Pas besoin d'un fauteuil vibrant surdimensionné, d'une paire de lunettes 3D ou d'un son polyphonique machin truc THX pour apprécier un bon film au cinéma. Très souvent, un scénario bien construit, des acteurs inspirés et une trame sonore craquante, ça suffit amplement. Voir Little Miss Sunshine, Juno ou 500 Days of Summer.

Pas besoin non plus d'effets spéciaux intergalactiques ou de bonshommes bleus en hologramme pour divertir. Pourtant, depuis quelques années, le septième art américain se gadgétise, s'infantilise et nous bombarde de films creux adaptés de jeux vidéo (Resident Evil, Lara Croft), de bandes dessinées (Superman, Hulk) ou de navets taillés pour se métamorphoser en manèges de parc d'attractions (bonjour La Momie).

Bien sûr, la vaste majorité de ces superproductions visent des jeunes de 13 ans un peu blasés qui carburent au bling bling et au bang bang. Et quand Hollywood ne s'adresse pas aux ados, il cible encore plus près du berceau avec des trucs d'animation comme Toy Story 3 (très bien ficelé, quand même, mais pas idéal pour une première sortie galante).

La grande question, c'est de savoir: pourquoi y a-t-il si peu d'oeuvres qui sollicitent l'intelligence et la sensibilité d'un cinéphile ayant l'âge légal de s'acheter une caisse de Molson Dry au Couche-Tard?

Selon le Los Angeles Times, beaucoup de grands studios hollywoodiens ont, au fil des ans, sabordé leurs divisions spécialisées dans les films pour un auditoire de 30 ans et plus, préférant la rentabilité de leurs secteurs ciblant les «fans boys» de 14 ans dopés à l'adrénaline, ceux qui adorent The A-Team ou la série des The Fast and the Furious.

Les conglomérats du divertissement ne perdent peut-être pas d'argent avec les Duplicity, Sideways, Michael Clayton ou Burn After Reading, mais en engrangent 10 fois plus avec Mall Cop ou National Treasure. C'est désolant, mais Hollywood répond aux sirènes du fric.

Heureusement qu'il existe des rayons de soleil comme The Kids Are All Right (Une famille unique, en version française) de Lisa Cholodenko, qui sort en salle vendredi. Un film intime, touchant, émouvant et dépourvu d'artifices. Bref, un divertissement intelligent pour adultes (sans les XXX, bien sûr).

Deux actrices en route vers les Oscars, Annette Bening et Julianne Moore, y jouent un couple de lesbiennes cool, Nic et Jules, élevant paisiblement leurs deux ados Joni et Laser. Des ados intelligents, allumés et charmants, soit dit en passant. Rien à voir avec les clichés habituels sur la jeunesse éteinte et amorphe, genre.

Cette famille quasi parfaite du sud de la Californie, qui doit faire ses courses chez Whole Foods en Prius, frôle l'éclatement quand Joni (excellente Mia Wasikowska, la Alice de Tim Burton) contacte le donneur de sperme utilisé par ses mères pour la concevoir elle et son frère. Ce père (interprété par Mark Ruffalo), un restaurateur un peu bohème qui cultive des légumes bio, bouleverse leur dynamique, c'est le moins que l'on puisse dire.

Avec beaucoup de finesse et de tendresse, la réalisatrice Lisa Cholodenko nous transporte au coeur de ce clan non traditionnel qui vit des bouleversements et des épreuves comme n'importe quelle famille dite traditionnelle. Très joli film en nuances. Et vous y verrez une Annette Bening au naturel, sans Botox, une chose de plus en plus rare à Hollywood.

Autre produit pour adultes: Piché: entre ciel et terre de Sylvain Archambault. O.K., je l'avoue, je me suis pointé au cinéma du Quartier latin à - triple - reculons, m'attendant à un film gnangnan sur notre héros québécois de l'aviation. Dans la salle autour de moi, que des têtes grises qui commentaient très fort tout ce qui défilait à l'écran. Mettons que le décollage s'amorçait mal.

Oui, il y a des longueurs dans ce long métrage (coupez quelques séances de thérapie, seigneur!) et des embrouilles dans le scénario, mais le résultat s'avère très convaincant. La reconstitution de l'atterrissage du vol 236 d'Air Transat aux Açores vous glacera le sang. Mettons que j'aurais pris plus de séquences tendues à bord de cet appareil en panne de moteur et moins de plans où Robert Piché picole lentement, mais sûrement.

Également sur la liste des films d'adultes à voir: Winter's Bone, Les amours imaginaires et Inception, qui s'annonce comme la révélation de l'été. À l'affiche vendredi. On a hâte.