais après le décevant Elegy, la cinéaste catalane Isabel Coixet s'offre une première présence en compétition avec Map of the Sounds of Tokyo, un thriller mettant en vedette une poissonnière qui se transforme à ses heures en tueuse à gages.

À l'origine

de Xavier Giannoli (France)

Xavier Giannoli s'est fait remarquer en compétition à Cannes, en 2006, avec l'émouvant Quand j'étais chanteur. Le cinéaste de 37 ans retrouve Gérard Depardieu pour ce récit mettant en scène un escroc sans envergure qui s'enferme dans le mensonge en se faisant passer pour le chef de chantier d'une autoroute.

Le ruban blanc

(Das weisse band) de Michael Haneke (Autriche)

Grand Prix du jury pour La pianiste en 2001, Prix de la mise en scène pour Caché en 2005, Michael Haneke doit espérer que cette fois-ci sera la bonne. Le ruban blanc, premier long métrage de l'Autrichien tourné dans sa langue maternelle depuis le troublant Funny Games (version originale), en compétition en 1997, s'intéresse à la montée du fascisme en Allemagne, à l'aube de la Première Guerre mondiale.

Taking Woodstock

de Ang Lee (Taiwan)

Malgré une filmographie impressionnante, Ang Lee ne concourt qu'une deuxième fois pour la Palme d'or (après The Ice Storm, en 1997). L'habitué de la Mostra de Venise (Lion d'or pour Brokeback Mountain en 2005 et pour Lust, Caution en 2007), en véritable caméléon - de Hulk à Tigre et dragon, le spectre est large -, s'attaque à la comédie avec Taking Woodstock, scénarisé par son complice James Schamus, sur le célèbre festival de 1969.

Looking for Eric

de Ken Loach (Grande-Bretagne)

Abonné du Festival de Cannes (Prix du jury à Hidden Agenda et Raining Stones, Palme d'or en 2006 pour The Wind That Shakes the Barley), Ken Loach creuse le sillon de son cinéma réaliste grâce à ce Looking For Eric, à propos d'un postier déprimé, fanatique de soccer, qui prend des leçons de vie du plus philosophe des joueurs (le célèbre Eric Cantona).

Nuits d'ivresse printanière

(Chun feng chen zui de ye wan) de Lou Ye (Chine)

La présentation, sans l'autorisation des autorités chinoises, de son film Palais d'été en compétition, en 2006, a valu à Lou Ye une interdiction de tournage de cinq ans en Chine. Le cinéaste de Suzhou River présente néanmoins à Cannes Nuits d'ivresse printanière, une histoire d'amour homosexuelle que l'on dit torride.

Kinatay

de Brillante Mendoza (Philippines)

Le cinéaste philippin Brillante Mendoza s'est fait remarquer l'an dernier en compétition avec Serbis. Kinatay raconte l'histoire d'un jeune homme qui, pressé de trouver de l'argent pour payer son mariage, accepte un boulot sans savoir qu'il lui faudra tuer une femme.

Soudain le vide

(Enter the void) de Gaspar Noé (France)

Premier long métrage de Gaspar Noé depuis le sulfureux Irréversible, qui avait soulevé la controverse en compétition, en 2002, Soudain le vide adopte une forme tout aussi avant-gardiste, selon le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux. Ce film de science-fiction surnaturel et cauchemardesque, tourné au Japon, est décrit comme un «maelström hallucinatoire».

Thirst, ceci est mon sang

(Bak-Jwi) de Park Chan-wook (Corée-du-Sud)

Grand Prix du jury en 2004 grâce à Oldboy, Park Chan-wook propose un film de vampires, Thirst, ceci est mon sang.

Les herbes folles

d'Alain Resnais (France)

Doyen de la compétition à 86 ans, le cinéaste de la Nouvelle Vague est de retour en sélection officielle pour la première fois depuis 1980 (Mon oncle d'Amérique, Grand Prix du jury). Cinquante ans après Hiroshima mon amour, il y retrouve certains de ses acteurs fétiches, André Dussollier et Sabine Azéma - sa compagne à la ville -, dans Les herbes folles, l'histoire de Marguerite, qui n'avait pas prévu qu'on lui volerait son sac à la sortie d'un magasin, et de Georges, qui, s'il avait pu se douter, ne se serait pas baissé pour le ramasser dans le parking...

The Time That Remains


de Elia Suleiman (Palestine)

Prix du jury en 2002 pour Intervention divine, sur l'absurdité du conflit israélo-palestinien, l'acteur-cinéaste Elia Suleiman signe avec The Time That Remains le portrait autobiographique d'une famille palestinienne depuis la fondation d'Israël jusqu'à nos jours.

Inglourious Basterds

de Quentin Tarantino (États-Unis)

Seul cinéaste américain dans une compétition dominée par l'Europe et l'Asie, Palme d'or il y a 15 ans pour Pulp Fiction, révélé à la Quinzaine des réalisateurs par Reservoir Dogs, l'enfant terrible de Cannes revient sur les lieux du crime. Inglourious Basterds, campé en France sous l'Occupation, avec notamment à l'affiche Brad Pitt et Diane Kruger, se présente comme un film hyper violent, tarantinesque, sur le thème de la vengeance. Des soldats juifs américains, déguisés en civils, sèment la terreur chez les nazis, sur fond de musique hardcore... Qu'en pensera Isabelle Huppert, présidente du jury, qui aurait levé le nez sur un rôle que lui offrait le cinéaste iconoclaste?

Vengeance

de Johnnie To (Hong Kong)

Johnnie To, prolifique auteur de polars, retrouve la compétition officielle, quatre ans après Election, grâce à Vengeance, l'histoire d'un assassin devenu chef cuisinier français, interprété par Johnny Hallyday (!), qui se venge du meurtre de sa fille à Hong Kong.

Visage

de Tsai Ming-liang (Taiwan)

Pour sa troisième sélection officielle, le Taiwanais Tsai Ming-liang (I Don't Want To Sleep Alone) se tourne vers la France avec Visages, un film sur le mythe de Salomé, tourné et produit par le Musée du Louvre, mettant en vedette une constellation de stars françaises dont Mathieu Amalric, Jeanne Moreau, Laetitia Casta, Fanny Ardant et Nathalie Baye.

Antichrist

de Lars von Trier (Danemark)

Chouchou de Cannes (Palme d'or pour Dancer in the Dark en 2000, Grand Prix du jury pour Breaking the Waves en 1996, Prix du jury pour Europa en 1991), Lars von Trier se paie un film d'horreur. Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg sont de la distribution d'Antichrist.