Le plus poétique, bronzé, bouleversant, cru ou humain: une sélection de films en 30 catégories.

Le plus poétique:

Still Life de Jia Zhang-ke. Un film contemplatif, d'une indolence langoureuse, qui regorge d'images saisissantes, voilées par la lumière diffuse des matins pluvieux. Un regard empathique sur les bouleversements de la Chine moderne et sur la destruction de son patrimoine.

Le plus décalé:

The Royal Tenenbaums de Wes Anderson. Une comédie loufoque et brillante, mettant en scène des personnages tous plus forts les uns que les autres.

Le plus cauchemardesque:

Inland Empire de David Lynch. Un délire de plus de trois heures, qui fait passer Mulholland Drive pour de la peinture à numéros.

Le plus décapant:

Bad Santa de Terry Zwigoff. Billy Bob Thornton en père Noël ivrogne et mal rasé envoie paître les enfants avant de voler le coffre-fort du centre commercial qui l\'emploie, en compagnie de son complice, un nain déguisé en elfe.

La plus belle fable:

Atanarjuat de Zacharias Kunuk. Une légende mystérieuse venue du Nord. Un premier film absolument maîtrisé.

Le secret le mieux gardé:

Celui des personnages incarnés par Bill Murray et Scarlett Johansson dans Lost in Translation de Sofia Coppola. Un vieil acteur fatigué dans un hôtel de Tokyo. Une jeune Américaine qui s'ennuie en attendant son mari. Des acteurs subtils, une caméra aimante, une tension érotique, et ce mystère qui persiste.

La plus séduisante chronique familiale:

Yi Yi: A One and A Two d'Edward Yang. L'histoire tortueuse d'une famille au bord de l'éclatement: un homme retrouve son ex-maîtresse, sa femme fait une dépression, sa fille vit son éveil sexuel et son fils fait le pitre à l'école.

La meilleure musique (ex aequo):

Half Nelson de Ryan Fleck. Touchant et drôle, nerveux et réaliste, porté par une superbe bande sonore de Broken Social Scene.

Broken Flowers de Jim Jarmusch, une tragicomédie sympathique, bercée par le jazz hypnotique de l'Éthiopien Mulatu Astatqé.

Le plus bouleversant:

Elephant de Gus Van Sant. D'une réalité que l'on a peine à croire tellement elle est nourrie d'une violence sourde.

Le plus audacieux:

Dogville de Lars Von Trier. Un magistral exercice de style brechtien sur les grandeurs et misères de l'Amérique.

Le plus «pinot noir»:

Sideways d'Alexander Payne. Une comédie sans prétention, toute en nuances, à la fois drôle et pathétique, ravissante de subtilité et de finesse.

Le plus sensuel:

Lust, Caution d'Ang Lee. Un élégant thriller politique, sur fond d'occupation japonaise de la Chine pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui évoque le potentiel dangereux du rapport sexuel.

Le road-movie le plus captivant:

Eurêka de Shinji Aoyama. Un road-movie monochrome, atypique, inspiré d'un fait divers authentique, racontant avec force métaphores l'histoire d'un chauffeur d'autobus, rescapé d'un massacre, qui retrouve les deux seuls autres survivants avant de partir à la découverte du Japon.

Le plus bronzé (ex aequo):

Ray Winstone dans Sexy Beast de Jonathan Glazer; Paul Ahmarani (en surdose de bêtacarotène) dans La moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau.

La scène la plus intolérable (ex aequo):

Isabelle Huppert s'automutilant dans La pianiste de Michael Haneke; le viol de Monica Bellucci dans Irréversible de Gaspar Noé; Charlotte Gainsbourg «bûchant» Willem Dafoe dans Antichrist de Lars Von Trier.

Le plus beau prof:

Le prof vieille école d'Être et avoir de Nicolas Philibert.

Les rires les plus gras:

Knocked Up de Judd Apatow. L'humour régressif dans sa plus grande efficacité.

Le plus délirant:

The Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry. J'aimerais être dans la tête du scénariste Charlie Kaufman. Le plus silencieux:

I Don't Want To Sleep Alone de Tsai Ming-liang. Un opus ascétique pratiquement sans dialogues sur le sort des immigrants, autour d'un triangle amoureux. L'épais brouillard de smog de Kuala Lumpur sert de toile de fond apocalyptique à cette oeuvre singulière, où les corps assoiffés en disent davantage que les mots.

Le coup de foudre au premier film (ex aequo):

Amores Perros d'Alejandro Gonzalez Inarritu et Tout est parfait d'Yves-Christian Fournier.

Le prix John Travolta du plus beau retour:

Mickey Rourke dans The Wrestler. Une grande performance d'acteur, par un grand acteur presque oublié, dans un petit bijou de film grandement sous-estimé.

Le meilleur d'Almodovar:

Parle avec elle. Volver. Parle avec elle, plus j'y pense...

La réplique la plus comique:

«Consuelo, why don't you smile more?» de l'enfant gâté de Storytelling (de Todd Solondz) à sa nounou surmenée.

Le «tassé à la dernière minute de mon palmarès 2009»:

Two Lovers, de James Gray.

Le plus cru:

Intimacy de Patrice Chéreau. Un film introspectif, d'une exigeante, difficile et très belle réalité. Sur l'amour et le sexe. Le sexe comme un instinct, comme une drogue.

Le plus stambouliote (ex aequo):

De l'autre côté, de Fatih Akin. Parfaitement dosé, d'une grande subtilité.

Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan. Un film noir sur le désespoir, l'humiliation et le mensonge.

Le plus humain:

L'enfant, des frères Dardenne. Un jeune délinquant vend son bébé à des escrocs qui tiennent une «agence d'adoption» clandestine. Une tranche de cinéma-vérité bouleversante d'humanité.

Le plus réaliste:

United 93 de Paul Greengrass. Les attentats du 11 septembre 2001 comme si on y était. Une oeuvre au parti pris minimaliste, d'une grande efficacité. Une tranche d'histoire sans excès patriotiques, racontée en «temps réel» du point de vue des victimes et des agresseurs.

Le plus mature:

Away From Her de Sarah Polley. Un premier film, d'une étonnante acuité et d'un réalisme déconcertant, sur la vie d'un vieux couple accablé par la maladie d'Alzheimer, réalisé par une cinéaste de seulement 28 ans.

Le plus halluciné:

I'm Not There de Todd Haynes. Un film métaphorique et élégiaque, éclaté et cubiste, très librement inspiré de la vie de Bob Dylan.

Pour joindre notre chroniqueur: mcassivi@lapresse.ca