C’est la meilleure que j’ai entendue cette semaine. Et j’en ai entendu des bonnes. Réagissant au débat suscité par une pétition de quelque 80 cinéastes et artisans qui s’inquiètent des préoccupations commerciales du nouveau président de la SODEC, François Macerola, le président du conseil d’administration de Téléfilm Canada, Michel Roy, en a rajouté une couche jeudi.

Il a non seulement défendu le système aberrant des enveloppes à la performance, qui récompense le succès au box-office plutôt que les qualités artistiques d’un film, mais il en a aussi profité pour s’approprier une partie du succès de Polytechnique... une œuvre que Téléfilm Canada a refusé de financer deux fois plutôt qu’une.

«C’est grâce à ce système, notamment, que Téléfilm a investi plus de 3,1 millions de dollars dans Polytechnique, soit 45,29% du budget total du film pour sa production. Sans cette contribution, il y a à douter que l’excellent et touchant film de Denis Villeneuve aurait vu le jour», a écrit M. Roy dans une lettre envoyée aux médias.

Ce n’était pas une farce. Un producteur, encouragé à produire un film commercial intéressant le plus grand nombre de spectateurs, avec à la clé une enveloppe à la performance, pige dans cette enveloppe pour financer un projet qui a été REFUSÉ par Téléfilm Canada, trop frileux devant la controverse, et c’est Téléfilm qui en prend le crédit? C’est ce qu’on appelle une logique tordue.

«L’objectif premier d’un film, peu importe son auteur, est de rejoindre son auditoire », écrit aussi Michel Roy, comme s’il s’agissait d’une évidence. Et si l’objectif était plutôt de faire un bon film?

Démonstration par l’absurde

Coup de fil jeudi après-midi d’un cinéaste choqué par ma chronique de samedi dernier, où j’anticipais la jalousie et l’envie de cinéastes à l’annonce de la sélection officielle au Festival de Cannes du deuxième film de Xavier Dolan, Les amours imaginaires. «J’ai tué ma mère est le pire film que j’ai vu de ma vie. C’est une merde.

Cannes choisit vraiment n’importe quoi. Pourquoi il n’y a que les pairs de Xavier Dolan qui osent le dire?» m’a-t-il demandé, sur le ton agressif du reproche, en élaborant une théorie du complot médiatique et en insistant sur le fait qu’il n’était ni jaloux ni envieux, seulement en colère. Je lui concède la colère. Au terme de cette discussion enflammée d’une demi-heure, d’une ironie sans pareille, je n’ai pas eu le réflexe de lui conseiller de se regarder dans le miroir. J’aurais peut-être dû.

100 ans, 10 000 films

C’est l’histoire d’un commis d’épicerie d’Austin, au Texas, qui a une passion et du temps à perdre. Il a décidé de dresser la liste des 10 000 meilleurs films du XXe siècle. Brad Bourland, 58 ans, qui vit avec sa sœur, travaille à temps perdu à cette liste inédite depuis 10 ans. Il a répertorié jusqu’à présent 9133 titres. Les critères de sélection de ce rat de cinémathèque? Ceux des autres (historiens du cinéma, critiques, cinéastes et grand public) davantage que les siens. «Je suis très tolérant du point de vue des autres», déclarait-il la semaine dernière au New York Times. La liste de Brad Bourland (disponible à themovielistonline.com) fait une place de choix au cinéma populaire et exclut complètement le cinéma dans des langues autres que l’anglais. Sans surprise (les choix sont plutôt conventionnels), on retrouve des titres comme Casablanca, Citizen Kane et The Godfather aux premières positions. Au 4877e rang ? Love and Human Remains de Denys Arcand.

L’été, c’est fait pour jouer 

C’est vrai que les films d’été ne sont plus ce qu’ils étaient, comme le souligne avec raison l’ami Lussier dans son dossier du jour. L’époque est à l’étalement des titres internationaux et à la répartition des richesses. L’été était autrefois un désert pour la cinéphilie.

Ce n’est plus le cas. Les blockbusters américains n’occupent plus tous les écrans et c’est tant mieux. Alors quel film annoncé au cours des prochains mois excite le plus ce scribe cinéphile? El secreto de sus ojos (Dans ses yeux), Oscar du meilleur film en langue étrangère? Tssss. Toy Story 3. Un block-buster américain. En 3-D. Avec des jouets animés. Trop hâte de renouer avec Woody, Buzz, M. Patate et les autres. Il n’y a que mon fils de 6 ans qui est aussi excité que moi.